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Méga-ratage US : comment la pression maximale pousse Riyad à la réconciliation

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président américain Donald Trump (G) et le roi d’Arabie saoudite, Salmane ben Abdel Aziz. (Photo d’archives)

« Les partenaires arabes des États-Unis ne peuvent plus maintenir le cap avec la politique dite de “pression maximale” de Washington vis-à-vis de l’Iran », indique l’Institut américain du Moyen-Orient.

Dans un article publié le 18 mai, l’Institut américain du Moyen-Orient (Middle Est Institute) est catégorique :  « Les partenaires arabes des États-Unis ne peuvent plus maintenir le cap avec la politique de Washington vis-à-vis de l’Iran. Pour prévenir une guerre entre l’Iran et les États-Unis dans leur région, les pays du Conseil de coopération du golfe [Persique, NDLR] appellent à la diplomatie. Ils ont donc tendu la main aux responsables iraniens, souhaitant apaiser les tensions, et ils en ont été même jusqu’à fournir à Téhéran de l’aide pour faire face à la pandémie de coronavirus. C’est paradoxale - et en quelque sorte ironique, étant donné que jusqu’à récemment, les monarchies arabes du golfe [Persique, NDLR] poussaient Washington à adopter une position plus dure contre leur principal adversaire ».

Mais sont-ils capables de faire plus pour réduire les chances d’une confrontation militaire entre les États-Unis et l’Iran dans la région sans lâcher Washington ? Ce ne sera pas facile pour les États du Conseil de coopération du golfe [Persique, NDLR]. En effet, ils ne peuvent pas se permettre de contester tout le temps l’administration américaine sur l’Iran, car celle-ci pourrait devenir plus déterminée à retirer d’Arabie saoudite des batteries de défense antimissile Patriot, toutes les troupes et tous les équipements militaires américains. Washington vient d’en faire autant en Allemagne. Il pourrait le faire en Arabie. Les États-Unis ont déjà menacé de le faire si l’Arabie saoudite n’avait pas mis fin à sa récente guerre des prix du pétrole avec la Russie », indique l’article.

Et de continuer : « Les partenaires arabes du golfe [Persique, NDLR] ne peuvent pas survivre, car les États-Unis restent leur protecteur ultime malgré leurs récentes inquiétudes à ce propos. Ces préoccupations se sont probablement intensifiées suite à l’adoption récente d’une résolution sur les pouvoirs de guerre face à l’Iran. La résolution a spécifiquement appelé à l’interdiction du recours à la force contre l’Iran sans le feu vert du Congrès. Bien que Donald Trump y ait opposé son veto, la résolution a été adoptée sur une base bipartite, ce que les partenaires arabes des États-Unis auront probablement remarqué ».

Selon les auteurs de l’article, « Si un conflit militaire éclate, les États-Unis peuvent défendre leur propre personnel et leurs actifs dans la région, mais les États arabes du golfe [Persique, NDLR] sont moins en mesure de le faire. Et cela malgré leurs capacités militaires croissantes. Une attaque conventionnelle majeure, menée l’automne dernier contre l’infrastructure pétrolière de l’Arabie saoudite et soupçonnée d’avoir été orchestrée par l’Iran, montre clairement les vulnérabilités des partenaires arabes des États-Unis dans la région ».

L’institut américain continue : « les États du Conseil de coopération du golfe [Persique, NDLR] manquent de profondeur stratégique et d’une défense intégrée, ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas repousser d’importantes frappes au missile des Iraniens. S’ils sont attaqués, leurs économies, qui dépendent des exportations de pétrole, seraient fortement endommagées. Ils doivent également se préparer à un éventuel changement dans l’administration américaine surtout au regard des événements en cours aux États-Unis. Plus ils participeront à la campagne actuelle de “pression maximale” contre l’Iran, plus la route sera difficile pour eux si les démocrates l’emportent en novembre.

Ce processus de réconciliation sera difficile avec une nouvelle administration, car le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a déjà nui au partenariat entre les États-Unis et le Golfe [Persique, NDLR] en déclenchant une guerre controversée au Yémen ainsi que par le dossier du meurtre du chroniqueur du Washington Post, le Saoudien Jamal Khashoggi ».

« Les États arabes du golfe [Persique, NDLR] doivent donc trouver un équilibre entre survivre à l’administration actuelle, jeter des ponts avec une possible nouvelle administration et éviter la guerre. En fin de compte, le pari le plus sage des monarchies arabes est de persuader Washington, peu importe qui est au bureau ovale en janvier, de poursuivre une initiative diplomatique collective avec l’Iran [...] l’Iran le sait et il en tire un maximum de profit. Comment ? ».

« Les Iraniens, tout comme les États arabes du golfe [Persique, NDLR], préfèrent empêcher le déclenchement d’une guerre, plus que toute autre chose, étant donné leur situation économique actuelle, aggravée par la crise de coronavirus. Si tel est le cas, alors la vulnérabilité mutuelle, en partie causée par la campagne de pression maximale de Washington, est ce qui amènera les Iraniens et les États arabes du golfe [Persique, NDLR] à enfin s’asseoir à la table du dialogue et à coopérer », conclut l’article.  

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SOURCE: FRENCH PRESS TV