Une frégate turque transportant de l’armement a été la cible d’une attaque ce mardi dans le port de Tripoli en Libye.
En vertu de la résolution 1970 (2011) du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la Libye, tous les États membres doivent empêcher la vente ou la fourniture à la Libye d’armements et de matériels connexes de tous types – armes et munitions, véhicules et matériels militaires, équipements paramilitaires et pièces détachées correspondantes et, interdire l’exportation par la Libye de tous armements et matériels connexes et l’acquisition de ces articles par les États membres.
Après la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est divisée en deux entités : à l'Ouest, le gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, et dirigé par le Premier ministre Fayez al-Sarraj. La partie Est est, quant à elle, tenue par l'Armée nationale libyenne (ANL), sous commandement du maréchal Khalifa Haftar. Le 4 avril 2019, le maréchal - soutenu par l'Égypte, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis - s'est lancé à la conquête de la capitale, Tripoli où siège le gouvernement d'union nationale.
Pour en savoir plus: Libye: l'Algérie avertit la Turquie
Certains pays ont violé cette résolution 1970 de l’ONU. À l’issue de la réunion des ministres européens des Affaires étrangères ce lundi à Bruxelles, ces derniers ont convenu du déploiement d’une nouvelle mission navale à l’est des côtes de la Libye en Méditerranée pour empêcher les livraisons d’armes aux belligérants, ont annoncé plusieurs ministres. Cette opération se borne au contrôle de l’embargo sur les armes à destination de ce pays en guerre, contrairement à l’opération Sophia qui visait aussi à combattre le trafic de migrants en mer.
En mars dernier, l’Union européenne a limité la portée de sa mission Sophia de lutte contre le trafic de migrants en mer après avoir décidé, sous pression de l’Italie, de suspendre le déploiement de ses bateaux militaires qui patrouillaient au large de la Libye.
« Nous avons tous convenu de créer une mission pour bloquer l'entrée des armes en Libye », a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi di Maio.
Le gouvernement autrichien s'est opposé au redémarrage de la mission en faisant valoir que l'envoi de navires de l'UE le long des côtes libyennes entraînerait un afflux de migrants vers l'Europe.
Essentiellement, des navires de guerre seront déployés pour faire respecter l'embargo et les navires qui seraient utilisés pour sauver les migrants et les réfugiés de la noyade seront arrêtés.
« Des navires de guerre seront envoyés fin mars dans les eaux à l'est de la Libye, loin des routes des migrants, pour contrôler le respect de l'embargo décrété par les Nations unies sur les livraisons d'armes à la Libye », a annoncé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell à l'issue d'une réunion avec les ministres des Affaires étrangères de l'UE.
« S'il est constaté que leur présence a pour effet d'attirer des embarcations transportant des migrants, ils seront retirés de la zone », a-t-il averti.
Le mandat de Sophia avait été prolongé jusqu'au 31 mars 2020, mais elle n'était plus opérationnelle en mer depuis le printemps 2019 à cause du refus de l'Italie de laisser débarquer sur son territoire les migrants sauvés en mer faute d'accord entre les États de l'UE pour les prendre en charge.
Josep Borrell a reconnu que la nouvelle opération comporte des risques. « Ce ne sera pas une promenade », a-t-il averti. Il faudra contrôler les navires soupçonnés de se livrer au trafic d'armes et d'acheminer des mercenaires et donc les engager. Mais l'UE ne pourra pas contrôler les livraisons acheminées par avion ou par la route. « Il est très difficile d'agir à la frontière de deux États souverains », a-t-il expliqué.
L’efficacité de la nouvelle mission est donc incertaine, car la Turquie viole également l'embargo en livrant des armes et du matériel au gouvernement d'union nationale (GNA).
Une note interne de l'UE, publiée par Statewatch, le groupe de défense des libertés civiles basé à Londres, souligne que l'UE ne s'attend pas à être impliquée dans le sauvetage des personnes. «Les moyens navals peuvent être déployés dans les zones les plus pertinentes pour la mise en œuvre de l'embargo sur les armes, dans la partie orientale de la zone d'opération ou à au moins 100 km au large des côtes libyennes où les chances de mener des opérations de sauvetage sont plus faibles», indique le rapport.
« Contribuer au partage des informations et à la mise en œuvre de l'embargo sur les armes imposé par l'ONU » devient la mission principale de l'opération. Des « opérations de surveillance liées à la contrebande de pétrole » seront également menées.