Cinq navires-citernes iraniens sont entrés dans les eaux de l'océan Atlantique et se dirigent droit vers le Venezuela. Ils ont pour mission de livrer à la République bolivarienne, cible de tentatives militaires US, de l'essence que l'Iran raffine, au grand mépris des restrictions US dans le plus grand complexe du raffinage du Moyen-Orient, Setareh-e Khalij-e Fars,(Étoile du golfe Persique) et qu'il a juré de faire écouler, non seulement parce que cela relève de son droit naturel mais aussi parce qu'il est temps de rendre caduque cette arme de destruction massive que l'Amérique s'est inventé et qui s'appelle "le régime de sanction" à l'aide de quoi il fait chanter le monde entier. Au demeurant, a formule "essence contre or" à laquelle se tiennent l'Iran et le Venezuela, pour ce méga troc à vocation anti-impérialiste , est de nature à sonner le glas du dollar.
Car imaginons qu'après l'Iran toutes les nations soumises à l'imiter, qu'adviendrait-il de ce géant au pied d'argile qu'est l'Amérique? Aussi les cow-boys au pouvoir à Washington ont expédié aux Caraïbes quartes navires de guerre, USS Detroit (LCS-7), USS Lassen (DDG-82), USS Preble (DDG-88) et USS Farragut (DDG-99) accompagnés d'un P-8 Poséidon, et disent attendre les tankers iraniens au tournant.
Dimanche, l'Iran a envoyé une lettre au secrétaire général de l'ONU où il affirme ne pas hésiter un seul instant à répondre militairement et sans préavis au moindre agissement anti-iranien en Atlantique. Dans la journée le même message a été notifié à l'ambassadeur suisse et protecteur des intérêts US en Iran à que le vice-ministre des Affaires étrangères Abbas Araqtchi a rappelé que "l’Iran et le Venezuela entretiennent des relations commerciales tout à fait légitimes et légales et que le recours des États-Unis à des mesures coercitives ou autres mesures d’intimidation relèverait de la piraterie et qu'il serait puni en fonction.
Pour une Amérique qui a déjà testé le sérieux de l'Iran à protéger ses intérêts suprêmes et ceux de ses alliés et qui en a amèrement goûté les impacts, que ce soit à Aïn al-Asad le 8 janvier dernier ou encore dans le golfe Persique le 17 avril quand 11 vedettes rapides iraniennes ont fait tourné au cauchemar l'exercice de l'USS Pulelr et sa flottille près des côtes iraniennes, le moment est fort délicat. Que se passera-t-il donc si l'un des quatre navires de guerre US attaquait les camions- citernes iraniens? Pour l'heure aucune source militaire iranienne n'a évoqué comment les pétroliers Fortune, Petuna, Forest, Faxon et Clavel qui appareillent sous pavillon iranien, comptent se protéger "militairement" contre toute éventuelle action militaire US. Mais vu la belle manifestation de force conjointe irano-vénézuélienne, illustrée par le méga fiasco du début mai de la première tentative d'invasion navale US contre les côtes vénézuéliennes, on parierait que l'US Navy passerait un très très mauvais quart d'heure si d'aventure il lui venait à l'esprit de "harceler" les navires-citernes iraniens et empêcher deux Etats souverains que sont l'Iran et le Venezuela d'exercer leur droit de commercer librement.
Mais ce "mauvais quart d'heure" risque surtout de ne pas se limiter aux Caraïbes ni à l'US Navy si les choses se mettaient à prendre une fâcheuse tournure : ce dimanche alors qu'un tanker de sa Majesté la reine Elizabeth II, Stolt Apal, traversait le plus tranquillement du monde le détroit stratégique de Bab el-Mandeb non loin du golfe d'Aden, deux vedettes rapides s'en sont approchées. La United Kingdom Maritime Trade Operation (UKMTO) jure ses grands dieux que les deux vedettes rapides n'avaient aucun rapport avec les "rebelles houthis" et qu'il s'agissait de "vulgaires pirates de mer", n'empêche que les deux bateaux sont partis du port yéménite de Moukala et que le Tanker britannique a eu à appeler au secours un "destroyer" opérant dans le coin pour se sauver des eaux ! L'UKMTO se réjouit que l'affaire a connu un "happy end" et en reste là en affirmant que Sctolt Apal n'a subi que des dégâts minimes. Quant aux observateurs avertis, ils voient surtout à travers cette version british des faits, "une crainte étouffée", celle d'une Grande-Bretagne qui s'est permise en 2019 de prendre en otage le pétrolier iranien Grace 1 avant que l'Iran ne lui rende la pareille quelques semaines plus tard en saisissant le pétrolier Steno Impero et que cette fois a la sagesse de vouloir éviter toute implication dans la guerre navale USA/Iran à venir.
Car cette guerre aura évidemment comme principal décor les eaux du golfe Persique, si les Etats-Unis osent franchir le pas et attaquent les tankers iraniens en Atlantique. Pas plus tard que le 17 mai, The National Interest conseillait aux stratèges du Pentagone d'être trop prudent avant d'entreprendre une quelconque démarche dans le sens d'une escalade avec l'Iran :
"L'Iran poursuit une doctrine militaire dissuasive fondée sur des capacités dont un vaste arsenal de missiles balistiques, une guerre navale asymétrique. L'instrument le plus brutal de la doctrine militaire iranienne est son large inventaire de missiles balistiques. Parmi ceux-ci, la famille Shahab de missiles balistiques, qui sont basés sur des conceptions nord-coréennes, sont les plus connues. Le Sejjil-1 (et son successeur, le Sejjil-2) devrait cependant être le plus redouté. Le Sejjil-1 est un missile balistique de surface à surface à moyenne portée à deux étages que l'Iran a testé pour la première fois en 2008. Contrairement aux missiles Shahab, le missile Sejjil-1 est à propulsion solide, réduisant considérablement son temps de lancement tout en améliorant sa mobilité....et il a une capacité de portée démontrée de 2 510 kilomètres avec sa conception de véhicule de rentrée d'ogives tri-coniques de 650 kilogrammes. Il peut également transporter une ogive de 1 000 kilogrammes sur 2 000 kilomètres. La plus grande avancée du Sejjil-2 réside dans la précision. »
Et ce n'est pas tout : il y a des sous-marins Ghadir. L'Iran possède un certain nombre de types de sous- marins différents, mais sa flotte croissante de sous-marins midget de classe Ghadir de 150 tonnes serait particulièrement meurtrière dans tout conflit. La petite taille et la signature acoustique de la classe Ghadir les rendent particulièrement difficiles à détecter et à suivre. Chaque sous-marin contient deux tubes de 533 mm pour tirer des torpilles, est capable de poser des mines et, selon les médias iraniens, pourrait être utilisé pour transporter et insérer des forces spéciales en territoire ennemi (...) De Ghadir, les experts disent : « Le sous-marin le plus silencieux du monde est celui qui repose sur un fond sablonneux. C'est ainsi que les Iraniens utiliseraient le Ghadir - sortez-le du port, coulez au fond du golfe Persique peu profond, reposez-vous sur le fond sablonneux et attendez qu'une cible y arrive. »