Après le non de la France et de l'Allemagne, un troisième "non" à la coalition de guerre US dans le golfe Persique : le Danemark est prêt à revenir sur sa position initiale, laquelle donnait le pays partant pour s'engager militairement sous la bannière étoilée face à l'Iran. L'heure est-elle au désistement?
La chaîne tv2 de la télévision d’État danoise vient de diffuser un reportage sur la perspective d'une participation danoise à "la mission navale US" dans le golfe Persique. S'il est vrai que la majorité parlementaire a voté pour l’implication des forces navales du pays dans la "mission en question" dans le golfe Persique, les parlementaires commencent à s'interroger. C'est le cas des socialistes qui semblent avoir changé d’avis. En effet, l’ex-ministre danois des Affaires étrangères et porte-parole des affaires étrangères du parti socialiste au parlement, Martin Lidegaard, affirme au reporter du tv2 que le soutien du PS danois à la coalition dépendra au feu vert de l’Europe et à sa position envers la coalition proposée par Trump.
« Nous sommes d’avis que notre pays ne peut pas accepter de contribuer dans la coalition dans laquelle sont présents seuls les États-Unis et le Royaume-Uni », a signalé le parlementaire socialiste et Lidegaard de préciser :
« Notre vision actuelle va de pair avec la politique entreprise par les deux puissances européennes, à savoir la France et l’Allemagne, qui ont refusé de participer à la coalition américaine dans le golfe Persique et dans la mer d’Oman, du fait que le président américain s’est retiré de l’accord sur le programme nucléaire iranien. Mais, le gouvernement social-démocrate fût d’abord d’accord avec une mission internationale dans les eaux du golfe Persique, il a du mal pourtant à persuader ses co-partis sociaux-démocrates et les députés de la liste de l’unité (Alliance rouge et verte) qui sont tous les deux contre l’envoi des forces navales de leur pays vers la région. »
Le 27 juillet, le Danemark s’est dit prêt à participer à une soi-disant mission navale internationale pour assurer ce que celle-ci a nommé la "protection du transport maritime international dans le détroit d’Hormuz".
Le possible désistement du Danemark intervient quelques heures que le gouvernement de Gibraltar a annoncé être prêt pour une désescalade dans ses liens avec l'Iran. Certaines sources n'écartent pas non plus la libération de "Grace 1", retenu depuis près de 2 mois avec 2 millions de barils de pétrole iranien à son bord, dans les heures à venir. La réaction de Londres à cette annonce a bien attiré l'attention des analystes. Alors que la Grande-Bretagne a lancé des commandos marins à l'assaut de Grace 1 avant de le conduire au large de Gibraltar et ce, suivant les ordres de Washington, le gouvernement britannique a annoncé mardi que l'affaire de la mise en liberté de "Grace 1" ne le regardait pas et que c'était une décision qui appartenait à la justice gibraltarienne.
Cette annonce britannique est interprétée par certains milieux comme un début de retrait face à l'Iran, Londres ayant visiblement réalisé les limites qu'il y a à s'engager dans une action militaire contre l'Iran. Alors que le nouveau Premier ministre britannique Borris Johnson a choisi de s'engager sous la bannière étoilée pour faire face à l'Iran, le président américain a bien mis les points sur les i mardi en Pennsylvanie:
Lors de sa visite à une usine de gaz naturel Shell dans une zone rurale de l'ouest de la Pennsylvanie, le président américain Donald Trump a affirmé :
« Vous seriez au courant de ce qui se passe dans les détroits maritimes. Ne sont pas nombreux les navires américains là-bas… je me suis retiré de l’accord [nucléaire iranien] et j’ai fait du bon travail. [L’Iran] est maintenant un pays différent. Maintenant, ils saisissent les pétroliers étrangers, mais ils ne saisissent pas les nôtres. Les médias ont annoncé que nous n’avons pas beaucoup de navires dans la région. C’est vrai, car nous avons nos propres gisements pétroliers et gaziers. »
Trump fait clairement allusion au Steno Impeto, pétrolier britannique, arraisonné par l'Iran et se désiste totalement d'y être pour quelque chose, fait remarquer Hadi Mohammadi, l'expert des questions internationales. En effet, l'échec de la mission de John Bolton, parti à Londres pour évoquer la suite à donner aux opérations militaires USA/GB contre l'Iran et dans le golfe Persique a été criante, Johnson ayant refusé au moins pour l'instant de jouer le jeu US, souligne l'analyste.
Selon Al-Mayadeen, la Grande-Bretagne aurait à nouveau appelé à une médiation irakienne pour régler l'affaire du Steno Impero. « Bagdad a joué un rôle-clé dans le règlement de la crise des tankers entre Téhéran et Londres », a confié le responsable irakien sous le couvert de l’anonymat et cité par Al-Mayadeen.
Ce responsable affirme que le premier ministre "Adel Abdel Mahdi a déployé ses efforts pour apaiser effectivement l'escalade entre l’Iran et le Royaume-Uni" et que "lors de sa visite à Téhéran, le 22 juillet, il était effectivement porteur du message des responsables britanniques à leurs homologues iraniens".
Auparavant, l’imam de la prière de vendredi de la ville sainte de Nadjaf en Irak, avait lui aussi affirmé que les Britanniques avaient invoqué l’aide de l’Irak pour persuader l’Iran à libérer le navire pétrolier britannique Stena Impero, saisi au terme d'une spectaculaire opération d'abordage effectué le 20 juillet par les unités marines du CGRI.