Dans ce numéro de Zoom Afrique :
L’actualité en Afrique :
Le Burundi, 2e réserve de coltan de la région après la RDC ;
Télécoms : le Burkina Faso prend les rênes du comité exécutif de l’ARTAO ;
Le président ougandais appelle à la levée des sanctions occidentales sur le Zimbabwe ;
Djibouti sollicite l’expérience turque pour renforcer ses compétences météorologiques.
Les analyses de la rédaction :
Le camp atlantiste dans le ciel du Sahel :
Qu’un site aéronautique américain plaide en faveur d’une interconnexion du ciel africain en mettant en avant les avantages que cela présenterait pour les peuples d’Afrique, il y a lieu de s’interroger. Alors que les États-Unis contrôlent le ciel de l’Europe via l’OTAN, l’heure est venue pour eux d’étendre leur emprise au-delà du ciel du Sahel et de s’intéresser également au ciel du reste de l’Afrique. Dans un article publié ce 26 avril, le site d’information américaine, Agence Ecofin évoque l’importance de l’interconnectivité du réseau aérien africain, qui, selon l’auteur, pourrait faire gagner plus de 29 milliards de dollars de recettes directes au continent.
Mais on le sait très bien, les États-Unis ne font jamais rien de façon désintéressée.
« D’après les informations relayées par le site d’information East African Business Week, seulement 33,7 % du marché africain de l’aviation est actuellement desservi. En accélérant le processus d’intégration du continent, les experts indiquent que l’Afrique pourrait bénéficier de ces revenus, supérieurs aux PIB de plus de la moitié de ses pays », lit-on dans l’article.
En septembre 2018 l’US Africom, le commandement militaire américain pour l’Afrique, confirmait le déploiement de drones MQ-9 Reaper armés sur la base aérienne 101 de Niamey, en expliquant que cela faisait « partie du partenariat stratégique à long terme entre les États-Unis et le Niger pour contrer les extrémistes violents dans la région. » Le Pentagone prévoit d’affecter d’autres drones Reaper à Agadez, où il finance d’importants travaux pour réhabiliter les installations aéroportuaires de cette localité, située dans le centre du Niger. À l’époque, l’info avait même surpris les Français. Eh bien, d’autres surprises sont à venir. Depuis Dirko ou Agadez, de nombreuses frappes aux drones ont visé les populations au Niger, au Tchad, au Mali. Les chasseurs euro-américains survolent sans cesse les pays du Sahel. Une interconnectivité du ciel africain rendra la tâche plus facile pour les puissances qui cherchent à s’emparer de l’ouest de l’Afrique. Bientôt des missiles Patriot et THAAD feront aussi leur apparition sur le continent. La guerre de libération de l’Afrique, déjà commencée dans les pays occupés, risque d’être plus longue que prévu.
Gabon :
Au Gabon et depuis trois semaines, les Gabonais n’ont aucune nouvelle de leur président, lequel, victime d’un accident vasculaire cérébral le 24 octobre 2018, s’est soigné à l’étranger pendant cinq mois avant de regagner le pays le 23 mars 2019. Mais après à peine une dizaine de jours passés au Gabon, Ali Bongo, annoncé affaibli, aurait quitté son pays à destination de Londres pour se soigner ! De Londres, voilà que le dirigeant gabonais est annoncé à Amsterdam, aux Pays-Bas. Mais à ce jour, aucune information officielle n’a été donnée en rapport avec Ali Bongo. En effet, à peine un mois après l’absence du président gabonais, en novembre 2018, un contingent de 110 soldats français a débarqué dans la capitale gabonaise à bord d’un avion spécial. Ils ont été dirigés vers le camp de Gaulle, la base militaire française à Libreville.
Cette fois aussi, et à peine trois semaines après la « disparition » du président gabonais, l’état-major des armées françaises annonce le déploiement de 158 militaires issus du 501e régiment de chars de combat et du 16e bataillon de chasseurs à pied au Gabon, afin de renforcer « temporairement » le groupement de coopération opérationnelle des EFG.
« Organisé en quatre détachements homogènes indépendants, renforcés par un détachement d’experts », ce Groupement tactique de partenariat militaire opérationnel (GT PMO) sera « engagé dans plusieurs pays de la région », précise l’état-major de l’armée, cité par Opex360. Mais pourquoi ce déploiement ?
Opex360 affirme : « Après la publication du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale [LBDSN], il était question de revoir en profondeur le dispositif militaire français en Afrique, l’idée alors avancée étant que ce dernier devait s’appuyer sur seulement deux bases permanentes à Djibouti et au Gabon, ainsi que sur des “pôles opérationnels de coopération”, notamment en Côte d’Ivoire et au Sénégal. »
Or, ajoute le site, la situation au Mali et le lancement de l’opération Serval changèrent la donne. Et, finalement, il fut décidé de conserver une base sur le territoire ivoirien, via la transformation de l’opération Licorne en « Forces françaises en Côte d’Ivoire ». Il y a là une référence directe à l’enlisement de l’armée française au Mali et puis à l’offensive militaire contre la Côte d’Ivoire qui aurait changé le plan initial des forces françaises. Opex30 affirme que ces deux événements ont forcé Paris à réduire la voilure au Gabon.
Mais la suite est plus éclairante : « Ce petit contingent français au Gabon a trois missions à accomplir : assurer la défense des intérêts et des ressortissants français, appuyer les déploiements opérationnels dans la région et, surtout, contribuer à la coopération opérationnelle régionale. » Deux de ces trois missions ont une portée régionale ou en d’autres termes visent à étendre les opérations françaises à travers la région. Le Gabon est entouré de trois pays où la France cherche la guerre : la Guinée équatoriale, le Cameroun et la RD Congo. Il y a aussi la Centrafrique, où la Russie intrigue de plus en plus la France avec ses mesures militaires et politiques bien réussies.
Opex360 le dit d’ailleurs : « Les éléments français au Gabon accompagnent le renforcement des capacités africaines en appuyant la formation de leurs contingents et en soutenant leur engagement dans les missions de maintien de la paix. Or, il se trouve que les demandes de partenariats émises par les pays partenaires de la Communauté économique des États d’Afrique centrale [CEEAC] ont augmenté significativement au cours de ces dernières années. D’où la nécessité de renforcer le pôle opérationnel de coopération [POC] de Libreville. »
C’est toujours bon de justifier les ingérences sur le dos des Africains, surtout quand il s’agit de contrer la Chine, le plus grand partenaire du Gabon d’Ali Bongo, ou encore la Russie qui tend à chasser la France de la Centrafrique.
Bénin :
Le 11 avril dernier, le président béninois, Patrice Talon, a mis les points sur les i : et a souligné que les élections législatives auront bien lieu le dimanche 28 avril sans les partis d’opposition. Mais pour les élections béninoises du 28 avril, sur les dix partis désireux de se lancer dans la bataille, seulement sept ont déposé leur dossier de candidature, dont quatre de la mouvance présidentielle. Les autres n’ont pas déposé leur dossier dans le délai annoncé. Mais quelques jours plus tard, une délégation de six leaders de l’opposition s’est rendue au palais présidentiel pour y rencontrer Patrice Talon. Les représentants de l’opposition ont tenté, en vain, de plaider leur cause auprès du président de la République et d’obtenir une exemption ou un délai supplémentaire. « Je ne peux pas, pour le plaisir des uns, accepter de tordre le cou à la loi. Mettez-vous à jour pour participer au scrutin », leur a répondu Patrice Talon.
Depuis, l’opposition béninoise ne cesse alors de contester les élections législatives. Mais que se passe-t-il réellement au Bénin ? Luc Michel, géopoliticien, nous l’explique.