Cela fait des décennies que les habitants d'Okinawa subissent les méfaits de l'occupation de leur île par l'armée américaine : De cette présence, héritée de la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Japonais n'ont eu pour dividende que viols, assassinats, vols commis par les soldats US à leur encontre, au nom de la préservation de leur sécurité. De manif en manif ils ne cessent depuis bien longtemps de crier "Yankee dehors!" sans que les autorités de Tokyo y prêtent l'oreille. Mais voici que le vent commence à tourner et que le Premier ministre nippon traite la présence militaire US comme étant à l'origine de l'insécurité! Evidemment, vu l'état des relations avec Washington, il est hors de question que les autorités japonaises parlent à cœur ouvert et sans détour. Elles évoquent donc une menace qui risque de venir de Pyongyang ou encore Pékin pour justifier cet appel timide au retrait des militaires US du sol japonais. Dans une lettre à l’adresse aux responsables américains, le gouverneur d’Okinawa, Denny Tamaki, a appelé donc à la fermeture de la base aérienne de Marine Corps à Futenma.
« La poursuite de la présence des troupes américaines à Futenm pourrait donner lieu à des manifestations contre toutes les bases militaires américaines à Okinawa, ou même à un mouvement anti-américain global comme ce fut le cas auparavant », a averti le gouverneur d’Okinawa, Denny Tamaki, se rappelant les turbulences du début des années 70, lorsque les manifestants japonais se sont unis pour réclamer le retrait des Américains de l’île.
« De tels mouvements auraient un impact significatif sur les arrangements de sécurité américano-nippons ainsi que sur l'alliance entre Washington et Tokyo y compris l'exploitation de la base aérienne de Kadena et de l'installation navale de White Beach », a-t-il expliqué.
M. Tamaki a également réitéré dans sa lettre que les opérations aériennes de la marine américaine devaient cesser sur l'île. « Il se peut que les États-Unis fassent l’objet d'attaques sino-nord-coréennes », a-t-il dit.
En décembre 1970, les tensions ont atteint un point culminant à Okinawa après qu'un conducteur américain en état d'ébriété a frappé un piéton, déclenchant l'une des plus grandes manifestations anti-américaines. Cet incident, connu plus tard sous le nom d'émeutes de Koza, a vu des milliers d'habitants d’Okinawa organisé des manifestations contre la présence américaine sur l'île.
Selon le quotidien nippon Japan Times, des résidents locaux ont sorti les conducteurs américains de leurs voitures, les ont frappés et incendié leurs véhicules. Plus de 80 voitures ont pris feu et des dizaines d'Américains ont été hospitalisés.
Les États-Unis et le Japon confirment leur intention de déplacer la base maritime d'Okinawa en dépit de l'opposition du public.
Au cours des dernières années, des responsables américains et japonais ont élaboré divers plans visant à déplacer la base du service dans la baie d'Henoko, dans la ville de Nago, à Okinawa. Cependant, le projet a été reporté à plusieurs reprises en raison de l'opposition des responsables locaux et de résidents qui souhaitent que la base soit retirée de la préfecture.
Une très large majorité de la population d’Okinawa a voté, dimanche 24 février 2019, contre le transfert d’une base militaire américaine lors d’un référendum d’initiative local. Les électeurs ont exprimé à 72,2 % leur opposition au déplacement de la base de Futenma, située au cœur d’une zone urbaine au sud de l’île d’Okinawa, à Henoko, moins peuplée et proche du camp Schwab, l’une des plus grandes bases américaines.
Selon le Premier ministre japonais Abe Shinzo, la construction d'une nouvelle base pour les troupes américaines à Henoko a été reportée de 20 ans et il ne faudrait plus retarder la mise en application du projet. Selon un accord conclu entre le Japon et les États-Unis en 1996, les troupes militaires américaines stationnées dans la zone densément peuplée d'Okinawa seraient transférées dans une localité moins peuplée.
Okinawa a été occupée par les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale. Situé à 1 500 km au sud-ouest de Tokyo, l'archipel a été restitué au Japon en 1972, cependant plusieurs forces américaines ont été déployées dans une base de l’île.
Cette région ne représente que 1% de l'ensemble du territoire japonais, mais en raison de sa proximité avec Taïwan, les États-Unis y accordent une importance stratégique toute particulière. Aujourd'hui, 47 000 soldats américains sont stationnés au Japon dont environ la moitié opère à Okinawa.