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AIEA: le doigt sur la gâchette, Paris est prêt à tirer sur ses liens avec l'Iran

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. (Archives)

Ni la crise liée à la Covid-19 ni la fermeture des usines Renault ni encore cet antisystème qui s'étend à travers la France et qui risque de pousser le président à annoncer des élections anticipées ne semble avoir changé la nature suiviste de la Macronie en France: Cette semaine, alors que l'AIEA vient de trahir son esprit en fondant son dernier rapport sur des pièces inventées par le Mossad, allant jusqu'à accuser l'Iran d'avoir fermé à l’inspection onusienne deux de ses sites nucléaires, Paris menace Téhéran. Dans un communiqué signé Quai d'Orsay, la France, de plus en plus affaiblie en termes de prise de décision souveraine, dit "travailler avec ses partenaires européens" pour "faire pression sur l’Iran" au sein de l’AIEA pour "l’accès des inspecteurs aux sites nucléaires" précités.  Mais le communiqué ne précise pas comment. Paris a-t-il inventé des moyens de pression qui aillent plus loin que les sanctions US?

« L’Iran, comme tout État auquel l’AIEA envoie une demande d’accès, doit répondre sans délai et sans condition, pour permettre aux inspecteurs de l’AIEA d’établir l’absence de matières et d’activités nucléaires non déclarées sur son territoire », juge bon de rappeler la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès Von der Mühll, qui oublie un peu trop rapidement que les noms de ces deux sites en question ne sont pas sortis d'un quelconque rapport de l'Agence, mais uniquement des "divagations nocturnes" d'un PM israélien aux abois (Netanyahu) dont le pays est dépositaire de bombe atomique, et non signataire du TNP et non-membre de l'AIEA, et de surcroît pourfendeur de l'ONU et de la France, à l'occasion, dès que ses intérêts le dictent! 

Mais au royaume du président Macron, les intérêts nationaux français n’importent pas ou si peu. C'est sans doute pour ce même motif que plus loin Mme la porte-parole ne craint pas le ridicule et va jusqu'à affirmer que « cela (la soumission de l'Iran aux exigences d'Israël et pas de l'AIEA) est essentiel pour préserver l’autorité de l’AIEA et la solidité de son régime de vérification ». Bref la France menace, encore une fois, et pour les beaux yeux de l'axe US/Israël, l'Iran d'un retour des sanctions onusiennes, réduisant encore un peu plus les chances d'un retour ô combien salutaire de l'industrie française sur le marché iranien et elle le fait presque au même moment où sa coalition maritime anti Iran se fait encore parler d'elle.

Cette semaine, le Parlement danois a officialisé la présidence du Danemark au sein de "Agénor", ce machin-chose que Paris a activé en mars 2020 et à laquelle elle a donné le nom d'une coalition chargée de sécuriser le golfe Persique et le détroit d'Hormuz. La ministre française des Armées a tôt fait de réagir à l'annonce danoise avec cette phrase : "les coopérations européennes se poursuivront dans le détroit d'Hormuz" en s’abstenant toutefois d'ajouter "contre l'Iran". Mais, que cela soit dit ou pas, l'Iran ne peut y voir autre chose que du bellicisme pur et dur. 

Au Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) la France et ses deux paires européens Allemagne et Grande-Bretagne, ont proposé un avant texte qui devra déboucher sur l'alignement total de Paris sur la "guerre stérile" que mènent les USA depuis 2018 contre Téhéran, guerre qui ressemble de plus en plus à du ramage dans le vide. La France a-t-elle intérêt à y contribuer? 

C'est un texte 'décevante et absolument contre-productive' pour la suite du dialogue sur le programme nucléaire iranien, a mis en garde l'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA, Kazem Gharib-Abadi, en affirmant que l'Iran, en cas de son adoption, "n'aurait d'autres choix que de prendre des mesures appropriées dont les conséquences seraient supportées par les auteurs de telles approches à caractère politique et destructeur".

Car tout compte fait, l'Iran n'est pas apte à ouvrir les portes de ses installations à la demande de n'importe quelle entité ou partie, aussi "sacrée" qu'elle soit aux yeux de Paris et de ses alliés en Europe : « Nous avons pris en compte certaines des demandes d’accès de l’Agence qui avaient des fondements juridiques et nous avons toujours insisté sur le fait que toute demande d’accès ou d’information de l’AIEA ayant des fondements juridiques serait prise en compte par nous, sinon, nous refuserons l’accès aux inspecteurs ».

En d'autres termes, l'Iran rejette tout chantage, fidèle qu'il est à ses principes souverainistes. Que Paris ne veuille en tenir compte, s'obstinant à aller d'une escalade à l'autre, et ce, dans le strict sens des intérêts d'Israël, c'est son problème. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV