L’Égypte n’a pas réagi à un rapport du site DEBKAfile, proche du renseignement israélien, sur l’opposition du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à une demande du Caire à Tel-Aviv pour qu’il renonce au déploiement des systèmes de missiles autour du barrage de la Renaissance en Éthiopie.
Le célèbre auteur et analyste du monde arabe Abdel Bari Atwan s’est penché dans un article sur ce dossier, qui trouble depuis un certain temps les relations israélo-égyptiennes.
Selon DEBKAfile, Israël a fini d’installer le système de défense aérienne avancé Spyder-MR près du grand barrage éthiopien de la Renaissance situé en amont du Nil.
L’éditorialiste de Raï al-Youm a jugé que les liens solides entre le gouvernement de Netanyahu et l’administration du barrage de la Renaissance sur le plan de l’investissement et de la technologie étaient désormais un secret de polichinelle. Le plan du barrage a été conçu par les États-Unis et Israël, qui avaient mené les études d’ingénierie sur l’emplacement du barrage. Il a pour objectif d’affaiblir l’influence politique, économique et militaire de l’Égypte sur le continent africain via leur allié éthiopien.
Évoquant certains éléments prouvant les liens étroits qui existent entre le régime israélien et les administrateurs du barrage éthiopien, M. Atwan a indiqué que la signature récente de contrats de transport d’énergie électrique produite par le barrage vers le Kenya et le Soudan du Sud avec des entreprises israéliennes entrait dans le cadre de ce rapprochement. L’article souligne que le silence observé par l’Égypte devant les rapports révélateurs du site israélien était une stratégie du président Sissi pour éviter une crise majeure avec Israël, qui prétend coopérer avec l’Égypte dans le Sinaï. En effet, l’Égypte de Sissi a bien peur que le régime de Tel-Aviv, à l’origine du terrorisme takfiriste au Sinaï, ne décide d’intensifier les attaques contre l’armée égyptienne. La dernière attaque de Daech dans le Sinaï, qui date du début du mois de juin, a fait des morts dans les rangs de l’armée. En effet, Israël fait chanter Sissi à double titre : son armée est visée par les supplétifs daechistes de Tel-Aviv, mais aussi par des missiles que Tel-Aviv vient de déployer en Éthiopie.
« Le régime israélien ne cessera sa politique visant à resserrer l’étau autour de l’Égypte. Bien qu’Israël prétende entretenir de bonnes relations avec Sissi et son gouvernement, il voit le pays africain et surtout son armée, l’une des plus puissantes d’Afrique, comme un grand danger pour son existence, surtout que le peuple égyptien est fermement opposé à toute normalisation avec Israël et le considère comme un ennemi irréconciliable. Mais la livraison de missiles Spyder israéliens à l’Éthiopie ne signifie-t-elle pas un retour sur les accords militaires de part et d’autre ? », a noté l’éditorialiste de Raï al-Youm.
Pour Atwan, le déploiement de ces batteries de missiles en Éthiopie autour du barrage de la Renaissance révèle en réalité les vrais objectifs d’Israël envers l’Égypte. Cet acte d’Israël adresse un message au président Sissi et à son armée. Espérons qu’ils le comprendront, conclut Atwan.