Les médias mainstream n’ont cessé ces derniers jours d’évoquer l’effet boule de neige qu’ont eu les événements en Algérie, en Libye ou encore au Maroc, se gardant bien de souligner tous les agissements militaires qui se déroulent en ce moment aux portes de l’Algérie : au Maroc, les Américains tiennent des manœuvres militaires d’envergure avec les militaires marocains tandis qu’en Libye, le général Haftar que tout le monde donne pour le pion de l’axe arabo-russe (ce qui est loin d’être avéré), marche en direction de Tripoli. Que mijotent les États-Unis au Sahel ? Et surtout quel plan concoctent-ils aux portes de l’Algérie ?
Aujourd’hui, mardi 9 avril, le président du Conseil de la nation en Algérie, Abdelkader Bensalah, a été nommé président par intérim, pour quatre-vingt-dix jours, lors d’une réunion du Parlement.
La nomination d’Abdelkader Bensalah intervient une semaine après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril.
Hier, lundi 8 avril, le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire algérienne a effectué une visite de travail et d’inspection dans la 2e Région militaire.
Dans la foulée, le site web Algérie Patriotique a fait paraître un article, rédigé par Kamel M., qui aborde les deux objectifs que poursuit cet important déplacement.
« Le déplacement du général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, ce mardi 9 avril, dans l’ouest du pays semble obéir à un double objectif.
Le premier consiste à s’adresser de nouveau aux citoyens pour expliquer les dernières mesures prises, notamment le rattachement des services de renseignement à l’état-major de l’ANP (armée nationale populaire algérienne) après le limogeage du général Bachir Tartag [Athmane Tartag, NDLR].
Le second devrait prendre la forme d’une mise en garde adressée à deux pays voisins.
En effet, au moment où l’Algérie traverse une zone de turbulences, au Maroc, l’armée de Mohammed VI multiplie les manœuvres militaires conjointes avec l’armée américaine pour, dit-on, s’entraîner à la lutte contre les groupes terroristes. Mais cette présence des forces américaines sur le sol marocain dans ce contexte précis n’est pas sans inquiéter les autorités militaires algériennes concentrées depuis plusieurs semaines sur la transition politique.
Le déplacement d’Ahmed Gaïd Salah dans la 2e Région militaire qui sera, selon toute vraisemblance, suivi par un autre dans la 3e Région, au plus près des frontières avec le Maroc, est un message clair à ceux auxquels le chef d’état-major n’a pas cessé de rappeler que les Algériens “sauront faire échec aux tentatives de déstabilisation venant de l’étranger”. Les avertissements répétés de l’homme fort de l’armée sont destinés, à la fois, aux pays voisins et à l’ancienne puissance coloniale dont la position demeure ambiguë, bien que la France ait, dès le début du mouvement populaire, assuré qu’elle ne s’immiscerait pas dans les affaires intérieures de l’Algérie.
Autre pays destinataire du message de Gaïd Salah : la Libye, où le maréchal autoproclamé Khalifa Haftar tente d’occuper Tripoli. D’aucuns ont vu dans cette fièvre belliciste soudaine qui s’est emparée de l’homme lige des Émiratis un lien avec la crise politique qui règne en Algérie, dont certains escomptent l’affaiblissement dans son rôle de médiation dans ce pays en proie à une guerre civile meurtrière depuis la chute du régime de Kadhafi.
L’Algérie avait, jusque-là, réussi à faire se rencontrer les frères ennemis grâce aux efforts inlassables des deux anciens ministres des Affaires étrangères Ramtane Lamamra et Abdelkader Messahel.
Les bruits de bottes qui parviennent à l’Algérie depuis Tripoli font craindre des tentatives d’infiltration à travers la frontière hermétiquement verrouillée par l’armée algérienne. Les visites d’inspection fréquentes du chef d’état-major de l’ANP dans les 4e et 6e Régions militaires, dans le sud-est et l’extrême sud du pays, ont pour principal objectif de veiller à ce que les forces armées ne baissent pas la garde et maintiennent un niveau d’alerte élevé. »