Selon l’éditorialiste du journal arabophone londonien Rai al-Youm, les propos du conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, John Bolton, sur l’envoi de l’USS Abraham Lincoln au Moyen-Orient visent en quelque sorte à occulter l’échec du complot américain censé réduire à zéro les exportations pétrolières de l’Iran via le détroit d’Hormuz.
Dans son article publié ce mardi 7 mai par Rai al-Youm, Atwan relate un proverbe arabe dont l’équivalent français serait « chien qui aboie ne mord pas ». Le proverbe correspond bien au comportement de l’administration Trump. Peu de personnes dans le monde prendraient au sérieux les menaces proférées par l’actuel locataire de la Maison-Blanche, ajoute l’article.
L’envoi d’un porte-avions américain dans la région n’est pas chose nouvelle. « Les navires américains, escortés par des bateaux militaires, n’ont jamais définitivement quitté le golfe Persique », précise Atwan qui ajoute :
« Les États-Unis disposent d’une base navale à Bahreïn, une base aérienne (al-Udeid) au Qatar, une base terrestre au Koweït et de plus de 6 000 militaires en Irak. Malgré cette vaste présence militaire, l’Iran, la grande puissance régionale ayant ses propres missiles, sous-marins, et avions de chasse de fabrication nationale, continue de représenter une menace pour les intérêts des États-Unis, d’Israël et de leurs alliés dans la région. »
D’après Rai al-Youm, les États-Unis ne cherchent pas à s’engager dans une guerre contre l’Iran, bien que leurs forces soient prêtes à riposter à d’éventuelles attaques contre les intérêts des États-Unis.
« En fait, tant que les exportations pétrolières iraniennes continueront et tant que le second volet de sanctions américaines pour les réduire à zéro s’avérera inefficace, aucune guerre n’aura lieu entre les deux parties », ajoute Rai al-Youm.
L’analyste arabe ajoute que les menaces brandies par John Bolton ont pour but de faire revenir les Iraniens à la table de négociations, un peu comme ce qui a été le cas en ce qui concerne la Corée du Nord.
« Mais l’Iran ne l’acceptera pas. Le président iranien, Hassan Rohani, l’a déjà rappelé : plus d’une fois, les Américains ont demandé le dialogue. La dernière fois, cela aurait été en marge de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2018, mais Téhéran a rejeté la demande américaine en raison de sa méfiance envers le gouvernement de Trump, surtout après le retrait unilatéral américain de l’accord sur le nucléaire iranien [connu sous le nom du PGAC, plan global d’action conjoint]. Et en outre, Téhéran sait très bien que les négociations entre Washington et Pyongyang ne mèneront à rien. »