Pour bon nombre d'analystes, le fait que la Jordanie, ayant depuis longtemps pactisé avec les Israéliens, ait organisé un exercice militaire simulant une attaque israélienne contre la frontière occidentale du royaume ne peut que susciter de très grosses interrogations : une guerre Israélo-jordanienne est-elle possible? Alors que le Deal du siècle prévoit la liquidation de la Cisjordanie et l'exil de ses habitants palestiniens en Jordanie voisine, et qu'un premier pas a été franchi en ce sens par la "légalisation américaine des colonies", les observateurs n'écartent désormais aucune hypothèse. Une question se pose d'emblée : En cas de guerre entre le royaume et Israël qui aiderait Amman? Les Israéliens s'interrogent eux aussi.
C'est avec une extrême inquiétude d'ailleurs que l'institut de recherche Begin-Sadat de Tel-Aviv a abordé dans une récente étude la "présence des forces pro-iraniennes" sur les frontières irako-syro-jordaniennes, soit dans ce triangle frontalier qui voit de plus en plus grandir les tensions entre les Hachd al-Chaabi d'une part et les Américains de l'autre. "Israël devra surveiller de près les activités iraniennes dans la région, la Jordanie semblant intéressée de plus en plus par l’axe iranien, qui, lui continue de consolider sa présence et de créer de nouveaux corridors terrestres reliant l’Irak à la Syrie.
Certes, l'Iran et la Jordanie n'entretiennent pas de bonnes relations, mais les tensions avec Israël pourraient ne plus lui laisser de choix et pousser Amman vers le camp anti-Israël. D'ailleurs, la Jordanie et la Turquie se rapprochent de plus en plus, ce qui semble bien inquiétant. Si le royaume entre en guerre avec Israël, l’Iran pourrait lui offrir aide et soutien. À renfort de ses alliés irakiens, libanais et palestiniens, Israël sera bel et bien encerclé. Ce sera un moyen de pression idéal pour empêcher que les Palestiniens de la Cisjordanie soient mis à la porte et puis la Jordanie pourrait offrir un nouveau corridor pour relier l'Iran à la Cisjordanie,selon une étude publiée par l'Institut de recherche Begin-Sadat.
Selon les informations rapportées, l'exercice, porteur de messages à Tel-Aviv, a été mené mardi et mercredi derniers par le 1er bataillon mécanisé du commandement central jordanien, membre des forces armées du pays. Le roi jordanien Abdullah II a supervisé la manœuvre, baptisée « Épées de Karama », dans le but de prévenir toute invasion des agresseurs et de simuler une guerre avec le régime israélien.
Selon les agences de presse officielles jordaniennes, les manœuvres simulaient une « bataille défensive » avec la participation de divers corps d'armée, avions de combat et hélicoptères, « dans le but de détruire l'avant-garde de l'ennemi et les ponts pouvant servir de points de passage » vers le territoire jordanien.
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Le chef d’état-major des forces armées jordaniennes le général Yousef Huneiti a déclaré : « Nous aurons d’autres préparatifs dans un proche avenir. Nous augmenterons nos compétences militaires par des exercices conjoints et le soutien de différents éléments de l’armée. Nos forces militaires sont prêtes à défendre la patrie et riposteront fermement à quiconque oserait nuire à la sécurité de notre pays. »
Message de l’exercice « Épées de Karama » à Tel-Aviv
La presse israélienne y voit déjà un avertissement. En allusion à ces manœuvres, la chaîne 13 de la télévision israélienne a annoncé que « cet exercice a eu de vastes répercussions dans les médias jordaniens et qu’il semble qu’il porte un message politique à Israël au sujet de la profonde crise qui divise les deux parties ».
Ceci dit, le roi jordanien Abdullah II qui a assisté, en tenue militaire, aux exercices, aux côtés d'un grand nombre de hauts responsables du gouvernement et du Parlement jordaniens pourrait par la force des choses ne plus se contenter d'un simple message politique à l'adresse d'Israël. Une guerre contre ce dernier s'avère de plus en plus nécessaire, depuis que les USA ont donné au régime israélien leur feu vert à la légalisation de la liquidation de la Cisjordanie.