Donald Trump change de ton : après avoir évoqué "la fin de l'Iran", s'il y a un conflit avec les États-Unis, le président US promet un avenir radieux aux Iraniens, "sous l'actuel leadership". Les observateurs y notent surtout l'abandon de l'antienne " Régime change" mais aussi les signes d'un intense effort de Washington destiné à ouvrir par tous moyens les portes de dialogue avec l'Iran. Ces portes restent, à l'heure qu'il est, hermétiquement fermées.
Lors d’un point de presse conjointe avec le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, le président américain, Donald Trump, a affirmé à la surprise générale que l'Iran "pourrait devenir un grand pays sous son actuel leadership ".
« Je suis d’avis que l’Iran est prêt au dialogue. S’ils sont prêts, nous aussi, nous sommes prêts. On verra ce qui arriva. Mais une chose est sûre ; c’est que le Premier ministre japonais entretient d'étroites relations avec le leadership iranien. Personne ne veut que les choses terribles se produisent, en particulier moi », a ajouté Trump.
« À mon avis l’Iran et les États-Unis peuvent trouver un accord. L’Iran possède une importante potentielle économique. Je sais que beaucoup d'Iraniens sont des gens dotés d'une grande vision. Et sous l'actuel leadership, l'Iran a la chance de devenir un grand pays, a dit notamment le président US qui vient d'annoncer l'envoi de 1500 militaires US dans la région.
« Nous ne cherchons pas un changement de régime. Je veux que cela soit clair. Ce que nous voulons, c'est l'absence d'armes nucléaires. Je ne veux absolument pas nuire à l'Iran, a-t-il dit estimant même pouvoir "parvenir à un accord".
Dans la foulée, la presse japonaise a fait état d'une médiation nippone au mois de juin que l'Iran n'a pas encore confirmée.
« Le président américain Donald Trump, a réagi positivement à la décision du Premier ministre chinois, Shinzo Abe, de partir en Iran en juin prochain pour tenter une médiation entre Téhéran et Washington et la détente entre les deux pays », a écrit le quotidien Yomiuri.
« Dimanche dernier, Abe a informé Trump de sa décision de se rendre en Iran en vue de jouer un rôle intermédiaire entre ce pays et les États-Unis. Trump a donné son approbation à cette proposition lui demandant de se rendre le plus vite possible à Téhéran », a écrit Yomiuri.
« Le Premier ministre japonais se rendra en Iran du 12 au 14 juin. Il s’agit du premier déplacement d’un Premier ministre japonais depuis 1978 juste avant le renversement du précédent régime », a écrit par ailleurs l’agence de presse Kyodo news.
L’Iran a de son côté déclaré qu’il ne négocierait que sur base de l’accord nucléaire signé avec les États-Unis et les quatre autres pays en 2015. Téhéran affirme ne pas pouvoir faire confiance aux États-Unis. L'Iran demande comme toute condition au dialogue la levée de toutes les sanctions US entrées en vigueur à la suite du retrait décidé par le président US de l'accord nucléaire.
Dans une analyse publiée sur le site Sputnik, l'expert iranien Imad Abshenas comment les propos du président US comme une marche arrière par rapport aux douze conditions qu'avait formulées précédemment le secrétaire d'Etat US, Mike Pompeo dans le cadre d'un dialogue USA/Iran : " la partie la plus importante de ce discours est la disponibilité de Trump à négocier sur une base exclusivement nucléaire. Pas d'annexe balistique ni rien d'autre. Trump renonce à l’obsession boltoniste qui parle tout le temps d'un changement du régime. Et puis il n'y a plus aucun signe de cette escalade militaire qui a monopolisé les médias la semaine dernière. Et puis humiliation suprême pour les régimes arabes et pour l'Europe, Trump veut une médiation japonaise. Mais de là à dire que Trump accepterait la double condition de l'Iran à savoir retour à l'accord nucléaire et la levée des sanctions, c'est un pas qu'il est très tôt de franchir au moins avant la tenue de la présidentielle US".