Les missiles de croisière, capables de toucher les cibles au sol, constituent un grand défi pour les systèmes de défense antiaériens car ils ont la capacité de voler tout près du sol et de faire des rondes autour de leurs cibles avant de les atteindre.
La récente attaque contre la raffinerie saoudienne Aramco a eu lieu par une combinaison de missiles de croisière et de drones suicides et elle a prouvé comment les systèmes de défense antiaériens comme Patriot ne pouvaient rien faire face à de telles attaques.
Les missiles de croisière ne sont pas généralement aussi rapides que les missiles balistiques mais ils bénéficient, en revanche, d’une importante furtivité. Les missiles de croisière ne portent pas en général des têtes très lourdes et ils sont capables de détruire une cible bien donnée grâce à leur haute précision. Les missiles de croisière sont moins lourds et moins grands que les missiles balistiques et ils peuvent être tirés à partir du sol, de l’air, de la mer, voire des plateformes sous-mains.
La fabrication d’un missile de croisière sol-sol reste un défi plus important que celle d’un missile de croisière anti-navire car un missile de croisière capable de toucher les cibles sur le sol devra pouvoir non seulement se déplacer dans une superficie marquée de hauts et de bas mais en plus atteindre une cible particulière avec une grande précision. C’est pourquoi ne sont pas nombreux les pays qui disposent de la technologie requise à fabriquer cette sorte de missiles de croisière.
En Iran, les missiles de croisière Ya-Ali, Hoveyzeh et Soumar dont la portée varie de 700 km à1350 km ont déjà été dévoilés. Dans la foulée, le vice-ministre iranien de la Défense, le général de brigade Taghi Zadeh, a récemment fait part de l’amélioration de la précision des missiles de croisière iraniens : « Nous avons en main un projet de fabrication d’un missile de croisière sol-sol dont nous allons améliorer la portée grâce à un nouveau système de navigation numérique. Le nouveau missile finira bientôt toutes ses étapes d’essai ».
Bien que le général de brigade Taghi Zadeh n’ait pas détaillé les caractéristiques de ce « nouveau système de navigation numérique » qui devrait contribuer à l’amélioration de la portée du nouveau missile de croisière iranien, un autre missile de fabrication iranienne, baptisé Mobin et dévoilé au Salon international aérospatial de MAKS 2019, nous aide à reconstituer ce puzzle : au milieu de sa trajectoire, Mobin commence à utiliser un système de navigation, composé en effet de deux systèmes appelés TERCOM et DCMAC. Ces deux systèmes de navigation, appartenant à la même famille, aident le missile à s’orienter à travers une correcte trajectoire, grâce à la combinaison des images aériennes et satellitaires. Une telle technologie est généralement utilisée par la plupart des missiles de croisière du monde. Le général de brigade Taghi Zadeh aurait fait implicitement allusion au système DCMAC qui compte sur les images et les cartes numériques.
En septembre 2014, Mohajer-4, un drone iranien de dernière génération, a été dévoilé. Le drone Mohajer-4 a la capacité de nous livrer des cartes de photogrammétrie qui comprennent également des cartes topographiques. À noter que les cartes, élaborées par le drone Mohajer-4, peuvent être utilisées par les systèmes de navigation.
Pourquoi améliorer la précision des missiles de croisière iraniens?
Le grand investissement des dernières années dans le secteur de la fabrication des missiles de croisière sol-sol en Iran fait preuve d’un projet de grande ampleur qui, bien que très important, suit une avancée silencieuse.
Mais pourquoi la République islamique d’Iran envisage d’améliorer la précision de ses missiles de croisière ? La réponse est simple : le Moyen-Orient est surchargé de systèmes de défense anti-missile qui sont installés çà et là pour intercepter et détruire les missiles balistiques mais ces mêmes systèmes ne semblent pas très efficaces face aux missiles de croisière.
La deuxième raison qui pousse l’Iran à améliorer la précision de ses missiles de croisière concerne un ordre donné par le Leader de la Révolution islamique, l’honorable ayatollah Khamenei, également le commandant en chef des Forces armées iraniennes. Les missiles de croisière comptent généralement parmi les armes intelligentes et de haute précision. La grande précision des missiles de croisière leur permet de porter une tête moins lourde, ce qui réduira considérablement les dégâts sur le lieu touché par le missile. L’expérience montre que les terroristes de Daech et du Front al-Nosra s’intéressent beaucoup à se cacher parmi les civils afin de les utiliser comme des boucliers humains. Un missile ayant une précision considérable et une tête moins lourde s’annonce très efficace dans ce cas-là.
La troisième raison qui encourage les Iraniens à améliorer la précision de leurs missiles de croisière est que ces derniers peuvent être tirés à partir d’une variété de plateformes, un grand avantage pour un pays comme l’Iran à la géographie diversifiée.
Il paraît que le nouveau missile de croisière iranien, appuyé sur son système de propulsion de statoréacteur et son système de navigation numérique, contribuera bientôt au renforcement des capacités de dissuasion de l’Iran.