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2019: l'année où la politique étrangère américaine s'est effondrée

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le commandant en chef de la Force aérospatiale du CGRI, le général Hajizadeh, en train d'exposer les détails de la destruction du RQ-4 US en Iran/IRNA

En dépit de toutes les fanfaronnades, la politique étrangère US de 2019 au Moyen-Orient n’a été qu’un cumul de défaites : ce fut un « effondrement » dans le vrai sens du terme dont les secousses ont été ressenties depuis l’Iran jusqu’à la Corée du Nord en passant par la Syrie ou encore l’Afghanistan. The Guardian y voit une empreinte de Trump, la réalité est que le déclin de la puissance US dépasse l’actuel locataire de la Maison-Blanche. 

« L’approche de Donald Trump envers le monde n’est guère plus qu’un enchevêtrement d’intérêts personnels, de narcissisme et d’explosions sur Twitter, dit le journal britannique The Guardian dans son numéro du vendredi 27 décembre pour faire la rétrospective sur les échecs de la politique étrangère des États-Unis dans tous les domaines.

Syrie

Le brusque changement d’avis du président américain quant à la Syrie a provoqué, selon le journal, un coup de fouet pour les soldats sur le terrain. Suite à une conversation téléphonique avec Recep Tayyip Erdogan le 6 octobre, au cours de laquelle le président turc semble avoir convaincu de prendre la tête de la campagne militaire soi-disant anti Daech, Trump a ordonné à toutes les troupes américaines de quitter le pays, sans consulter le Pentagone ni les alliés des États-Unis à l’OTAN.

Et The Guardian de rappeler : En une journée, les forces spéciales ont reçu l’ordre de quitter leurs avant-postes à la frontière turco-syrienne, abandonnant les alliés kurdes face à l’offensive d’envergure d’Ankara. Deux semaines plus tard, cependant, Trump tentait de freiner la Turquie en envoyant l’une des lettres présidentielles les plus étranges de l’histoire dans laquelle il implorait Erdogan : “Ne soyez pas un dur à cuire. Ne soyez pas brute ! Ne soyez pas l’idiot !”

Dans le même temps, les troupes américaines ont été renvoyées en Syrie, avec pour mission - selon les termes de Trump - de “sécuriser le pétrole”.

Mais, extraire les ressources d’un autre pays serait un crime de guerre potentiel, et les responsables du Pentagone ont cherché à interpréter les diktats du président d’une manière plus bénigne, dans le cadre d’une campagne de lutte contre le terrorisme pour empêcher les installations pétrolières de tomber sous le contrôle de Daech, a fait noter The Guardian en ajoutant qu’il n’y a aucune garantie sur la durée de ce nouvel équilibre.

Iran

La volte-face la plus flagrante de Trump concerne son renoncement seulement dix minutes avant l’exécution de son présumé ordre d’engager des frappes aériennes sur l’Iran en riposte de la chute du drone américain en juin et alors que les avions de guerre étaient déjà en air, s’est exprimé le journal.

Prétextant son désir d’éviter les pertes humaines, il a été d’ores et déjà informé du nombre de morts estimés avant d’ordonner les attaques, s’est-il étonné.

Afghanistan

En Afghanistan, il y a eu deux demi-tours. L’envoyé américain, Zalmay Khalilzad, a passé près d’un an à mener des pourparlers directs avec les talibans. Mais début septembre, lorsqu’un accord semblait imminent, Trump a soudainement déclaré les pourparlers “morts”, a affirmé le journal.

Mais moins de trois mois plus tard, lors de la première visite de Trump dans le pays, il a annoncé la reprise des pourparlers. On ne sait pas vraiment ce qui lui a fait changer de point de vue, a-t-il noté.

Corée du Nord

En effet, la nouvelle décennie est sur le point de commencer sous de nombreuses ombres, mais aucune n’est plus inquiétante que la menace de la Corée du Nord de revenir aux essais nucléaires et de missiles à longue portée après une interruption de deux ans, estime le journal.

Le pendule de Pyongyang est passé de la diplomatie enthousiaste du sommet à des injures et à des menaces de la partie américaine alors que Donald Trump se concentre de plus en plus sur sa campagne de réélection, a évoqué The Guardian.

C’est peut-être une bonne chose, car le président américain se gardera de provoquer une crise pour gâcher son récit de paix et de prospérité, a-t-il poursuivi.

Ou cela pourrait être une très mauvaise chose : Kim Jong un pourrait chercher à exploiter les mauvais calculs et pressions des États-Unis, a-t-il ajouté.

Avant la deuxième rencontre entre Kim et Trump à Hanoi en février 2019, les diplomates américains et nord-coréens négociaient un accord en vertu duquel chaque étape franchie par Pyongyang vers la dénucléarisation de la péninsule coréenne serait récompensée par une levée proportionnelle des sanctions américaines. Or, Trump a présenté au dirigeant nord-coréen un accord global stipulant un désarmement total, a-t-il rappelé.

Selon le journal britannique, l’acte du président américain a laissé les négociations inachevées et les relations entre les deux pays sont redevenues tendues comme au point de départ de sorte qu’en cette fin d’année 2019, Pyongyang menace de faire un test de missile à longue portée pour un cadeau de Noël.

Pour The Guardian les décisions américaines ont tendance à venir directement du pouce du président via Twitter et représentent souvent une surprise pour ses propres hauts fonctionnaires. Derrière les changements soudains dans les décisions de guerre et de paix de Trump, le processus de pensée sous-jacent est obscurci voire n’existe même pas. Le terme “politique étrangère” n’est peut-être plus un terme approprié pour décrire ce qui se passe à la Maison-Blanche, a conclu The Guardian.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV