Dans un excès de verve et de verbe, les médias maistream qualifient le prince héritier émirati de "Giulio Cesare", de "Mussolini" ou encore de "Frankenstein". Cette mystification s'est heurtée toutefois de plein fouet à un obstacle de taille : la résistance yéménite....Au Yémen, Ben Zayed est sur le point de plier bagage. Alors que les bases militaires de l’Arabie saoudite ni ses aéroports notamment ceux situés dans les provinces de Najran, de Jizan et d’Abha ne sont pas à l’abri des opérations réussies menées par les unités de drone et balistiques de l’armée yéménite et des combattants d’Ansarallah, les analystes s’interrogent sur d’éventuelles opérations contre des cibles émiraties, se demandant les raisons pour lesquelles les Émirats arabes unis n’ont jusqu’à présent fait l’objet d’aucune attaque yéménite.
Un expert militaire yéménite répond à la question en expliquant que les combattants d’Ansarallah ont en effet à l’œil les installations et les sites stratégiques émiratis. Les Émirats arabes unis ne sont donc pas à l’abri des attaques d’Ansarallah que seul le facteur temps retarde. En fonction de ses priorités fixées d’avance, Ansarallah contrôle minutieusement les facteurs-clé pour attaquer le bon endroit au bon moment. Et loin d’être empêchés par un manque de moyens, les forces yéménites ne vont pas tarder à lancer des attaques, similaires à celles ayant visé les installations pétrolières et les aéroports saoudiens, contre les sites vitaux des EAU.
Le site web Al-Khaleej online rappelle l’importance d’un point vue économique des régions yéménites de Maarib, de Hudaydah, d’Aden et de la côte occidentale du Yémen, des régions desquelles ont reculé les forces émiraties.
Il souligne aussi que le déploiement militaire émirati dans ces zones était bien documenté, réfléchi et pas anodin. Suite à une vague de contestation populaire au Yémen exposant les Émirats aux risques d’attaques yéménites, Abou Dhabi a procédé à un retrait progressif du Yémen. Le 3 juin dernier, les sources yéménites ont fait état du retrait des militaires émiratis de la province de Marrib dans l’est du Yémen.
La nouvelle a vite été confirmée par la chaîne de télévision Al-Jazeera et par le journal américain, The Wall Street Journal pour qui le retrait d’une grande partie des forces émiraties témoigne de la crainte d’Abou Dhabi d’une riposte en cas de déclenchement d’un conflit entre l’Iran et les États-Unis.
Abou Dhabi a retiré certaines de ses troupes du port sud d’Aden et de la côte ouest du Yémen, les zones où il avait déployé le plus grand nombre de ses militaires, a rapporté rappelons-le aussi, Reuters, le 28 juin.
Maarib, Aden, la côte ouest et Hudaydah représentent chacun des richesses qui ne laissent pas indifférents les pilleurs. Maarib pour ses terres fertiles et ses mines, Aden pour sa position stratégique d’un point de vue économique et ses raffineries, la côte ouest pour son accès à la mer Rouge ainsi que ses ports et ses passages maritimes qui mènent jusqu’au détroit de Bab el-Mandeb et enfin, Hudaydah, pour son point de jonction avec la Corne de l’Afrique.
Le retrait des zones précitées illustre bel et bien l’énorme perte qu’ont subie les Émirats arabes unis.
Abou Dhabi dispose de trois types de forces militaires au Yémen. Le premier est composé de 1 500 soldats et officiers de l’armée poursuivant souvent des missions d’entraînement au Yémen. Le deuxième concerne des soldats yéménites auxquels Abou Dhabi apporte un soutien financier et fournit des équipements militaires. Le troisième regroupe environ 1 800 mercenaires de nationalités colombienne, salvadorienne, Chilienne et érythréenne.
Dénonçant la poursuite du soutien des Émirats arabes unis aux paramilitaires séparatistes et accusant le pays de tenter de s’emparer du sud du Yémen, notamment l’île de Socotra, le peuple yéménite appelle à l’expulsion des forces émiraties.
Khaled al-Yamani, ministre des Affaires étrangères du gouvernement démissionnaire du Yémen, est allé jusqu’à avouer qu’Abd Rabbo Mansour Hadi n’est pas parvenu à créer un véritable partenariat avec la coalition dans les zones contrôlées.
Les Émirats sont aussi accusés de faire obstacle au retour de Mansour Hadi. Mais les Émirats arabes unis ont d’ores et déjà fait les frais de leur interventionnisme au Yémen. La plupart des 111 militaires émiratis tués en dehors du pays entre 2015 et juin 2018 ont perdu la vie au Yémen. Sans oublier les lourds dégâts matériels et les menaces de riposte d’Ansarallah qui a déjà pour cible l’aéroport d’Abou Dhabi en 2018.
Il convient d’évoquer la mort de 48 soldats émiratis au cours d’une seule opération qui s’est déroulée le 4 septembre 2015.