La perte de la région stratégique d'al-Jawf au nord du Yémen, région limitrophe du sud saoudien et surtout de la localité de " Quart vide" continue à alimenter la polémique en Arabie saoudite. Au moment où le ministre de la Défense, Ben Salmane continue à mener sa purge au sein de l'armée, certains milieux voient à travers cette défaite, l'émergence d'une " cinquième colonne pro-Ansarallah" au sein de l'armée saoudienne. Dans un rapport confidentiel dont une copie a fuité, l'état-major de la coalition étudie les raisons qui ont conduit à la "chute" d'al-Jawf et surtout à la victoire franche d'Ansarallah qui a réussi à se faire rallier les tribus et surtout à pousser les forces de la coalition, saoudiens et yéménites compris, à la reddition. Le rapport confidentiel énumère 30 raisons qui ont conduit à la défaite de Riyad et de ses alliés dans la province d'al-Jawf dont la position géostratégique donne à la Résistance yéménite une emprise quasi totale sur les trois régions stratégiques du sud saoudien à savoir Jizan, Assir et Najran.
Le site Web d'Al-Bawaba Al-Akhbariya Al-Yaniya, qui affirme avoir eu accès à ce rapport confidentiel, relève surtout comme première raison "le manque d'un vrai commandement unifié" au sein de la Sixième zone militaire littéralement atomisés par des divergences internes : " les forces saoudo-yéménites ne sont pas parvenus à adopter une stratégie unique, frappées qu'elles étaient par la fulgurance de l'offensive d'Ansarallah mais aussi par ses tactiques de guerre innovantes". Et le rapport d'ajouter :" Mais pire que ceci, a été la "collusion" du chef d'état-major régional avec Ansarallah dont les agents s'étaient bien infiltrés au sein de la coalition et avaient réussi à changer l'atmosphère en faveur du camp adverse."
Le rapport indique les "informateurs" qui auraient indiqué à Ansrallah les positions stratégiques, les coordonnées des forces armées allant jusqu'à leur transmettre les données concernant les vols des avions de la coalition dont un a d'ailleurs été abattu dans le ciel d'al-Jawf. « Il est vrai que même les officiers saoudiens ne sont pas contents du déroulement de la guerre. De nombreux mercenaires ont été éliminés ces derniers mois et n'ont pas été remplacés ce qui leur impose davantage d'efforts et de sacrifices auxquels ils ne sont pas prêts, dit le texte.
Plus loin, il y est question d'une tactique de guerre dite "domino" qu'Ansarallah aurait réussi à appliquer avec en toile de fond , la chute de la Septième zone militaire, laquelle chute a provoqué « l'effondrement de la ligne de défense des forces de la coalition saoudienne. En effet,les rangs de l'armée saoudienne et des forces supplétives sont infiltrés par des "collabos". Il en a été ainsi à al-Jawf où les forces de la brigade "Radd al-Hashimi et Al-Hajwi" ont refusé d'accomplir dûment leur missions assignées et ont abandonné les bases militaires l’une après l’autre. La fatigue des effectifs a achevé de faire de la longue bataille d'al-Jawf un fiasco total au bout de 43 jours de combats"
L'absence d'un commandement unifié et la progression de l'armée yéménite et des combattants d’Ansarallah en est une autre raison.
Le texte dénonce enfin la 127ème brigade qui s'être retirée de la ville d'al-Hazm (chef lieu d'al-Jawf), en totale collusion avec Ansarallah : " au bout de six ans de guerre, on est bien loin d'avoir su créer un commandement unifié digne de ce nom alors que dans le camp d'en face, les capacités militaires s'élargissent de jour en jour; la cohésion et la discipline de combat se renforcent et on se dote de munitions nouvelles; La défaite d'al-Jawf pourrait être reconduite puisque rien n'indique des changements d'habitude ou de méthode dans l'un ou l'autre camp". Le 27 février 2020, le général Yahya Saree, porte-parole des Forces armées yéménites, a annoncé la libération complète de la province d'al-Jawf dans une opération connue sous le nom de "Fa amken Menhom ", qui a été un succès majeure pour l'armée yéménite et les combattants d’Ansarallah au cours des cinq dernières années.