Le secrétaire d’État américain a refusé de s’entretenir avec le bureau de l’inspecteur général du département d’État dans le cadre de l’enquête que mène ce dernier sur la décision de l’administration de contourner le Congrès et d’accélérer la vente d’armes en 2019 de 8 milliards de dollars à l’Arabie saoudite. La raison ?
Il aurait poussé les responsables du département d’État à trouver un moyen de justifier l’état d’urgence qu’il avait décidé de faire adopter contre l’Iran afin d’accélérer la vente d’armes de 8 milliards de dollars à l’Arabie saoudite l’année dernière.
En mai, Pompeo a annoncé que l’administration considérait que la vente d’armes à l’Arabie saoudite et à ses alliés constituait une urgence de sécurité nationale en raison de la prétendue « agression iranienne ».
« Ils semblaient avoir un plan de match et cela devait être justifié », a déclaré un responsable du département d’État tout en confiant à CNN qu’ils avaient communiqué ce qui était arrivé au bureau de l’inspecteur général du département d’État lors d’un entretien tenu fin 2019 dans le cadre d’une enquête sur la décision de Pompeo d’accélérer la vente. « Cette décision était très Trumpian », a ajouté le responsable.
Après le retrait annoncé des Patriot d’Arabie saoudite, c’est de loin le dernier coup US contre l’Arabie des Salmane. Selon des sources bien informées, les « actes de traîtrise US contre Riyad se multiplient, mais ce qui fait surtout peur aux Saoudiens c’est la perspective d’une guerre US/Iran qui pourrait s’avérer dévastateur pour le royaume.
Bilal Saeb, ancien haut conseiller au département américain de la
Défense pour la coopération sécuritaire au Moyen-Orient et ancien
secrétaire adjoint à la défense pour la politique au Moyen-Orient, a
fait publier une analyse sur le site Internet du NPI et y fait part de ces inquiétudes :
"S’il est vrai que les Saoudiens nourrissent une rivalité sans borne à l’égard de l’Iran, mais avec tout ce qui s’est passé au Yémen, ils essaient de réduire les tensions. Or la poursuite de ces efforts pourrait conduire à un défi entre eux et Washington. En effet, les pays membres du Conseil de coopération du golfe Persique appellent à la diplomatie en prévention d’une guerre entre l’Iran et les États-Unis et c’en est presque ridicule : jusqu’à récemment, c’étaient eux qui poussaient Washington à prendre une position plus décisive contre leur bête noire qu’est la RII.", a ajouté Bilal Saeb.
L’auteur évoque ensuite un récent contact téléphonique entre le prince héritier saoudien et le Premier ministre
irakien à qui Ben Salmane aurait demandé de jouer le rôle de médiateur entre Riyad et l’Iran : “‘La question qui se pose maintenant est de savoir si l’on peut essayer à nouveau de réduire le risque d’une confrontation militaire entre les États-Unis et l’Iran dans la région, sans perdre les faveurs de Washington qui
semble avoir adopté une approche punitive contre Riyad ? Ce ne sera
certainement pas facile pour les États membres du Conseil de
coopération. Une chose est certaine : après l’effondrement du prix du pétrole et la crise de coronavirus, Riyad ne saurait supporter le coût lourd des défis que
l’actuelle administration américaine tente de lui poser à travers une guerre contre l’Iran. Dans ce contexte un retrait des forces et des équipements américains d’Arabie ne serait peut-être pas une si mauvaise chose, car sans les bases américaines l’Iran n’aurait pas à frapper Riyad en cas de guerre contre les Américains’, a expliqué Saeb.
Saeb a évoqué l’attaque de l’an dernier contre les installations pétrolières
d’Aramco comme un signe de la vulnérabilité de ces pays. Il a comparé
le possible conflit militaire entre ces pays et l’Iran à la guerre Iran-Irak, mais l’Irak de Saddam avait une armée digne de ce nom que les ‘Golfiens’ n’ont pas : ‘Contrairement à l’Irak, ils n’ont pas de profondeur stratégique et
de système de défense cohérent, ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas faire
face aux missiles iraniens. S’ils sont attaqués, leur économie dépendante du pétrole est susceptible d’être durement touchée’, ajoute l’expert.
Mais il y a plus : ‘Trump a prouvé qu’il n’est pas un partenaire fiable. Les pays arabes riverains du golfe Persique sont également soucieux du
changement de l’administration américaine. Plus ils sont impliqués dans
cette campagne de pression maximale plus ils auront problèmes avec
l’élection d’un démocrate à la présidence US en novembre prochain. À Riyad, ce processus de réconciliation avec la prochaine administration est déjà difficile, compte tenue de tout le bilan du prince héritier
saoudien Mohamed Ben Salman qui a nui au partenariat des États-Unis avec les pays du golfe Persique, déclenché une guerre controversée
contre le Yémen et tué Jamal Khashoggi.’
‘En fin de compte, leur pari le plus sage est de persuader Washington,
Peu importe qui sera au Bureau ovale en janvier, de poursuivre un projet indique Saeb.