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USA: un "État profond" au service d’Israël

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président américain lors d'une réunion à la Maison-Blanche en 2018. ©Getty Images/Archives

Qui est cet « État profond » qui fait passer les intérêts d’Israël avant ceux des États-Unis, quitte à ignorer totalement le chef de la Maison-Blanche ? Des individus au sein même de l'administration Trump s'attellent à faire perdurer la présence américaine au Moyen-Orient, afin de juguler l'axe de la Résistance et assurer la sécurité d'Israël.

Selon Middle East Monitor, nous sommes témoins aujourd’hui d’un revirement de la décision du président américain, Donald Trump, au sujet du retrait des troupes américaines du nord-est de la Syrie :

« Au début, Trump avait annoncé que certaines troupes resteraient pour protéger les gisements de pétrole situés dans l’Est syrien face au groupe terroriste Daech, tandis que d'autres resteraient près de la frontière jordanienne vers le sud, pour assurer la sécurité d'Israël. Certaines troupes devaient être relocalisées avant de rentrer chez eux. En effet, il était prévu qu’une partie des forces américaines ayant quitté la Syrie reste en Irak, quoique le gouvernement irakien a sérieusement rejeté cette idée. 

Or, des rapports en provenance de la région disaient la semaine dernière que plus de 500 soldats américains et leurs équipements militaires étaient rentrés dans le nord de la Syrie. Certains d'entre eux sont retournés dans les bases qu’ils avaient abandonnées ». Selon l’article signé Omar Ahmed publié mardi 5 novembre par le site web de Middle East Monitor, la décision de Trump de « protéger les gisements de pétrole de l’Est syrien » y amènerait quelque 900 soldats américains, presque autant de soldats que lorsqu’il a pris ses fonctions, soit presque un millier.

Aussi imprévisible qu’il soit, je crois que Donald Trump est sincère dans sa volonté de faire sortir les troupes américaines d’un conflit qui, d’ailleurs, n’est pas le premier souci du peuple américain. En ce qui concerne Trump, la raison pour laquelle les forces américaines étaient en Syrie était, au départ, la participation à la lutte contre Daech, héritage de l’ère Obama, ce qui est plutôt naïf. Il est tout aussi naïf, bien sûr, de croire que Daech a été vaincu, même après le meurtre d'Abou Bakr al-Baghdadi. Ce serait donc raisonnable de se demander pourquoi les troupes américaines vont rester en Syrie. »

La réponse réside, selon l’article, dans l’existence d’un « État profond » et des membres au sein même de l’administration Trump, qui cherchent à impacter ses politiques et actions.

Certains médias avaient, jadis, l’habitude de ridiculiser le concept de l’État profond qu’ils étiquetaient « théorie du complot ». En 2017, le New York Times a écrit qu’il n’existait pas. Cependant, au fil du temps, le NY Times a reconnu son existence, ajoute l’article.

Et c’est en ces termes que l’article de Middle East Monitor décrit l’État profond états-unien :

« Plutôt que renvoyer à de sombres théories du complot, l'État profond, dans le contexte des États-Unis, se réfère à “l'État administratif”, composés de tous ceux qui font que Washington fonctionne, peu importe la personne du président des États-Unis. Cet État administratif réussit souvent à convaincre même les membres du cabinet et des membres du personnel de la Maison-Blanche, car ils reçoivent tous des instructions institutionnelles d'une armée d’individus  dont les noms ne sont pas mentionnés. »

Une partie de la confusion actuelle sur le statut des forces américaines en Syrie – le retrait du nord-est et contradictoirement, la présence des forces américaines dans les zones pétrolifères de l’est - est causée par des responsables américains qui ignorent leur commandant en chef, à savoir le président des États-Unis, précise l’article.

« Au lieu de planifier et mettre en œuvre un retrait coordonné, l'envoyé du président pour la Syrie et le département ministère de la Défense ont tout fait pour que les troupes américaines puissent y rester, en ignorant cette réalité que Trump finirait par ordonner un retrait américain de Syrie. 

Les champs pétroliers modestes de l’Est syrien n’ont aucune réelle valeur stratégique. On a donc argué qu’une présence militaire américaine serait nécessaire pour contrer Daech. Mais en réalité, l’objectif était d’empêcher illégalement - il faut dire - le gouvernement syrien d'avoir accès à ses propres ressources naturelles. 

Bien que Trump se soit débarrassé du faucon John Bolton, l’ambassadeur James Jeffery, “représentant spécial des États-Unis pour la Syrie” et “envoyé spécial de la Coalition internationale anti-Daech” est l’un de ces obstacles aux décisions de Trump. Il s’est d’ailleurs engagé à faire sortir définitivement l’Iran de la Syrie. 

Pendant que Trump voulait se focaliser sur la lutte contre Daech en Syrie et croyait que le conflit était terminé, l'État profond des États-Unis s’attelait à faire renverser le gouvernement de Bashar al-Assad. Ces objectifs sont évidemment les mêmes que ceux d’Israël. La base américaine d'al-Tanf aurait été créée pour combattre Daesh, alors que Daech ne serait pas présent dans cette région. Comme Bloomberg l’a auparavant signalé, c’est un “accroc” dans les plans de retrait de Trump. Des responsables israéliens et américains ont plaidé pour le maintien de la présence militaire américaine en Syrie afin de perturber les lignes d’approvisionnement en provenance de l’Iran à destination du Hezbollah libanais ; et c’est la véritable raison de l’existence de la base américaine d’al-Tanf située sur l’une des principales routes reliant l’Irak et la Syrie. 

Israël aurait beaucoup plus à perdre dans le cas d'un inévitable retrait américain à long terme. Après l’opération qui a abouti à la mort du chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a renforcé la pression sur Trump pour qu'il se focalise de nouveau sur l'Iran. Il craint que Trump ne se montre réticent à prendre des mesures directes contre les Iraniens. “Le bras de fer iranien dans la région s’est renforcé faute d’une riposte anti-iranienne”, a déploré Netanyahu la semaine dernière. 

Après la mort de Baghdadi, l’ancien responsable des services de renseignements de l’armée israélienne, Amos Yadlin, a affirmé que Daech n’avait jamais été une menace majeure pour Israël. “Ce groupe était une menace secondaire” a-t-il affirmé. “Nous voudrions que les États-Unis agissent de la même manière contre [Qassem] Soleimani et [Seyyed Hassan] Nasrallah”, disait Yadlin, se référant respectivement au chef de la Force Qods d'Iran et au secrétaire général du Hezbollah. 

Après un entretien téléphonique avec son homologue turc en décembre dernier, Trump avait fait part de sa décision de retirer les forces américaines de Syrie, mais il en a été dissuadé par de hauts responsables de son administration. En fait, le prédécesseur de James Jeffrey, Brett McGurk, et le secrétaire à la Défense, James Mattis, ont démissionné pour protester contre le plan de retrait de Trump.

Bien que Trump ait été le premier président américain depuis deux décennies à ne pas avoir déclenché une nouvelle guerre, il est entouré de personnes appartenant à ce profond État déterminé à saboter sa politique afin de garantir une confrontation imprudente avec l'Iran à la demande d'Israël. Alors que l'élection présidentielle se profile l'année prochaine, Trump cherche à ramener à la maison les troupes américaines et à tenir sa promesse électorale, faisant passer les intérêts américains au premier plan. Néanmoins, la sécurité d’Israël est primordiale (…). »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV