La catastrophe aérienne, provoquée par une "erreur humaine" mercredi 8 janvier, à peine quelques heures après que l'Iran eut pris pour cible d'une puissante attaque aux missiles la base américaine à Aïn al-Asad a provoqué un choc en Iran. Le Leader de la Révolution islamique a chargé dans un message expresse l'état-major interarmé à tirer au clair les "responsabilités", à les punir, à faire en sorte que plus jamais de telles tragédies ne se reproduisent. Dans la foulée, le commandant en chef de la Force aérospatiale du CGRI, le général de brigade Hajizadeh a publiquement assumé la responsabilité du tragique crash du Boeing 737 de l’Ukraine Airlines.
Le général de brigade Amir Ali Hajizadeh, commandant en chef de la Force aérospatiale du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), a déclaré lors d'un point de presse sa profonde "consternation" tout en hasardant cette phrase : " J'ai souhaité plutôt mourir que d'avoir à apprendre une si tragique nouvelle car le CGRI a pour mission foncière la protection de la nation iranienne. J'en assume la pleine responsabilité et je me met entre les mains de la justice, a dit le haut commandant qui a affirmé avoir appris la nouvelle alors qu'il se trouvait à Kermanchah ( lieu de la spectaculaire frappe balistique lancée le 8 janvier contre la base US, NDLR).
Et le général d'ajouter : " Les Américains avaient menacé de frapper 52 cibles en Iran. Nos unités de DCA étaient donc en état d'alerte maximal à travers tout le pays, y compris à Téhéran. Le centre de commandement de la DCA émet un signal à l'un de nos dispositifs de défense aérien, placée à l'ouest de la capitale, affirmant que des missiles de croisière ennemis sont tirés en direction du pays. A deux reprises le signal d'alerte est envoyé et on demande aux opérateurs de se tenir prêts à appuyer sur le bouton de tir. L’opérateur confirme avoir demandé au préalable à ce que le ciel de la capitale soit placé en position "clear", c'est à dire qu'il soit vidé de tous vols civils. La demande reste sans suite et à l'heure exacte de l'incident, l'opérateur se trouve confronté à un "missile de croisière" à une distance de 19 kilomètres". Plus loin dans ses propos, le général Hajizadeh explique "l'erreur humaine" commise par l'opérateur.
"La DCA déployée à l'ouest de la capitale a été installé vers minuit. L'opérateur à qui les données annoncent le tir d'un missile de croisière ennemi, s'apprête à tirer. Là où, il commet l'erreur, c'est qu'il aurait dû contacté les instances concernées juste avant le tir pour en avoir la confirmation. L'opérateur affirme toutefois que son système rencontrait de graves perturbations, ce qui pourrait être dû à une saturation des systèmes de communication mais quoi qu'il en soit l'opérateur ne disposait que de 10 secondes pour agir".
Mais pourquoi ce retard de 48 heures dans la publication de ces détails cette information?
" Mercredi 8 janvier, dès que j'ai été informé de la tragique nouvelle, j'en ai informé la hiérarchie. L'organisation de la navigation iranienne a fait de son côté des déclarations, sur base de ses propres données et on ne peut lui rien reprocher. On ne peut reprocher rien non plus à aucune instance gouvernementale. Mais la responsabilité de cette tragédie revient au CGRI qui en assume pleinement les conséquences".
Et le général de conclure : " Je voudrais être mort plutôt que d'assister à un tel incident.... le missile a explosé au côté de l'appareil. C’est un missile à courte portée qui a explosé à côté de l’avion. C’est pourquoi l’avion a été capable» de continuer son vol pendant un moment mais il a explosé lorsqu’il a touché le sol.»
Réactions
Alors que l'Ukraine a réagi à ces déclarations en affirmant que la partie iranienne avait dès le début mis à la disposition de ses experts tous les données nécessaires, en demandant des excuses officielles et des indemnités pour les victimes, la Russie a estimé que le CGRI a fait ce qu'il fallait faire à savoir reconnaître une tragique erreur : " Maintenant que le CGRI a reconnu de façon parfaitement rationnelle sa responsabilité, cette affaire devra être close, a estimé Dimitri Novikov.
Mais toutes les parties n'ont pas réagi de cette façon : La France a fait savoir que le tragique incident devra servir de prétexte pour pousser l'Iran à "cesser la réduction de ses engagements nucléaire", et à "ouvrir des négociations" sans doute sur ses capacités nucléaires : «Il est important de se saisir de ce moment pour redonner de l'espace à des discussions et des négociations....Les leçons que nous devons tirer de cette séquence dramatique que nous avons vécue depuis maintenant plusieurs jours, depuis la fin de l'année 2019, c'est qu'il faut mettre un terme à cette escalade », a dit la ministre française des Armée avant d'ajouter : «Ça suppose qu'on ne tue pas l'accord (sur le nucléaire iranien, NDLR) conclu à Vienne il y a cinq ans. C'est le seul outil dont on dispose (...). Cela suppose que l'Iran cesse de pratiquer des violations progressives (de l'accord) qui deviennent assez irréversibles, a affirmé Parly en accusant l'Iran de "violation" en tentant de défigurer la réalité.
«Il faut maintenant tenter de renouer les fils du dialogue. Il faut protéger cet accord de Vienne et nous avons pour cela besoin de la totale contribution des Iraniens», a-t-elle ajouté. Dans la foulée les observateurs font remarquer que le camp occidental cherche à tourner cette tragédie dans le sens de ses intérêts, ce qui soulève des doutes sur les circonstances qui ont précédé cette tragédie.