Le scénario a été subtilement concocté : une pseudo annonce de retrait US suivi d'une pseudo proclamation de mort du chef de Daech et sa trop rapide succession et ce sur fond des prises de positions énergiques des Allemands, des Français et des Britanniques comme quoi ils ne seraient du genre à abandonner en cours de route la lutte contre Daech : Alors que les sources syriennes font état du retour des centaines de soldats US via Hassaké dans l'est de l'Euphrate, l'Allemagne la plus grosse économie de l'OTAN, secondée par la France, dit vouloir jouer aux cowboys au Levant.
Est-ce ainsi que Berlin entend s'acquitter des frais imposés par les USA en échange de sa présence au sein de l'OTAN? Toujours est-il que pour la première fois de son histoire, l'Allemagne d'Angela Merkel compte tenir la significative conférence sur la sécurité de Munich hors de ses frontières au Caire et à Doha. Quant à la France, elle en est à estimer que la "guerre contre le terrorisme" devrait se poursuivre ou en d'autres termes, l'occupation du nord de la Syrie en coordination avec la Turquie devrait se poursuivre. Seulement, l'occupation du nord de la Syrie, que ce soit par la Turquie par les États-Unis ou encore par l'OTAN, ni l'État syrien ni ses alliés ne l'accepteront pas. Plus de sept ans de guerre, ils ne l'ont pas fait pour que la Syrie soit démembrée sous leurs yeux. Surtout la Russie qui n'accepte guère que le front de l'OTAN s'ouvre sous son nez au Levant. Dans quel bourbier se laissent tomber la France et l'Allemagne?
Une haute autorité du département américain de la Défense a annoncé lundi dans la soirée que les ministres des Affaires étrangères des pays membres de la coalition anti-Daech se réuniront le 14 novembre à Washington en vue d’examiner un "renforcement de leur présence militaire" dans le nord de la Syrie après la mort d'Abou Bakr Baghdadi, le chef de Daech. « Entre 30 et 40 ministres des Affaires étrangères et organisations à l’initiative de la France et avec le soutien du secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, se rencontreront en vue d’examiner un "renforcement de la présence" de la coalition dirigée par les États-Unis dans le nord-est de la Syrie », a annoncé une haute autorité du département américain de la Défense sous le sceau de l’anonymat.
Pour les observateurs politiques qui ont suivit la teneur des débats au dernier Conseil atlantique réuni les 24 et 25 octobre au siège de l'OTAN à Bruxelles, l'Europe prend de très gros risques de s'impliquer dans une guerre à l'issue incertaine. L’Allemagne, le Benelux et la France auraient demandé au cours de cette réunion une intervention militaire au nord est de la Syrie, contre les forces syriennes, et ce, sous prétexte du soutien aux Kurdes. l’Allemagne, le Benelux et la France sont clairement candidats à former une coalition de guerre pour prendre la relève. N'ayant toutefois pas les moyens, ce serait donc à l'Amérique de leur en fournir.
Mais la Russie a rapidement réagi à cette première annonce : près de 300 militaires russes déployés en Tchétchénie ont été envoyés cette semaine en renforts dans le nord-est de la Syrie. Ce lundi 28 octobre, le secrétaire US à la Defense a pour la première fois menacé l'armée syrienne et les forces russes de frappes militaires. Mike Esper a menacé la Russie alors que la Défense russe a accusé samedi les États-Unis de «banditisme international», après l'annonce par Washington de son intention d'occuper les champs pétroliers de l'est de la Syrie. "La situation se complique et comme toujours, l'Europe agit en subalterne au prix de mettre en danger les intérêts de ses populations. Le fait de vouloir s'engager militairement dans le nord syrien, y maintenir des bases permanentes ne fait qu'aggraver les risques d'un conflit avec la Syrie, mais aussi avec la Russie et l'Iran. Puisqu'il est hors de question que l'OTAN puisse définitivement installer ses bases à proximité des bases russes à Lattaquié et à Tartous", note un analyste.