Dans la foulée de la conférence anti-iranienne de Varsovie qui s’est tenue en février dernier, une réunion a été organisée les 21 et 22 octobre à Bahreïn à laquelle ont participé des responsables israéliens et leurs alliés régionaux, fervents de compromis. Simultanément à cette assise, Riyad a également accueilli une réunion militaire et sécuritaire dont l’un de ses objectifs était d’examiner les "moyens de faire face à l’Iran". Et tout ceci, alors qu'il y a une dizaine de jours le PM pakistanais se rendait à Téhéran à titre d'émissaire de paix mandaté par Ben Salmane qui dans son dernier discours accusait l'Iran de "responsabilité" dans l'attaque contre Aramco mais disait ne pas vouloir la guerre, ne serait-ce que par crainte de déstabiliser le marché mondial du pétrole. Pourquoi donc ce changement radical de stratégie? L'arrivée de 3 000 soldats US et des batteries de missiles Patriot et THAAD a-t-il fini par convaincre Riyad de sa capacité à en découdre avec l'Iran?
Au fait la conférence " sécuritaire" de Riyad avait ratissé large : Les chefs d’état-major des forces armées des pays du bassin du golfe Persique et certains autres pays, notamment l'Égypte, la Jordanie, le Pakistan, la Grande-Bretagne, les États-Unis, la Corée du Sud, les Pays-Bas, l'Italie, l'Allemagne, la Nouvelle-Zélande et la Grèce, y étaient présents. Le principale thème? Cette fameuse sécurité maritime et aérienne dans le golfe Persique et les moyens de faire face aux « attaques iraniennes ». Condamnant les attaques du 14 septembre contre les sites pétroliers saoudiens, Riyad et ses satellites et partenaires ont souligné que l'Arabie saoudite avait bien "le droit de se défendre". Plus encore, les invités à cette réunion, tous alliés US, se sont dits engagés à "défendre la sécurité du gouvernement saoudien" et à "soutenir les actions des Saoudiens en matière de légitime défense".
Tous ces termes ne portent plus aucun signe de paix : c'est au contraire une déclaration à peine voilée de guerre que Riyad lance à l'adresse de Téhéran. Mais l'apogée de cette manifestation aura été sans doute, les propos du chef d'état-major saoudien, ayyad ben Hamed al-Ruwaili Fayaz bin Hamed al-Rawili.
Position anti-iranienne du chef d'état-major saoudien
Lundi, l'intéressé a déclaré que Riyad se confronterait à ce qu’il appelait la menace iranienne dans la région : « Les forces armées saoudiennes déjoueront les menaces de l'Iran et de ses alliés », a-t-il proféré. Et de poursuivre: « Cette conférence vise à examiner les dangers, les menaces et les problèmes de sécurité et de défense des pays de la région qui disposent de 30% de l'énergie mondiale. La conférence d'aujourd'hui cherche à trouver le moyen le plus approprié de mettre en place des capacités militaires communes pour soutenir les installations vitales des pays participants. » Et le général dont l'armée est en totale débandade dans le sud saoudien face à Ansarallah d’enchaîner : « Depuis la révolution iranienne, la région souffre des crises et des problèmes créés par ce pays, qui agit selon le principe de l'exportation de la révolution dans d'autres pays et du non-respect des obligations et des lois internationales ...Une coopération collective est nécessaire pour renforcer notre arsenal et faire face aux menaces de l’Iran et de ses alliés ».
Riyad veut-il la guerre avec l'Iran après l'avoir perdu face à Ansarallah?
Objectifs de la visite du secrétaire américain à la Défense en Arabie saoudite
Les observateurs soulignent en effet la simultanéité de ces deux conférences anti iranienne et la visite inopinée de Esper à Riyad. Après s’être entretenu mardi avec le roi Salmane ben Abdel Aziz de « la coopération stratégique » entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, le secrétaire américain à la Défense a rencontré le vice-ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled ben Salmane. Sa mission?
Mark Esper envisage de revivifier la confiance des Saoudiens envers les Américains après deux coups consécutifs : le refus US de riposter aux attaques au drone d'Ansarallah contre Aramco le 14 septembre puis le retrait des troupes américaines de Syrie. Ce double événements a précédé en outre la visite de Poutine à Riyad où il s'est proposé en une alternative viable aux Saoudiens en mal d'allié fiable. La visite de Vladimir Poutine en Arabie saoudite a suscité les vives inquiétudes de Washington et Esper a cherché en partie à rassurer les craintes des armuriers US de voir le marché saoudien leur échapper à l'arrivée du fournisseur d'arme russe. Et puis des accords énergétiques russo-saoudien qui inquiète là encore les Américains. Mais the last but not the least, faire ne sorte que la paix ne voie jamais le jour entre Riyad et Téhéran. Au fait les propos anti-iraniens tenus presque au même moment par le ministre délégué des A.E. saoudien, Adel al-Jubeir dans les capitales européennes renforcent tous cette hypothèse : Riyad est une nouvelle fois tombé dans le piège tendu par les USA qui ne lui veulent que le malheur: la poursuite de la guerre au Yémen, un choc frontal avec l'Iran et une définitive rupture avec la Russie...
Les actes de provocation des USA dans le golfe Persique
Peu après la tenue de la conférence anti-iranienne de Riyad, des manœuvres navales ont commencé le 21 octobre dans le golfe Persique en présence de 50 pays et sept organisations internationales, et ce, sous l’égide du Centcom (commandement central des États-Unis) et de la cinquième flotte des États-Unis à Bahreïn. Des manœuvres en quatre phases, formation du personnel, discussions et séminaires, exercices maritimes et déplacement de forces et s'étendant dans le golfe Persique, en mer d’Oman, dans le golfe d'Aden et en mer Rouge...Bref de quoi tenir encore pendant un certain temps par le bout du nez Riyad et lui vendre des "armements de pacotille".