Les exportations pétrolières de l'Iran ont presque retrouvé leur niveau d’avant les sanctions US, en raison d'une demande stable et sans faille de la Chine, et de la Corée du Sud, deux grands consommateurs du pétrole, selon les informations de S&P Platts, une agence de presse indépendante qui fournit des informations sur l’énergie qui évoque "un échec retentissant pour le régime des sanctions US".
À l'heure où les analystes outre-Atlantique évoquent les ambitions américaines d'éliminer de la course les gris producteurs que sont l'Iran, le Venezuela, voire même l'Arabie saoudite, l'Iran a bien réussi à contourner les sanctions américaines : Outre le processus de dé-dollarisation, l'Iran a mis à profit ses réserves sub-marine de pétrole et de gaz liquéfié, tout en mettant sur place un système de transfert et d'exportation qui cultive le flou et bloque toute opération de repérage, estime Sara Vakhshouri, experte de SVB International. "Et puis il est impossible de pouvoir réduire à zéro les exportations pétrolières iraniennes puisqu'il y a un énorme risque sécuritaire", a-t-elle ajouté.
En se fondant sur les données provenant de la navigation maritime internationale et des pétroliers, ainsi que sur les données des échanges, S&P Platts indique, dans un rapport publié le 10 avril, que les exportations de pétrole brut et de condensat en provenance d’Iran ont augmenté de 12% en mars 2019, leur plus haut niveau depuis avant le rétablissement des sanctions commerciales américaines en novembre dernier.
En mars 2019, les exportations pétrolières iraniennes ont grimpé à 1,7 million de barils par jour, le plus grand chiffre depuis octobre 2018, a rapporté S&P Platts.
Les analystes estiment que les exportations pétrolières de l’Iran pourraient baisser dans les mois à venir si les États-Unis renforçaient leurs sanctions sur la vente du brut iranien. Mais rien n’est certain étant donné le comportement des plus gros clients du brut iranien.
D’après S&P Platts, le marché mondial est toujours à la recherche de plus de clarté, mais beaucoup pensent que les plus grands clients obtiendront probablement une prolongation des exemptions faites par Washington en ce qui concernent leurs sanctions unilatérales contre l’Iran. L’agence souligne que les volumes des exportations iraniennes se sont redressés de 60% depuis novembre 2018 à la grande surprise de beaucoup d’observateurs.
La plupart des analystes s’attendent à ce qu’au moins quatre des principaux clients de brut et de condensat iraniens maintiennent le niveau de leurs achats.
Dans le même sens, Sputnik a interviewé Nikolaï Kojanov de l’Université européenne de Saint-Pétersbourg, spécialiste de l’Iran, sur la situation. Il a commenté d’abord les déclarations de Brian Hook, représentant spécial du département d'État américain pour l’Iran. Ce dernier avait dit que plus de 20 pays importateurs avaient totalement renoncé au pétrole iranien et que cela priverait l’Iran de 10 milliards de dollars de revenu.
« Tout dépend de la technique du calcul », a dit Nikolaï Kojanov en soulignant que parmi ces pays figurent les noms de plusieurs pays de l’Europe et de l’Asie du Sud-Est qui comptaient parmi les clients du pétrole iranien. « Le chiffre a été cité par Brian Hook pour produire un certain effet psychologique. À vrai dire, les vrais clients du pétrole iranien que sont la Chine, l'Inde, la Turquie et la Corée du Nord, ce sont eux qui ont le dernier mot et les Américains ne pourront pas ne pas prolonger leurs dérogations », a-t-il ajouté.