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1ère reculade US: est-ce une tactique ou une stratégie durable?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les vedettes rapides du CGRI lancent des missiles lors d'exercices dans le golfe Persique. (Archives)

Après une semaine de tempête médiatique avec en toile de fond des annonces les unes plus incendiaires que les autres allant toutes dans le sens d'une confrontation militaire imminente des forces US dans le golfe Persique avec l'Iran, une certaine accalmie est de retour, le président américain ayant annoncé sur Fox News qu'il n'est pas l'homme par qui sera déclenchée la guerre contre l'Iran. La semaine dernière, les milieux saoudiens, toujours sous le choc après la spectaculaire attaque au drone contre ARAMCO, étaient allés jusqu'à conseiller à Washington de lancer des frappes chirurgicales contre l'Iran. Mais de ce côté là aussi, on constate un retour au calme, les Saoudiens ayant la ferme conviction qu'ils ne seraient capables d'affronter la puissance de feu iranienne. Ce retrait est-il tactique et s'agit-il d'une stratégie? Et surtout dans quel sens s'orienteront les évolutions à venir? 

Sur un ton propre au patriarche, le roi d’Arabie saoudite, Abdelaziz ben Salmane a appelé les pays de la région à se consulter pour trouver un règlement aux "tensions actuelles". c'est plus qu'une marche arrière, jugent les analystes qui relèvent les demandes formulées par Riyad auprès du protecteur américain, juste après la frappe au drone qui a visé le pipeline Ouest-Est le 14 mai dernier. Selon des sources bien informées, le roi saoudien aurait réclamé au lendemain de l'attaque d'Ansarallah, une implication directe de l'Armée de l'air US dans les combats au Yémen. Il aurait estimé que le soutien américain à Riyad devrait dépasser le stade logistique et de conseil pour se concrétiser en termes de frappes dévastatrices contre les positions d'Ansarallah. Mais cet appel est resté sans suite, le président US insistant toujours sur le maintien du statut quo au Yémen et face à la Résistance yéménite. 

D'où vient ce changement de cap ?

Selon les observateurs, le comportement de l'Iran y est pour quelque chose : "L'Iran a déclenche un jeu diplomatique bien subtile. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a averti, dans une interview avec Fox News, que des membres de l'administration Trump, ainsi que d'autres pays du Moyen-Orient, "cherchaient à entraîner les États-Unis dans un conflit" avec l'Iran. Il a employé le terme " équipe de 4 B" pour dénoncer les efforts de guerre de Bolton,de Bibi (Netanyahu), de Ben Zayed et de Ben Salmane qui pousse le président Trump à la guerre. 

« Ils ont tous voulu que les États-Unis déclenchent un conflit. Je ne crois pas que le président Trump veuille faire cela, je crois surtout qu'il s’est juré de ne pas impliquer les États-Unis dans une nouvelle guerre. La politique de pression maximale de Trump ne mettra pas à genoux l’Iran », a estimé le chef de la diplomatie iranienne. 

Peu après, Téhéran a annoncé qu’il suspendrait certains de ses engagements pris dans le cadre du Plan global d’action conjoint (PGAC), en raison de l'atermoiement des parties occidentales dans sa mise en vigueur. Le coup de grâce au bellicisme US et alliés aurait été donné sans doute par les explosions au port de Fujaïrah aux Émirats arabes unis, suivies des frappes qui ont visé droit au cœur le secteur pétrolier saoudien. Dans tous ces incidents, l'Iran a été soupçonné sans que ses ennemis, faute de preuves, puissent l'accuser. Les Américains se sont vus obligés d’annoncer, explicitement, qu’ils ne voulaient pas une guerre avec l’Iran. Cela a été même annoncé par John Bolton dans un tweet au sujet du déplacement du navire Abraham Lincoln dans le golfe Persique. 

Retrait de l’Arabie saoudite

Face à ce désistement américain, les Saoudiens se sont eux aussi ravisés. Riyad s'est rendu compte en effet que les États-Unis veulent leur imposer les frais politiques et financiers de la guerre avec l’Iran. Or, ils ont décidé d’annoncer, eux-aussi, qu’ils ne souhaitent pas un nouveau conflit. D’où leur récente réunion consultative. Le conseiller du roi saoudien pour les Affaires étrangères Adel al-Jubeir a annoncé aux médias que Riyad ne voulait pas entrer en guerre avec l’Iran, mais qu’il riposterait fermement à d'éventuelles attaques. « Nous voulons la paix et la stabilité » mais « nous ne pouvons plus supporter les politiques hostiles de l’Iran envers le royaume », a-t-il déclaré. 

Retrait tactique ou changement de stratégie ?

La question qui s’impose est de savoir si les États hostiles à l’Iran ont véritablement changé de stratégie ou s’il s'agit d’un simple retrait provisoire en prévention d'une guerre. Dans le deuxième cas, ils se montrent pacifiques en employant d’autres tactiques: par exemple une attaque théâtrale contre les forces américaines en Irak ou dans les eaux méridionales de l’Iran pour lui en imputer les responsabilités et justifier une guerre. Il y a en même temps une autre hypothèse: comme le journal américain Washington Post l’a rapporté, l’échec stratégique de Bolton au Venezuela, à l’apogée du coup d’État militaire le 30 avril dernier, est l’un des facteurs qui a poussé Trump à geler la stratégie de Bolton vis-à-vis de l’Iran.

Reste Israël, principal protagoniste dans les coulisses, qui continue de manigancer des stratagèmes à des fins personnelles. DEBKAfile, le site proche du renseignement de l'armée israélienne affirmait dans une récente édition : « La campagne de frappe indirecte de l’Iran contre l’Amérique pèse lourdement sur la dissuasion américaine. Ils se sont étendus du Golfe (Persique) à la Syrie et se placent non loin d’Israël. Les tirs de missiles israéliens le 17 mai contre al-Kiswah, au sud de Damas, sont  exagérés. Quelques missiles seulement ont été tirés sans avoir un effet sensible. L'Iran a jusqu'ici eu gain de cause ». 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV