A peine sortie de la réunion urgente sur la "crise Steno Impero", le secrétaire au Foreign office britannique s'est mis à menacer l'Iran, mais comme le dirait The Guardian, " la mort dans l’âme" : il a d'abord usé d'un discours trop impératif au gout des Iraniens en affirmant que ces derniers devraient " relâcher notre pétrolier". Puis, un peu à la manière de Pompeo, il a accusé l'Iran de poursuivre " son comportement à risque" pour finir sur une menace qui fait rire plus d'un à Téhéran : " Si telle est l'attitude iranienne, l'Iran devra s'attendre à une hausse de la présence militaire occidentale sur ses côtes".
Mais la partie la plus symptomatique du désarroi dans lequel s'ébat désormais Londres s'est manifestée quand l'intéressé a accusé l'Iran d'acte de piratage étatique laquelle partie a précédé cette menace haute en couleur : "Nous sommes en quête de créer une force marine européenne pour protéger nos pétroliers? Nous allons faire passer à 3 le niveau d'alerte et dire à nos pétroliers de nous informer à chaque fois qu'ils ont l'intention de traverser le détroit d'Hormuz". Or la menace censée "terroriser" l'Iran perd sensiblement du poids quand Hunt affirme : " Ceci dit, la Grande-Bretagne n'a pas la possibilité d'escorter tous ses pétroliers".
A vrai dire, cette alliance maritime guerrière européenne, dont l'idée est évoquée par Hunt est le vœu le plus cher des États-Unis, dont le retrait de l'accord de Vienne n'a été en réalité qu'un prélude à la mise au pas de l'Europe politique avant de la pousser, dans le stricte objectif de l'anéantir, dans les affaires de la guerre, une première d'une si grande ampleur après la Seconde Guerre mondiale. La détention du superpétrolier Grace 1 a été un méga piège tendu par les USA à l’Europe pour l'impliquer davantage dans l’offensive US contre l’Iran. Les Américains se cachent malicieusement derrière Londres à attendre le premier affrontement GB/Iran qui ne pourrait évidemment laisser, croient-ils, indifférents les autres pays de l'Europe, y compris la France et l'Allemagne. Or une telle guerre c'est ce que souhaite le plus au monde une Amérique trumpiste qui méprise l'Europe et y voit une puissance économique rivale à abattre.
"Les États-Unis ont réussi à mettre à profit les dissensions et les incohérences au sein de l'équipe au pouvoir à Londres pour impliquer la Grande-Bretagne dans leur jeu infiniment dangereux. Washington a très bien compris qu'il est incapable de faire face à l'Iran sans l'aide substantielle de ses alliés. Reste à savoir à quel point les dirigeants britanniques sont prêts à suivre le fou de la Maison Blanche dans son aventure, a fait remarquer l'analyste des questions internationales, Hadi Mohamadi.
Lundi 22 juillet, Mike Pompeo, secrétait d’État américain a déclaré lors d’une interview accordée à la chaîne américaine, Fox News que la libération du pétrolier Steno Impero incombait exclusivement à Londres : " La Grande-Bretagne devra protéger elle-même ses pétroliers. Quant à nous nous ne voulons pas de guerre avec l'Iran. Nous voulons qu'ils se comportent comme une nation normale ».
Il est clair que l’Iran n’a pas l’intention d’abdiquer devant les sanctions et l’agression des USA. Le Moyen-Orient s’approche donc d’un « niveau d’alerte maximale » et ce, dans la foulée d'une politique américaine insensée contre quoi l'Europe n'a rien fait et dont elle semble désormais la victime expiatoire. Ce mardi 23 juillet, le vice-ministre iranien des A.E., Abbas Araqchi est parti à Paris porteur d'une lettre du président Rohani. Cette lettre devra sans doute contenir un avertissement clair : L'Europe a tout intérêt à ne pas se mêler à la guerre qui se déroule entre les USA et l'Iran.
Le vendredi 19 juillet, le Corps des Gardiens de la Révolution islamique a arraisonné un pétrolier battant pavillon britannique lequel avait violé les réglementations internationales en éteignant son GPS et en empruntant une voie autre que celle réservée aux navires entrant dans le golfe Persique, prenant ainsi le risque de provoquer des accidents. L'arraisonnement a fait suite à la décision de la Cour suprême de Gibraltar de prolonger pour 30 jours supplémentaire la détention du pétrolier Grace 1.