Depuis son exile mexicain, le président Eva Morales, victime d'un coup d'État made in US a remercié le peuple et le gouvernement mexicains pour l'avoir accueilli et avoir empêché qu'il soit assassiné par les agents à la solde de Washington à son domicile. Morales a promis de revenir. Selon des agences, c'est le chaos qui règne dans les rues de La Paz: le ministre bolivien de la défense a démissionné puisqu'il l'a dit dans un tweet, "l'armée ne veut retourner son arme contre les Boliviens". Morales a remporté une élection supervisée par plus de 200 observateurs internationaux. Alors qu'est-ce qui a motivé Trump et son secrétaire d'État, Mike Pompeo, à provoquer ce coup d'État?
L'échec de Trump à dominer l'Amérique latine
Une transition du socialisme en Amérique du Sud et en Amérique centrale est l'objectif principal des démocrates et républicains américains. La tentative de contrer la chaîne du socialisme en Amérique latine et de briser le système anti-impérialiste créé dans la région est le point commun de George W. Bush, Barak Obama et Donald Trump.
La présence de John Bolton et de Mike Pompeo aux côtés de Trump ces dernières années a amené de nombreux analystes américains à deviner une « chute du socialisme » et « une mort de la gauche » en Amérique latine. Ces analyses n'évoquaient même pas une éventualité de défaite de Trump dans cette bataille. Mais à la surprise générale, la mort politique de John Bolton s'est soldée par une renaissance du socialisme en Amérique latine.
La tentative de Trump de faire revivre la doctrine Monroe en Amérique latine
Avant de quitter le poste de conseiller à la sécurité nationale de Trump, John Bolton a fait des déclarations concernant la réactivation de la doctrine Monroe et la destruction de « la troïka de l’Alliance » en Amérique latine: « Dans l’administration Trump, nous n’hésitons pas à utiliser l'expression "doctrine Monroe". Le Venezuela est un pays de notre hémisphère et, depuis l’ère Ronald Reagan, l’objectif des présidents américains est d’avoir un hémisphère pleinement démocratique. J'ai déjà mentionné que nous surveillons de près "la troïka de la tyrannie", c’est-à-dire Cuba et le Nicaragua, ainsi que Maduro (Venezuela). »
La thèse de Bolton sur la destruction de la « troïka socialiste de l'Alliance » en Amérique latine fait suite aux déclarations du président américain James Monroe en 1823. Selon cette thèse, l'Amérique latine est l'« arrière-cour » des États-Unis et devrait être à la disposition des Américains. Par conséquent, aucune puissance étrangère, même européenne, n'a le droit d'être présente dans cette région. Trump a toujours considéré les trois pays que sont Cuba, le Venezuela et le Nicaragua, comme l’ « axe du mal » en Amérique latine.
Les énormes dépenses inutiles de la Maison Blanche en Amérique latine
En cette fin de 2019, bien que trois années se soient écoulées depuis l'arrivée de Trump à la Maison Blanche, la « troïka de l’Alliance » en Amérique latine demeure. Trump avait prédit qu'il mettrait fin à la présence de Maduro au Venezuela d'ici fin 2018 en le remplaçant par un gouvernement pro-occidental (dirigé par Juan Guido). Cependant, le Venezuela continue de jouer un rôle efficace en tant que lien entre les mouvements de gauche en Amérique centrale et en Amérique du Sud.
Le président nicaraguayen, Daniel Ortega, est également l'un des icônes de la lutte contre l'ancien impérialisme et l'impérialisme moderne en Amérique latine. Les sandinistes nicaraguayens luttent toujours contre les mouvements pro-occidentaux au Nicaragua et en Amérique latine. Cuba, comme au cours des décennies précédentes, résiste aux dures sanctions imposées par le président Donald Trump à La Havane. Par conséquent, la "Troïka de l’Alliance" que Washington qualifie de principal dilemme et cible de la Maison Blanche est si puissante que Trump et ses collaborateurs n’ont pas le pouvoir de la détruire.
Le coup porté par la gauche bolivienne au corps des États-Unis
Deux événements simultanés et décisifs ont eu lieu récemment en Amérique latine. Lors des élections nationales boliviennes, le président actuel Evo Morales a remporté 47,06% des voix, contre 36,52% à son principal concurrent, le centriste Carlos Mesa, soit un écart supérieur aux 10 points de pourcentage nécessaires pour s'imposer dès le premier tour. Carlos Mesa est un candidat soutenu par les États-Unis aux élections. La victoire de Morales a de nouveau provoqué le pire choc possible pour l'Amérique, car ce dernier avait misé sur la victoire des pro-occidentaux à La Paz (capitale de la Bolivie). Le candidat pro-américain a également subi une grave défaite lors de l'élection présidentielle en Argentine.
Alberto Fernandez, de gauche, et opposant à la politique interventionniste américaine, a remporté environ 48% des suffrages aux élections présidentielles et a été élu président argentin au premier tour. Le président de droite, Mauricio Macri, a également remporté 40% des voix.
La transformation de la Troïka de l’Alliance en « union pentagonale »
Avec la réélection de Morales en Bolivie, d'une part, et la présence de Fernandez au sommet des équations politique et exécutive de Buenos Aires, de l'autre, la « Troïka de l’Alliance » s’est transformée en « union pentagonale ».
C'était une situation que Trump ne pouvait plus supporter. Les anti-impérialistes d'autres pays d'Amérique latine, tels que l'Équateur, le Pérou, le Chili et le Brésil, en seraient influencés dans un proche avenir par cette union pentagonale. Le résultat de cette influence sera la montée en puissance de la gauche en Amérique centrale et du Sud.
#BTVInforma | Una turba de gente incendia la casa de Esther Morales, hermana del presidente de Bolivia.
— Bolivia tv (@Canal_BoliviaTV) November 10, 2019
Vía: PAT pic.twitter.com/eycOzcc3uA
Dans une telle situation, il n’y aurait aucune possibilité de faire revivre la « doctrine Monroe ». Dans de telles circonstances, Trump a fomenté un coup d'État en Bolivie. Mais le coup d'État contre Morales inversera-t-il la donne? Rien n'est moins sûr : le scénario a été si mal préparé qu'il risque de se solder par une montée en puissance de la gauche dans un avenir proche. l'Amérique n’a pas d’autre choix que de confronter les réalités en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Elle a perdu même sa bataille dans son arrière-cour.