« Sans vouloir discuter le bien-fondé des clauses du “Deal du siècle”, il faut admettre que personne ne sera capable d’appliquer un projet avec un contenu pareil », a déclaré Hassan Hanizadeh, expert iranien des affaires du Moyen-Orient, dans une interview accordée à l’agence ILNA.
Hanizadeh estime que « la presse israélienne dit avoir eu accès aux documents relatifs aux détails du projet du “Deal du siècle” proposé par le président des États-Unis, Donald Trump. Nous ne savons rien sur l’authenticité de ces documents, mais dans le contexte actuel, si les révélations de la presse israélienne sont exactes, il faut croire que même les alliés les plus proches d’Israël ne pourront pas insister vraiment sur l’application d’un tel projet au Proche-Orient ».
Certaines sources diplomatiques occidentales disent que l’Autorité autonome du président Mahmoud Abbas pourra accepter ce plan, mais d’après Hassan Hanizadeh, la partie palestinienne n’aurait pas la possibilité de se conformer à ce processus orchestré par Donald Trump, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.
D’après les accords préliminaires auxquels fait allusion la presse israélienne, les habitants israéliens de Qods orientale seront transférés à la partie occidentale de la ville et Abou Dis, une petite ville à l’est de Qods, deviendrait la capitale de l’État palestinien.
Selon Hassan Hanizadeh, il est clair que le régime israélien cherche à démilitariser le futur État palestinien dont la souveraineté serait restreinte. Il contrôlerait la plupart de la Cisjordanie et des points de passage frontaliers.
Gaza fera partie du nouvel État palestinien à condition que le Hamas dépose ses armes. Aucun article ne mentionne le droit du rapatriement des réfugiés palestiniens.
L’expert iranien estime qu’il y a quelque chose qui cloche dans les informations diffusées par la presse israélienne au sujet du contenu du “Deal du siècle” : « Toutes les clauses sont favorables à Israël. Si c’est vrai, ce n’est pas un plan de paix mais un projet de génocide des Palestiniens », a-t-il déclaré.
Évoquant le rôle de l’Arabie saoudite dans l’élaboration du “Deal du siècle”, Hanizadeh rappelle que Riyad s’est engagé d’octroyer une aide financière annuelle de 10 milliards de dollars à l’Autorité palestinienne à condition qu’elle accepte le plan des Américains.
Hassan Hanizadeh a ajouté: « Cette somme serait cruellement insuffisante pour gérer les affaires du futur État des Palestiniens. En outre, toutes les clauses du “Deal du siècle”, comme la presse israélienne nous les décrit, signifieraient que les Palestiniens doivent payer les autorités et les institutions israéliennes pour la moindre occasion. Cela veut dire que cet accord bafouera les droits des Palestiniens comme auparavant. Son application serait une catastrophe pour les Palestiniens. »
D’après les révélations israéliennes, les États-Unis s’engageraient d’assurer 20% du financement de ce projet, l’Europe 10% et les États arabes 70%. Selon Hassan Hanizadeh, cela signifierait que toutes les responsabilités politiques, financières, sécuritaires et régionales reviennent aux pays arabes du sud du golfe Persique.
La Jordanie s’opposera au “Deal du siècle”, a-t-il estimé, mais l’Égypte le soutiendra. « Je crois que très bientôt nous serons témoins d’une nouvelle vague de tensions dans les territoires occupés palestiniens, tandis que Netanyahu préfère que le projet soit appliqué dans le calme », a-t-il ajouté.