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Sissi interviendra-t-il dans une guerre saoudienne contre l'Iran?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Exercices militaires "tonnerre du Nord" à Hafar al-Batin, en Arabie saoudite, le 10 mars 2016. ©AFP

Par crainte des impacts nuisibles de la formation d’une OTAN arabe, l’Égypte a annoncé son retrait du plan et appelé les États-Unis et l’Arabie saoudite à revenir sur leur décision.

Le Caire a mis en garde, il y a quelques semaines, Riyad et Washington contre leur participation à la formation de l’OTAN arabe, laquelle a comme objectif de « faire face à l’Iran ». Cette OTAN verra ses premiers membres émerger à la Mecque où se tiendra une conférence contre " le terrorisme iranien", comme le signale Riyad. Alors que Téhéran vient de proposer un pacte de non-agression, l'Égypte a-t-elle intérêt d'y prendre part?

En effet, Le Caire, bien occupé au Soudan et en Libye, ne veut d'aucune façon ouvrir un nouveau front qui de surcroît, l'opposerait à l'Iran. Or un retrait égyptien signifie que le plan de l’OTAN arabe se verrait stoppé à la première phase dans la mesure où l’Égypte constitue le plus grand et le plus puissant pays arabe en termes militaires. La nouvelle décision du Caire a été analysée par des journaux égyptiens. L’analyse du site web al-Khaleej al-Jadid évoque trois raisons possibles quant à ce retrait :

Primo, Abdel Fattah al-Sissi n’a pas confiance ni au président américain Donald Trump ni au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

En effet des sources égyptiennes affirment que le président égyptien n’est pas rassuré d’une prochaine victoire de Trump aux futures présidentielles. Ou encore, al-Sissi craint aussi qu’un démocrate soit élu à la place de Trump, ce qui amènerait les États-Unis à revenir dans l’accord nucléaire. Ce manque de confiance est donc justifié. Aux yeux du Caire, le président Trump est connu pour changer d’avis comme de chemise, ce qui n’inspire pas confiance.

Le Caire est aussi méfiant envers le prince héritier saoudien dans la mesure où al-Sissi et ses conseillers le considèrent comme un homme hâtif qui prend des décisions inappropriées.

Secundo, le gouvernement égyptien, contrairement à l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ne voit pas en l'Iran une véritable menace. Le haut commandement égyptien a la ferme conviction qu’il n’existe aucune raison pour en vouloir à ce point à l’Iran et que ce discours de haine prêché contre Téhéran à travers la région est plutôt un prétexte. L’Égypte craint en fait que Trump et Ben Salmane, avec leurs décisions hâtives, poussent à une guerre générale dont l’Égypte ne veut guère. 

Tertio, Le Caire est bien sensible aux liens entre l'Iran et la Résistance palestinienne. Et compte tenu des liens  que le Hamas entretient avec l'Iran , l'Égypte n'a aucun intérêt  à se mêler aux aventures saoudiennes. 

Or l’OTAN arabe ne peut pas voir le jour sans la collaboration de l’Égypte dont la puissance militaire devance celle de tous les autres pays arabes. Le projet de « guerre américaine contre l’Iran », soutenue par les monarchies du golfe Persique et Israël va en souffrir aussi. À la Mecque où Riyad accueille bientôt deux conférences, l'une contre l'Iran et l'autre celle, habituelle, de l'OCI, ce refus égyptien se fera cruellement sentir. Il est vrai que les Américains considèrent l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et certains autres régimes arabes comme des instruments pour faire avancer leurs projets pour la région et surtout contre l’Iran. Mais sans l'Égypte, le puzzle manque d'une case importante. Le plan de guerre américain consiste au déploiement d’environ 30.000 militaires US en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et à Bahreïn et au Koweït, bien que ce dernier n’ait pas encore accepté l'offre. Mais ces 30 000 militaires ont besoin de relais locaux solides. Seule l'armée égyptienne est à la hauteur de la tache qui est celle de faire face à l'Iran. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV