Comme l'a déclaré jeudi le roi saoudien Salman ben Abdulaziz dans un discours sur les dangers du coronavirus, l'Arabie saoudite n'est pas le seul pays en difficulté dans les jours à venir. Tous les États du golfe Persique ainsi que les autres pays arabes seront également confrontés à l'épidémie, car le virus peut être considéré comme une arme de destruction massive, a écrit l'analyste du monde arabe, Abdel Bari Atwan.
Le bref discours du roi saoudien qui a duré cinq minutes, n'avait rien d'attrayant si ce n'est s rhétorique pessimiste sur l'avenir. Il n'a pas évoqué la guerre du pétrole de Riyad contre la Russie, ni l'arrestation de 20 princes et surtout de ses frères cadets Ahmad Ben Abdulaziz et l’ancien prince héritier Mohammed Ben Nayef, ni le déficit budgétaire du royaume.
Dans la conjoncture actuelle, son discours revêt une importance cruciale de plusieurs points de vue: les conflits internes du royaume, son message au peuple saoudien, et son message aux pays du monde.
L'Arabie saoudite est confrontée à plusieurs crises qui ouvrent la voie à des rumeurs dont le conflit au sein de la famille des Saoud pour la prise du pouvoir, l'enchaînement des oppositions à la gouvernance de Ben Salman, la domination de ce dernier sur toutes les institutions gouvernementales et ses politiques téméraires.
Les dernières politiques incohérentes de MBS sont, selon des sources occidentales nombreuses: l’arrestation de ses rivaux, à savoir des princes et plus de 200 hommes d'affaires sous l’accusation de corruption et d’avoir déclenché une guerre des prix du pétrole entre l’Arabie saoudite et la Russie à un moment où la demande mondiale a diminué en raison de la propagation du coronavirus.
D'autre part, il faut rappeler que la guerre au Yémen touche à sa fin en faveur du mouvement Ansarallah et que le gouvernement démissionnaire que Riyad cherche à ramener au pouvoir depuis cinq ans, est en train de perdre sa légitimité. Cela pourrait ne jamais arriver, surtout après la chute de la province d'al-Jawf, frontalière avec l'Arabie saoudite.
Peut-être le but du discours du roi saoudien en ce moment est-il d'abord de rassurer les citoyens saoudiens de sa santé et de démentir les rumeurs qui insinuent qu’il démissionnera en faveur de son fils. Il a tenu à souligner qu'il continue d'être l'autorité légale du gouvernement saoudien, dans l'espoir d'atténuer les inquiétudes et les préoccupations économiques et politiques du pays concernant l'avenir de l'Arabie saoudite, en particulier après la publication de deux rapports sur une faillite saoudienne: le premier rapport du magazine spécialisé Oil Price prévoit que la faillite se produira dans trois ans. Dans un deuxième rapport, le FMI a averti avec plus de prudence que l'Arabie saoudite risquait de faire faillite en 2034 en raison d'une forte baisse de la demande de pétrole.
La véritable crise à laquelle sont confrontés tous les pays arabes sera celle de la période post-coronavirus. Personne ne peut prédire à quoi ressembleront la région et le monde.
La guerre des prix du pétrole affectera les pays riverains du golfe Persique et l'Égypte entera probablement dans une guerre en raison du barrage d'Al-Nahda qui sera achevé dans quelques mois. Il n’est pas exclu qu'un pays comme le Qatar soit soumis à des pressions financières et politiques généralisées à cause des sanctions. Il en va de même pour l'Expo World Economy Expo, qui doit se tenir à Dubaï en octobre mais pourrait être retardée, voire annulée.
L'OPEP a subi plus de 450 milliards de dollars de pertes en raison de la guerre des prix du pétrole que Ben Salman a déclenché et à laquelle l'Algérie, la Libye, le Koweït et les Émirats arabes unis se sont joints. Le Qatar s'en est retiré et le roi d'Oman a préféré tirer son épingle du jeu.
Les pays arabes sont les plus importantes victimes de la guerre des prix du pétrole, en particulier des pays comme l'Algérie, l'Oman et Bahreïn qui ne détient pas de fonds souverains et aussi la Libye dont une grande partie des réserves financières est pillée par des autorités corrompues.