TV
Infos   /   A La Une   /   Europe   /   L’INFO EN CONTINU

La Macron empêcherait un embargo allemand sur les armes à vendre à Riyad

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La France et le Royaume-Uni maintiennent la pression sur l’Allemagne afin de la dissuader de respecter sa décision sur un gel de six mois de l’exportation d’armes à l’Arabie saoudite./(Photo d'archive: armée saoudienne)

La France et le Royaume-Uni maintiennent la pression sur l’Allemagne afin de la dissuader de respecter sa décision sur un gel de six mois de l’exportation d’armes à l’Arabie saoudite.

L’Union européenne a des règles très claires à propos de l’exportation d’armements, mais l’Allemagne est le seul pays qui s’est appuyé sur ces règles pour suspendre ses ventes d’armes à l’Arabie saoudite, une décision qui a suscité une vague de critiques chez les compagnies et sociétés ainsi que chez les États européens qui se posent en défenseurs des droits de l’Homme.

En vertu des lois de l’Union européenne sur l’exportation d’armes, les pays européens devront tout de suite mettre fin à leur vente d’armes si l’importation d’armements vers un pays tiers risque de violer les lois humanitaires internationales.

S’ajoutent à tous les rapports sur la violation par l’Arabie saoudite des droits de l’Homme au Yémen un rapport, publié en octobre 2016, par plusieurs groupes de défense des droits de l’Homme, qui qualifie d’une « violation sérieuse des lois humanitaires internationales » une frappe aérienne de la coalition saoudienne contre le village de Deir al-Hajari. Ce rapport, à lui seul, suffit pour que l’Union européenne ordonne la suspension de toutes les ventes d’armes à l’Arabie saoudite.

La frappe saoudienne visant le village de Deir al-Hajari a fait un grand nombre de victimes chez les civils, dont des enfants et des femmes enceintes.

Or, tous les rapports sur la violation des droits de l’Homme au Yémen par la coalition saoudienne, bien qu’ils se soient multipliés au fur et à mesure, n’ont pas suffi pour aboutir à une telle décision.

Finalement, ce fut le meurtre du chroniqueur du Washington Post, Jamal Khashoggi, par les Saoudiens, qui a poussé les Allemands à suspendre temporairement leurs ventes d’armes à l’Arabie saoudite sur fond de préoccupation quant au « rôle de l’Arabie saoudite dans les conflits au Yémen » et le « meurtre de journalistes ». Le gel vient d’être prolongé de six mois.

Au cours des premiers mois de l’année 2018, l’Allemagne a vendu quelque demi-milliard d’armes à l’Arabie saoudite dont une large partie a été utilisée contre la population yéménite.

Le site web The Hill révèle que la décision de Berlin de suspendre ses ventes d’armes à l’Arabie saoudite a déclenché de sérieux litiges opposant l’Allemagne à ses partenaires européens. Au cœur de ces litiges se trouvait le chasseur dernier cri Eurofighter.

Londres a notamment exigé que Berlin lève l'interdiction sur les livraisons en Arabie saoudite de chasseurs Eurofighter et Tornado qui sont fabriqués dans le cadre de projets européens communs, affirmant que l'Allemagne bloque des exportations pour des milliards d'euros.

Dans la foulée, Airbus a retiré les pièces allemandes de ses avions militaires pour continuer d’exporter en Arabie saoudite.

L’assassinat de Jamal Khashoggi a tellement impressionné l’Allemagne qu’elle a même changé de cap vis-à-vis des conflits au Yémen : elle s’est finalement décidée à envoyer une cargaison d’aides humanitaires à destination des civils touchés par la guerre au Yémen.

Cependant, ce changement de cap positif n’a pas été salué par la France qui croit que le gel de l’exportation d’armes vers l’Arabie saoudite affaiblit et discrédite le projet de la défense européenne.

Le président français Emmanuel Macron accuse les responsables allemands de « dogmatisme » alors que toutes ces protestations visent à cacher une autre réalité : en gelant ses exportations d’armes vers l’Arabie saoudite, Berlin a fait arrêter les lignes de production des armes qui étaient produites dans le cadre d’un projet conjoint franco-germano-britannique. D’où les pressions accrues de Londres et de Paris visant à convaincre Berlin de passer en revue sa décision d’autant plus que ces pressions sont largement soutenues par le lobby saoudien.

Il faut que la France et le Royaume-Uni finissent par accepter que la décision, prise par Berlin, est une décision légale et humaine et que les pressions qu’ils ne cessent de faire sur leur partenaire allemand mettra sérieusement en cause tout ce qu’ils ont dit et prétendu jusqu’ici sur le respect des droits de l’Homme.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV