Un important marasme économique pèse sur l’Arabie saoudite en raison de la baisse de ses revenus étrangers, de la pandémie de coronavirus et de la perte des revenus liés au pèlerinage.
Le pétrole constitue 77 % de ce que l’Arabie saoudite exporte. La propagation de coronavirus et la guerre pétrolière entre Riyad et Moscou ont fait chuter les cours de brut et les ont même ramenés, à une certaine période de temps, à moins de 20 dollars. La baisse du revenu en devise de Riyad ferait tourner au fiasco l’ambitieux programme « Vision 2030 » du prince héritier Mohammed ben Salmane.
En plus, les difficiles conditions économiques que vit l’Arabie saoudite ont poussé Riyad à entreprendre des mesures d’austérité afin de son compenser son déficit budgétaire, alimenté en grande partie par la guerre contre le Yémen qui a considérablement augmenté les dépenses militaires des Saoudiens.
Cela dit, la classe moyenne et la couche démunie en Arabie saoudite souffrent d’une pression accrue.
Beaucoup croient qu’aucune révolution ni révolte ne pourrait naître en Arabie saoudite en raison du système traditionnel et du discours wahhabite qui la domine largement, mais il ne faut pourtant pas négliger les facteurs, tels que les réseaux sociaux, qui sont en mesure de faire changer le point de vue des Saoudiens en leur fournissant des actualités non censurées.
En effet, il existe des facteurs qui rendent plus plausible la naissance d’une révolte contre le régime saoudien.
Primo, le nombre d’utilisateurs de réseaux sociaux est en rapide croissance, ce qui contribue largement à la prise de conscience de citoyens saoudiens.
Secundo, le peuple saoudien n’aime pas cet esprit d’aventurisme de Mohammed ben Salmane qui a considérablement privé l’Arabie saoudite de sa puissance douce.
Tertio, les tentatives des autorités saoudiennes destinées à normaliser les relations entre Riyad et Tel-Aviv, par exemple le déplacement des journalistes israéliens en Arabie saoudite et vice versa, mettent en colère les citoyens saoudiens qui voient en le soutien de Riyad au Deal du siècle, une certaine trahison à la Palestine.
Quarto, pour compenser son déficit budgétaire, Riyad a été obligé de tripler les impôts et augmenter le prix à la pompe, ce qui a rendu très mécontentes la classe moyenne et la couche démunie de la société et renforce la possibilité d’une révolte contre le régime en place.
Quinto, Mohammed ben Salmane a ordonné l’arrestation d’un grand nombre de princes qui ne partageaient pas ses opinions. Il a également interdit des milliers de princes et leurs membres de famille de se déplacer pour la seule raison qu’il craint qu’ils ne rejoignent les rangs des protestataires à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur du pays. La vague d’arrestations au sein de la famille saoudienne a causé un certain fossé entre les importantes tribus du pays.
La possibilité du déclenchement d’une révolte en Arabie saoudite ne signifie pas qu’une telle révolte aura lieu dans un proche avenir, mais il est important à signaler que les citoyens saoudiens ont déjà survécu l’époque où ils optaient pour une soumission absolue en échange de bénéficier des facilités de bien-être. Autrement dit, les citoyens saoudiens se sentent humiliés sur le plan national puisque les politiques de Mohammed ben Salmane ont affaibli la position de leur pays sur l’échiquier mondial.