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Amérique latine : les marchands de mort israéliens débarquent

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Bolsonaro signe un livre avec Netanyahu et le rabbin du Mur des Lamentations, le 1er avril 2019. ©El Pais

Afin de contrer les partisans de Morales, le nouveau ministre bolivien de l’Intérieur a engagé des agents anti-insurrectionnels israéliens, justifiant que ces derniers sont compétents pour contrôler les groupes terroristes.

L’influence d’Israël en Amérique latine ne date pas d'aujourd'hui. Si le Venezuela et l’Argentine y ont échappé, c’est que la présence des dirigeants de gauche et la vague de chavisme ont entravé les agissements des agents de sécurité israéliens.

À cet égard, le journaliste américain, Wayne Madsen a écrit dans un article publié le 17 décembre, sur le site The Alt World qu’avec le renversement de gouvernements progressistes dans toute l'Amérique latine et leur remplacement par des régimes néo-fascistes de droite, les conseillers anti-insurrectionnels israéliens, mieux connus sous le nom de «marchands de la mort», sont revenus avec ferveur en Amérique latine. Des régimes fascistes au Brésil, en Bolivie, en Colombie, au Pérou, en Équateur, au Honduras, au Paraguay, au Guatemala et au Chili, désireux de déplacer les peuples autochtones, ont invité les Israéliens à retourner dans leurs pays pour fournir des conseils sur le dépeuplement des régions autochtones aussi systématiquement qu'Israël l'a fait aux Palestiniens de Cisjordanie et de Qods-est.

Suite à la vague socialiste en Amérique latine, les gouvernements progressistes ont soutenu le sort des Palestiniens et évité les relations étroites avec Israël. Certains dirigeants progressistes, dont Hugo Chavez au Venezuela, Evo Morales en Bolivie et Daniel Ortega du Nicaragua ont rompu leurs relations avec Israël à cause de ses crimes envers la population palestinienne de Gaza. Sur fond du renversement récent de Morales par un coup d'État militaire de droite et des sanctions paralysantes des États-Unis auxquelles est confronté le successeur de Chavez, Nicolas Maduro, les marchands de contre-insurrection israéliens sont fréquemment vus dans les capitales latino-américaines où la droite, voire le néo-Nazis sont passés au pouvoir. En utilisant une logique presque talmudique, le gouvernement israélien estime que pour lutter contre les gouvernements pro-palestiniens ayant des relations amicales avec l'Iran, il est acceptable de traiter avec le président brésilien Jair Bolsonaro, qui, dans le passé, a exprimé son admiration pour Adolf Hitler et Benito Mussolini, indique Wayne Madsen.

L’héritage de sécurité à l’israélienne en Amérique latine est un dossier tristement célèbre qui se traduit par le soutien aux dictateurs génocidaires. Avec l'avènement du «printemps socialiste» en Amérique latine, les marchands de la mort israéliens y ont largement réduit leurs activités ou ont cherché de nouvelles perspectives en Afrique, dans les Balkans et en Asie du Sud. Suite au renversement de Morales étant le dernier des dirigeants du «printemps socialiste» à tomber dans le «Cône Sud» de l'Amérique du Sud, les marchands de contre-insurrection israéliens ont vu un nouveau marché s'ouvrir lorsque le nouveau ministre bolivien de l'Intérieur, Arturo Murillo, a salué l'aide israélienne pour renforcer les capacités de son escadron de la mort nouvellement formé, le «Groupe antiterroriste» (GAT), qui, selon lui, visait à combattre les «terroristes». Dans le langage fasciste typique, les «terroristes» dans ce cas sont des Boliviens fidèles au président Morales renversé ainsi que des compatriotes autochtones de Morales : les Aymara (l'ethnie de Morales) et les Quechua, Chiquitano, Guarani et Moxeno, explique Wayne Madsen.

La raison pour laquelle le ministre de l’Intérieur Murillo a choisi les Israéliens comme conseillers à la sécurité a été exposée dans une interview à Reuters. Il a dit : «Ils ont l'habitude de traiter avec les terroristes. Ils savent comment les gérer ». Murillo faisait bien sûr référence à la répression brutale du peuple palestinien par Israël, un record de traitements inhumains que les sociétés militaires et de renseignement israéliennes ont réussi à emballer, avec du matériel et des conseillers, comme une marchandise d'exportation. L'engagement de Murillo à établir un État de surveillance de style israélien en Bolivie a été clairement exprimé dans son avertissement à un groupe de responsables argentins des droits de l'homme qui sont arrivés en Bolivie pour voir, de première main, les violations des droits de l'homme dirigées contre des membres du mouvement Morales « Movement Toward Socialismé” (MAS ) parti et peuples autochtones. Murillo a mis en garde les Argentins et d’autres officiels étrangers en déclarant : «Nous recommandons à ces étrangers qui viennent d'arriver de faire attention. Nous vous regardons. Nous vous suivons. Il n'y a aucune tolérance pour le terrorisme, la sédition ou les mouvements armés. Tolérance zéro ». L'avertissement est pratiquement une copie conforme de celle délivrée par Israël aux travailleurs humanitaires internationaux qui ont tenté d'apporter des secours à la population de Gaza, évoque-t-il.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV