L’obstination de la junte militaire au pouvoir à Khartoum à maintenir sa présence au Yémen risque de lui coûter trop cher. Un 1er accrochage sanglant contre les Soudanais exigeant le retour du pouvoir civil a laissé au moins 14 morts.
Ce lundi 3 juin au Soudan, la junte militaire a commencé à faire disperser par la force le sit-in des protestataires devant son QG à Khartoum, la capitale.
Selon l’agence de presse Tasnim qui cite des médiaux soudanais, simultanément à la suspension des négociations entre les militaires dirigeant le Soudan et les protestataires, l’Alliance pour la liberté et le changement (opposition) a appelé à poursuivre les manifestations pacifiques, pour réclamer le transfert du pouvoir aux civils.
Des tirs ont été entendus ce matin dans le lieu du sit-in devant le QG du Conseil militaire de transition (CMT) à Khartoum où les militaires ont tué au moins 2 personnes, selon un comité de médecins (14 selon d’autres sources sur le terrain), blessant au moins 60 autres.
Des militaires soudanais ont fermé les rues conduisant à la place où avait lieu le sit-in à Khartoum. Ils ont utilisé des gaz lacrymogènes et tiré sur les protestataires afin de les disperser.
Pour sa part, le Rassemblement des professionnels soudanais, une composante du mouvement de protestation, a fait part d’un « massacre sanguinaire », au cours de la tentative subite de dispersion, devant le QG de la junte militaire ce lundi dans la capitale.
Cet organisme a également appelé le peuple à envahir toutes les rues conduisant à la place où sont organisés le sit-in et la grève générale, pour défendre les acquis du mouvement de protestation.
Des médias soudanais ont publié des images montrant que les tentes des grévistes ont été incendiées. Les médias avaient fait part auparavant d’une présence renforcée des forces sécuritaires dans les rues du centre-ville de Khartoum, pour mettre fin au sit-in devant le QG du Conseil militaire de transition (CMT).
La coalition « al-Ittihadi », relevant de l'opposition soudanaise, a déclaré, lundi, la suspension définitive des négociations avec le Conseil militaire. C’est ce qui ressort d’un communiqué, émis par cette coalition membre des Forces pour la liberté et le changement, consulté par l’agence de presse Anadolu.
À noter que la répression des protestataires à Khartoum intervient trois jours après la rencontre du chef du Conseil militaire de transition soudanais, Abdel-Fattah Al-Burhan, avec des responsables saoudiens à La Mecque.
Le Soudan est aux prises avec troubles et agitations depuis que l’ancien président, Omar el-Béchir, a été destitué par l’intervention de l’armée soudanaise, le 11 avril, suite aux protestations populaires contre la mauvaise situation économique.
Le Conseil militaire de transition (CMT) est soutenu par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte. Les protestataires réclament le transfert du pouvoir aux civils et les Soudanais sont contre la participation de leur pays à la coalition de guerre lancée par l’Arabie saoudite contre le Yémen.