Le régime israélien n’a pas encore pu faire au Liban ce qu’il a fait en Syrie. Bien qu’il ait intensifié ses agressions militaires contre ce pays, il s’est toujours heurté ces dernières années à la capacité de dissuasion de la Résistance.
Les dirigeants israéliens ne cachent pas leur crainte de voir la force de dissuasion du Hezbollah libanais être transférée en Syrie. Un problème qui devient de plus en plus préoccupant lorsque les dirigeants israéliens sont pleinement conscients des orientations stratégiques du président syrien Bachar al-Assad dans la guerre contre ce régime.
Le journal libanais Al-Akhbar, a publié un article d’Ali Haydar intitulé « L’inquiétude de voir le Golan se transformer en un deuxième Sud-Liban ne laisse pas dormir l’ennemi ».
Le commandant de la division du Golan de l’armée israélienne, le général de Brigade Amit Fisher, a déclaré il y a quelques jours que le défi major à relever est d’éviter un Sud-Liban 2.0 au Golan.
La même inquiétude est soulignée dans le communiqué stratégique de 2018 de l’armée israélienne. « La Syrie, malgré sa faiblesse inhérente, a toujours la capacité de menacer Israël et elle reste le principal foyer de résistance », lit-on dans ce communiqué. Ce pays est donc « la principale menace pour ce régime ». Et ce, alors que l’armée israélienne a qualifié en 2015 la Syrie d’« État en faillite et en train de se désagréger ».
Bien que, dans un souci de redonner du crédit à sa capacité de dissuasion face aux évolutions politiques militaires, le régime israélien tente souvent d’exagérer les acquis tactiques qu’il a obtenus lors de la guerre en Syrie, l’analyse de ces acquis révèle une réalité bien moins reluisante que voudrait le faire croire la propagande de Tel-Aviv.
À titre exemple, un haut expert israélien a déclaré que la stratégie dite de « bataille entre les guerres » n’a pu atteindre ses objectifs.
Il est d’avis que la République islamique d’Iran est déterminée à rétablir les capacités de la Syrie, à soutenir le pays et à attirer l’attention sur la menace croissante que représente le front nord pour la sécurité nationale du régime israélien.
Fisher a reconnu lors d’une interview accordée à Israel Hayom que les calculs de Tel-Aviv ne sont pas fondés seulement sur ses propres actions, mais qu’ils dépendent de la dimension stratégique suivante : Israël est-il capable, avec ou sans l’aide des Russes ou des Américains, d’empêcher les activités de l’Iran et du Hezbollah en Syrie ?
En ce qui concerne les tentatives d’Israël de séparer la Syrie de ses alliés au sein de l’axe de la Résistance et de constituer une armée sophistiquée soutenue par le camp occidental, Fisher a dit : « À mon avis la création d’une telle armée ne présente aucun problème, et ce serait même le meilleur scénario. »
Le pire scénario serait que « nous ne remportions pas la victoire sur le terrain du point de vue stratégique et tactique et que le Hezbollah réussisse à poursuivre son plan en augmentant le nombre de ses postes de contrôle et de ses unités antichars. À l’étape suivante, ce mouvement transférerait en Syrie ses plates-formes de lancement de missiles, ses troupes de combat et ses commandos ».
« Il faut lutter dans la mesure du possible contre le Hezbollah directement ou indirectement pour que le contrôle du Golan ne tombe jamais entre les mains du Hezbollah et du Hamas », a-t-il ajouté.
« Les hauteurs du Golan doivent rester la frontière la plus calme d'Israël », a-t-il poursuivi. Dans l’esprit de Fisher, cela signifie qu’Israël doit conserver la main haute en Syrie, en vue de pouvoir décider de quand, d’où et de comment lancer une attaque.
Vu les multiples frappes aériennes et tirs de missiles d’Israël contre la Syrie ces dernières années, Fisher a reconnu que la Syrie dispose d’un arsenal non négligeable. En particulier, la DCA syrienne s’est considérablement renforcée pour faire face aux menaces de ce régime.
« Lorsque Bachar al-Assad se demande comment résoudre le problème du Golan, la réponse est que le Hezbollah est la seule puissance dans la région qui puisse résister à Israël », a-t-il précisé.