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Trump cherche-t-il à provoquer une révolution de couleur en Arabie?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Arabie: MBS, le "futur Tymochenko"?! (Illustration)

Le site d’information libanais Al-Binaa a publié un article de Wafik Ibrahim sur les relations entre l’Arabie saoudite et les États-Unis. L’auteur souligne d’abord le mépris que le président des États-Unis, Donald Trump éprouve pour le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, sans craindre de révéler le contenu de sa récente conversation téléphonique avec lui. Une chose est sûre: "la vache à traire" devra se soumettre aux appétits de plus en plus insatiables de l'administration US puisqu'elle n'a pas d'autres choix. Mais ce faisant, l'Arabie saoudite se ruine. Or le risque d'une entreprise consiste à appauvrir de jour en jour le peuple saoudien qui finira par descendre dans la rue. N'est-ce pas là, l'objectif recherché de Washington? Si une telle révolte venait à avoir lieu, ce ne sera pas Ben Salmane qui se mettra du côté de la cour. Les Américains pourront s'en servir comme une icone révolutionnaire, une Ioulia Timochenko version saoudienne! 

C’est une diplomatie de coup de fil qui plaît tellement au président américain. Samedi dernier, lors d’une réunion publique à Wisconsin, le président Trump a évoqué le soutien controversé qu’il apporte à l’Arabie saoudite, le justifiant par les milliards de dollars dépensés par la monarchie wahhabite.

Trump a dit: « L’Arabie saoudite est un pays très riche. Nous les défendons. Nous soutenons l’Arabie saoudite. Ils n’ont rien à part du cash, n’est-ce pas ? Nous les subventionnons. Et ils achètent beaucoup auprès de nous, 450 milliards de dollars. Vous savez, il y a des gens qui voulaient que l’on coupe les vivres à l’Arabie saoudite. Ils en ont acheté pour 450 milliards. Je ne veux pas les perdre ! »

Il a ensuite évoqué son entretien téléphonique avec le monarque saoudien, en taclant au passage ses propres prédécesseurs: « J’aime bien le roi. J’ai dit: "Roi, on se fait avoir en vous défendant, Roi, et vous avez beaucoup d’argent." C’est vrai. Et il a répondu: "Mais pourquoi m’appelez-vous ? Personne n’a jamais fait ça." J’ai dit que c’était parce qu’ils (les prédécesseurs de Trump, ndlr) étaient stupides ! »

Trump raconte ensuite qu'il a soutiré 500 millions de dollars au roi saoudien: « Ce n’est pas juste, on les défend et ils sont riches. On peut défendre des pays horriblement mal traités, avec les droits humains et autres, c’est différent. Mais ce sont des pays riches. Il a suffi d’un appel et nous avons ramassé 500 millions de dollars. Ce n’est pas mal. Et nous allons faire ça avec de nombreux autres pays. »

D’après Wafik Ibrahim, les relations entre Riyad et Washington témoignent de l’existence d’un problème à la Maison Blanche. En effet, l’auteur croit que Trump et son équipe sont très faibles en diplomatie et en politique, et ne connaissent que l’art de collecter de l’argent.

« Ils ne connaissent pas la manière classique des autres présidents des États-Unis qui obtenaient de l’argent des Saoudiens par l’intermédiaire des entreprises et des projets, en vendant des armes et en gagnant des commissions. La méthode de Trump est beaucoup plus simple: « Payez, sinon on vous laisse tomber. Est-ce- vrai ? », écrit Wafik Ibrahim.

Wafik Ibrahim souligne que les États-Unis entretiennent des relations avec un grand nombre de pays, mais que Trump n’ose jamais les traiter comme il traite la Maison Saoud.

« Trump a des relations avec l’Allemagne, le Japon ou la Corée du Sud, mais il ne s’est jamais adressé à la chancelière allemande, Angela Merkel, en faisant du chantage ou sur un ton arrogant comme il l'a fait avec le roi saoudien », a écrit Wafik Ibrahim.

L’auteur ajoute que le président Trump ne s’adresse même pas de cette manière aux pays qui lui sont hostiles. Il donne d’abord l’exemple de l’Iran, de la Syrie ou de la Corée du Nord:

« L’Iran n’accepte pas les demandes de Washington et ne se plie pas aux sanctions américaines, et les échanges entre les deux parties sont souvent violents. La Syrie, pour sa part, continue de résister aux attaques américaines et ne s’incline pas. Elle a vaincu le terrorisme américano-israélien, soutenu par les monarchies du golfe Persique, et combat les occupants américains. La Corée du Nord est un petit pays qui a forcé l’Empire américain à renoncer à la guerre et à accepter les négociations. Or, Trump ne se comporte jamais avec ces pays comme il traite les Saoudiens. Qu’est-ce qui permet à Trump d’insulter ouvertement et à plusieurs reprises la Maison Saoud ? »

D’après Wafik Ibrahim, Donald Trump sait très bien que les monarchies du sud du golfe Persique sont gouvernées par des familles qui y ont installé un système tribal du Moyen-Âge. Avant devenir président des États-Unis, Trump a conclu des accords dans cette partie du monde où il n’y a pas de système étatique et économique moderne. Les mafias familiales collectent des fonds pétroliers et dépensent cet argent pour conclure des contrats avec des sociétés occidentales pour acheter des armes ou payer des pots-de-vin aux médias ou aux personnalités politiques.

Trump pense que ses prédécesseurs n’ont pas bien compris que dans ces pays, tout appartient aux monarques. Il a compris que ces pays n’ont pas de stratégie fixe ni de politique mobile. « Il n’y a qu’un roi ou un prince qui décide de distribuer de l’argent ou d’empêcher sa distribution en fonction de ses intérêts personnels ou claniques sans qu’il y ait un système de contrôle budgétaire ou de forces politiques pour le surveiller », explique l’article.

Mais ce qui est complètement différent chez Trump par rapport à ses prédécesseurs, c’est qu’il se fonde profondément sur cette réalité que les royaumes arabes du sud du golfe Persique n’ont aucune capacité de se passer de leur allégeance envers les États-Unis, sans laquelle la chute de leurs régimes respectifs serait immédiate, d’autant plus que les citoyens cherchent la moindre occasion pour se rebeller contre cette grande prison saoudienne. 

« Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, n’oserait jamais contredire les Américains, car ces derniers peuvent immédiatement aider un autre clan de la Maison Saoud pour renverser le clan au pouvoir. Le prince héritier sait qu’il n’a qu’à obéir et à payer pour obtenir la protection de la Maison Blanche », ajoute-t-il.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV