Le mercredi 10 juin, l’AP a fait publier quatre images satellitaires qu’elle a affirmé appartenir à une réplique d’un navire US de classe Nimitz que l’Iran a jeté à l’eau au port de Bandar Abbas pour des exercices navals d’envergure à venir. La quasi-totalité des médias dominants a renvoyé cette démarche qui n’est toujours pas confirmée de sources iraniennes, à celle entreprise en 2015 par le CGRI, où ce dernier a réussi à détruire une réplique similaire lors des exercices baptisés « Grand Prophète 9 ».
Fin mai, l’Iran a mis très clairement au défi les États-Unis en envoyant ses cinq pétroliers livrer de l’essence au Venezuela contre de l’or, sans que l’US Navy ou plus précisément sa Ve flotte chargée de protéger les intérêts US aux Caraïbes osent réagir. Ceci étant le risque de confrontation ne cesse de s’intensifier, l’Iran ayant très clairement annoncé qu’il referait le coup non seulement aux Caraïbes, mais partout à travers le monde. Washington, impuissant, continue à allonger sa liste de ses sanctions contre le transit maritime commercial de l’Iran. Quelque 120 pétroliers iraniens y figurent depuis quelques.
Mais le clash, ce n’est peut-être pas à une réplique de l’USS Nimitz qu’il convient de s’intéresser. Mais à une toute nouvelle innovation de la marine du CGRI qui serait en cas de clash servir largement la cause d’une large riposte navale asymétrique basée sur le concept de « simultanéité ».
Il y a peur l’Iran a livré quelques 112 vedettes rapides à son corps armé et parmi elles, certains étaient des catamarans. Les vedettes rapides étant l’élément le plus caractéristique de la puissance navale iranienne dans le golfe Persique et le détroit d’Hormuz, ils constituent de loin le plus grand défi opérationnel et tactique pour les forces adverses. La vedette rapide iranienne de type catamaran possède deux coques et se classe donc dans la catégorie des bateaux multicoques dont l’intérêt est d’aller plus vite grâce à des coques plus fines qui vont diminuer la résistance de l’eau, d’augmenter la stabilité, ou d’augmenter la surface du pont. Il y a là trois particularités fort intéressantes pour une marine asymétrique qui veut prendre d’assaut un navire de guerre géant : rapidité, stabilité, charge militaire.
En outre ce type de vedettes rapide est conçu pour naviguer dans les eaux peu profondes, et tout près des côtes. Pour une US Navy qui s’est adonnés ces derniers temps en compagnie de ses alliés du golfe Persique à des exercices de débarquement lesquels exercices viseraient certaines îles territoriales iraniennes, ce serait une fort mauvaise nouvelle que d’avoir à faire face à des dizaines voire centaines de catamarans armés de missiles et naviguant dans des eaux d’une profondeurs peu importante et tout près de la bande peut-être environ deux mètres ou moins.
Cette nouvelle capacité maritime permet aux unités navales du CGRI de se déplacer à grande vitesse dans des zones très proches de la côte et de tirer de presque dans n’importe quelle direction. Et dire que les forces navales du CGRI ont dévoilé en février 2019 un nouveau catamaran capable de tirer des missiles de croisière antinavires ! Ce prototype, équipé de deux moteurs de 1 300 chevaux, a une vitesse de pointe de 83 kilomètres par heure. Le CGRI avait aussi dévoilé un navire de type catamaran capable de transporter un hélicoptère en septembre 2016.
Le tout dernier catamaran rapide iranien est équipé de missiles de croisière antinavires de série Zafar, un missile de croisière à courte portée antinavire, fabriqué de A à Z par l’industrie de défense iranienne. C’est un furtif qui une fois tiré, réduit son altitude afin de se cacher des radars de l’ennemi. C’est l’une des caractéristiques importantes du missile Zafar qui lui permet de toucher sa cible avec une grande précision. Le missile de croisière Zafar présente une surface équivalente radar (SER) faible, ce qui est une qualité essentielle pour un aéronef militaire qui lui permettra d’échapper à un radar adverse.
Mais les catamarans iraniens sont aussi armés de Nasr, autre missile de croisière antinavire, à courte portée 35 kilomètres et guidé par les radars. Le missile de croisière Nasr est guidé par les radars et il peut être tiré depuis des rampes de lancement côtières et des bateaux lance-missile. Il existe également un autre type du missile Nasr qui peut être tiré depuis les hélicoptères Mil Mi-17 et les avions de combat Phantom.
Mercredi 10 juin, Kenneth F. McKenzie, chef du commandement central américain, a déclaré que la politique, dite “pression maximale”, visant l’Iran, n’avait pas de volet militaire. Le général McKenzie a prétendu que l’armée américaine ne cherchait qu’à “créer une dissuasion” vis-à-vis de l’Iran. Et pourtant, cette très longue liste des sanctions qui vise la vente du pétrole et d’autres produits dérivés aux pays avec qui l’Iran commerce pourrait à tout moment donner lieu à des clashs militaires. Imaginons que l’Iran envoie à nouveau ses pétroliers au Venezuela, ce qui est plus que probable, ou qu’il multiplie le nombre de ses cargaisons à destination de la Syrie. La “pression maximale” déboucherait tôt ou tard sur ce volet militaire que le général McKenzie, pour avoir vécu la frappe au missile balistique iranienne du 8 février contre Aïn al-Asad, tend à mésestimer. Le jour J, de gros navires US qui ont pour la plupart quitté le golfe Persique pour l’océan pacifique, auraient de grosses difficultés à faire face à ce qui paraît selon The National Interest, une stratégie militaire de combat iranienne de mieux en mieux appréciée à travers le monde, à savoir des attaques “simultanées” combinant des tirs de missiles de croisière, de missiles balistiques antinavires à l’assaut des vedettes rapides kamikazes, équipées de missiles, de drones armés, mais aussi et surtout des sous-marins kamikazes.