Il va sans dire que la folle décision américaine de provoquer l'Iran en visant le CGRI, a suscité depuis son annonce le lundi 8 avril un véritable tollé qui tend à s'amplifier d'heure en heure. De l'État syrien à l'État irakien, en passant par les groupes de Résistance que la littérature médiatique mainstream qualifie de "proxies pro-iraniens", absorbée qu'elle est par la mentalité colonialiste "maître-mercenaire", ont tous condamné cette déclaration de guerre anti-iranienne signé Trump-Netanyahu. Ceci dit, au chapitre des condamnations, le ton et le contenu des réactions sont aussi à prendre en compte. Pour une Amérique et un Israël qui réagissent à travers cette mesure, à la visite particulièrement stratégique de la semaine dernière du PM irakien en Iran, visite émaillée entre autres choses par un accord militaire prévoyant la création d'une DCA intégrée irano-irakienne, le communiqué du Hezbollah d'Irak est surtout à ne pas prendre à la légère.
Dans son communiqué publié dans les minutes qui ont suivi la décision US de blackliser le CGRI, le Hezbollah d'Irak affirme "se tenir jusqu'au bout aux côtés des forces armées iraniennes " pour faire face aux dessins des ennemis de la région.
« Le Corps des gardiens de la Révolution islamique s’est mis aux côtés des peuples de la région pour faire face aux complots tramés par les États-Unis. La Résistance irakienne, elle aussi, se mettra aux côtés du CGRI pour contrer les récents événements », a souligné le porte-parole des Kataeb Hezbollah (Hezbollah irakien) Jaafar al-Husseini. Et le texte de poursuivre : "Le Hezbollah irakien annonce, encore une fois, sa vive protestation contre la présence militaire américaine en Irak, qui représente un vrai danger pour la sécurité nationale irakienne. Il faut que les instances concernées irakiennes prennent une position ferme pour mettre fin à la présence américaine en Irak et qu'elles contraignent les forces US à quitter ce territoire », a insisté Kataeb Hezbollah dans un communiqué rappelant également que le gouvernement irakien devait décliner toute interaction avec le régime criminel saoudien, allié d’Israël et des États-Unis.
Pour les analystes politiques, la réaction du Hezbollah d'Irak, suivie par celle du mouvent de Nujaba, du Jihad islamique de la Palestine, et d'Ansarallah du Yémen est bien significative : " Le Hezbollah d'Irak est de loin le groupe irakien qui avec le mouvement d'Al Nujaba est le mieux structuré, le mieux armé. Ses combattants bien aguerris aux combats face aux terroristes takfiristes aussi bien en Syrie et en Irak, sont bien aptes à pousser militairement les Américains voire les Israéliens dans leur derniers retranchements, ajoute l'analyste, Fouad Mehri, au micro de MehrNews.
" En août dernier, Reuters remarquait que le Hezbollah d'Irak dispose de missiles de courte voire de moyenne portée. Mais cette puissance balistique n'est qu'une facette des capacités de la Résistance irakienne à agir. Quelques 10 000 soldats US répartis dans plusieurs bases à Al-Anbar , à Kirkuk et près de Bagdad seront difficilement tenir face à des combattants qui sortent triomphalement d'une guerre syrienne de plus de sept ans. Et puis n'oublions pas que l'armée irakienne est essentiellement formée des combattants des Hachd al-Chaabi. Le ministre irakien de la Défense accompagnait la semaine dernière le PM irakien, Adel Abdel Mahdi à Téhéran . Les agences de presse ont fait état d'intenses discussions de part et d'autre. Il y a été question d'une la création d'une sorte de défense aérienne intégrée qui revoie droit et à n'en pas douter à la perspective d'éventuelle de frappes israéliennes contre les positions des Hachd al-Chaabi. En effet, vu la présence massive des soldats US sur le sol irakien, les Américains pourraient déléguer à Israël la mission de lancer des frappes aériennes contre les Hachd. Ce qui au demeurant est de loin un pari hautement risqué, au regard de la proximité du Hezbollah et de la Résistance palestinienne avec les territoires occupés, ajoute l'analyste.
L'Irak et la Syrie condamnent
La protestation contre la décision américaine de blacklister le CGRI ne se limite pas au Hezbollah irakien et que le ministre des Affaires étrangères Mohammad-Ali al-Hakim a dit lundi que Bagdad n’admettait pas les sanctions imposées par les États-Unis contre l’Iran.
« Les relations irano-irakiennes sont stratégiques et basées sur des intérêts communs », peut-on lire sur son compte Twitter.
Damas condamne la décision de Washington envers le CGRI et la considère comme une violation flagrante de la souveraineté iranienne, selon une source au sein du ministère des Affaires étrangères
« Cet acte irresponsable est une guerre déclarée contre l’Iran et ne va que dans le sens des intérêts d’Israël et du projet colonialiste de l'Occident pour la région... La décision du gouvernement Trump traduit la reconnaissance par cet État du rôle pionnier et considérable du CGRI dans la défense du peuple et de la souveraineté de l’Iran aussi bien que dans l’axe de la Résistance », ajoute le ministère syrien.