Depuis 48 heures, Israël fait semblant comme si de rien n'était et pourtant, le déni ne peut effacer le choc. Habillé de treillis militaire et armé de Kalachnikov, le combattant palestinien Hani Abu Salah, 21 ans, a franchi la "frontière" de la bande de Gaza avec la Palestine occupée, et ce, sous les yeux terrifiés des militaires sionistes qui pour avoir fait un exercice militaire de 4 jours juste avant le 1er août, se croyaient parfaitement à même de contrer "toute infiltration".
Au demeurant la dite"infiltration" s'est déroulée sous la surveillance approchée des cameras, des postes de surveillance ou encore de "Dôme de fer" et il a fallu à l'armée sioniste, selon la chaîne 13, deux étapes bien distinctes et l'implication des renforts pour mettre au pas "l'assaillant". Le vendredi 2 août, les militaires israéliens venus comme les 69 vendredis précédents mater dans le sens les manifestants de la marche de Grand retour, tiraient à l'aveuglette sur la foule, croyant voir en chaque manifestant palestinien, un Abu Saleh. S'il est vrai que les milieux militaires israéliens ont tenté de sous estimer l'opération pour ne pas avoir à conseiller au Premier ministre sioniste une action militaire contre Gaza laquelle action militaire pourrait déboucher sur une avalanche de missiles palestiniens s'abattant sur Israël, la situation n'en demeure pas moins grave.
L'ancien chef du service de sécurité du Shin Bet, Yoram Cohen, a reconnu vendredi qu'Israël investissait "des milliards de dollars en main-d'œuvre, en technologie et en renseignements afin d'empêcher de tels événements". Le ton est celui du reproche mais l'officier reconnaît l'incapacité d'Israël à riposter : « Une action militaire israélienne contre la bande de Gaza pourrait donner lieu à une nouvelle série de tirs de missiles en provenance de Gaza. L'armée n'est pas convaincue à l'heure qu'il est de la nécessité d'une action militaire propre déboucher sur une bataille majeure ou guerre », a fait remarquer Cohen qui a renvoyé à l'agression israélienne de 2014 contre Gaza et aux surprises auxquelles s'est heurtée l'armée sioniste : « À l'époque, Israël ne connaissait ni l'existence des tunnels ni les intentions de l'autre partie et rien ne dit qu'une nouvelle guerre contre Gaza ne se déroulerait pas dans des circonstances pareils. »
Le vendredi 2 août, la Résistance islamique de la Palestine a envoyé, selon les agences, un "important message" à Israël.
Citant Suhail al-Hindi, membre du bureau politique du Hamas, l'agence de presse palestinien SAMA a rapporté vendredi 2 août que ce mouvement avait adressé un "message fort" au régime de Tel-Aviv par un médiateur qui fait partie des membres des pourparlers de l’accord sur le cessez-le-feu. La trêve qui peine à survivre, a été conclue au mois de novembre à la demande expresse d'Israël, au bout de 48 heures de tirs de missiles et de roquettes de la Résistance contre les colonies du sud israélien. Le message du Hamas est effectivement trop fort et a tout pour ressembler à un casus belli : « Si Israël attaque les Palestiniens et massacre nos forces et les civils, les groupes de la Résistance n’hésiteront pas à lui fournir une riposte foudroyante », a-t-il martelé.
Soulignant que le Hamas ne restera pas les bras croisés face aux exactions d’Israël, ce haut cadre du Hamas a réaffirmé :
« La Résistance recourt à tous les moyens pour défendre la nation palestinienne. »
En allusion à la manifestation du vendredi 2 août à Gaza contre la destruction d’une centaine de maisons des Palestiniens par le régime occupant Qods, ce membre du bureau politique du Hamas a déclaré que "ces manifestations portent un message clair à nos compatriotes palestiniens habitant à Qods. Elles signifient que nous nous tenons debout à leurs côtés et que nous ne les abandonnerons jamais malgré le blocus et les nombreux problèmes".
En Israël ce message est autrement interprété : « Ce message tout comme l'opération du 1er août à Khan Younes seraient les premières manifestations du rapprochement substantiel Iran-Hamas qui découle de la récente visite de la délégation du Hamas à Téhéran. Israël craint l'ouverture d'un front dans le Sud en cas de guerre dans le Nord. Selon une source importante des forces de sécurité, le Hamas et le Jihad islamique tenteront de contraindre Israël à transférer son armée et ses systèmes de défense aérienne au Sud soit sur les frontières avec Gaza et ce, aux dépens de la région du Nord, au cas où une guerre venait à éclater contre le Hezbollah. L'opération du martyr Hani Abu Salah semble être le prélude à des surprises à venir », affirme Rai al-Youm, citant les forces sécuritaires en Israël.