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Comment l’Iran pourrait-il amener Israël à s’impliquer dans les élections de 2020 aux USA?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Bernie Sanders (G), candidat aux primaires démocrates, a déclaré que s'il gagnait les élections de 2020, sa première décision présidentielle serait de réintégrer l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien. ©Yahoo News

Il y a dix mois, l’ambassadeur d’Israël à Washington, Ron Dermer, a prononcé un discours lors de la conférence annuelle de l’AIPAC, dans lequel il avait fait allusion aux prochaines élections présidentielles en soulignant que si les candidats démocrates prendraient d’une manière ou d’une autre une position favorable à la République islamique d’Iran, Israël s’opposerait à leur campagne.

Fin mars 2019, lors de la conférence annuelle de l’AIPAC, l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Ron Dermer, a vivement critiqué les démocrates américains en déclarant qu’ils appelaient les États-Unis à réintégrer l’accord sur le nucléaire iranien. Il avait réagi ainsi aux déclarations de plusieurs candidats démocrates de la présidentielle de 2020 qui avaient promis de réintégrer l’accord nucléaire de 2015 s’ils étaient élus.

« Une telle décision signifierait de donner des centaines de milliards de dollars aux personnes qui s’engagent à détruire Israël », avait déclaré l’ambassadeur d’Israël à Washington.

« Il y a des dirigeants qui appellent à revenir sur cet accord », a déclaré Dermer à une foule de 18 000 personnes lors de la conférence annuelle de l'AIPAC. « C'est quelque chose qui doit être considéré comme totalement inacceptable », a-t-il dit, sans mentionner spécifiquement les démocrates.

Amir Tibon, journaliste du quotidien Haaretz, rappelle que les déclarations de Ron Dermer, il y a dix mois, prouvaient à quel point Israël s’opposait à l’idée d’un retour américain au Plan global d’action conjoint (PGAC). En effet, les Israéliens disent implicitement qu’ils sont prêts à s’engager activement contre les candidats démocrates à la présidentielle américaine de 2020, s’ils s’engagent en faveur du PGAC même verbalement et pour des objectifs purement électoraux.

Le sénateur du Vermont, Bernie Sanders, s’est procuré une bonne position aux primaires du parti démocrate, surtout après ses victoires successives lors des élections dans les États d’Iowa et de New Hampshire. Les Israéliens semblent être particulièrement sensibles à ces évolutions, d’autant plus qu’ils se souviennent que Sanders a promis que s’il gagnait les élections de 2020, sa première décision présidentielle serait le retour au PGAC.

Quant aux autres candidats des primaires démocrates, le régime israélien semble avoir une position ambiguë pour le moment, étant donné que certains de ces candidats disent qu’ils réintégreraient l’accord nucléaire de 2015, mais qu’ils essaieraient d’entamer de nouvelles négociations avec Téhéran pour faire entrer certaines modifications dans cet accord.

À ce propos, un haut responsable israélien a dit au journal Haaretz, sous couvert d’anonymat, que l’idée du retour au PGAC n’incluait pas celle de la reprise des négociations avec la partie iranienne au sujet du programme balistique de la République islamique d’Iran. « Le retour des États-Unis à l’accord sur le nucléaire iranien signifierait la levée des sanctions imposées à Téhéran, sans que les Iraniens se sentent sous pression au sujet de leur programme balistique : cela les encouragera donc à vouloir arracher d’autres concessions à leurs partenaires au sein du PGAC », a-t-il ajouté.

En automne 2019, quand le président des États-Unis, Donald Trump, s’est dit intéressé à l’établissement de négociations directes avec la République islamique d’Iran, le Premier ministre du régime israélien, Benyamin Netanyahu, a réagi immédiatement en prétendant qu’une telle décision serait « contreproductive » car elle allégerait automatiquement les pressions exercées contre Téhéran.

Il est à noter que même après l’assassinat par les forces militaires américaines du général Qassem Soleimani, le 3 janvier 2020, le président Trump s’est dit désireux d’entamer des négociations avec les Iraniens.

Les résultats des sondages d’opinions aux États-Unis montrent que la majorité des Américains s’oppose à un nouveau conflit militaire au Moyen-Orient. Il est certain, d’après Amir Tibon, journaliste du quotidien Haaretz, que le candidat final du parti démocrate, qui que ce soit, dira aux électeurs américains que si Trump gagnait les élections présidentielles de 2020, le risque d’une guerre entre l’Iran et les États-Unis augmenterait.

Dov Waxman, professeur au centre des études israéliennes à l’Université de Californie à Los Angeles, estime que les déclarations et les prises de position des autorités israéliennes à propos des sujets sensibles de la politique étrangère des États-Unis, pendant la campagne électorale, pourraient avoir de mauvaises conséquences sur l’avenir des relations entre Israël d’une part et le parti démocrate et la communauté juive américaine de l’autre.

« Si les démocrates ou les juifs américains sentaient qu’Israël s’ingérait dans le processus électoral aux États-Unis, ils adresseraient des critiques farouches aux Israéliens », ajoute Dov Waxman.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV