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À quoi s'exposent les USA en blacklistant la force armée iranienne ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les Marines US capturés en 2016 par les forces du CGRI dans les eaux iraniennes du golfe Persique. ©IRIB

Les soldats américains doivent désormais dormir debout. La décision de Trump de blacklister le Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) les expose littéralement aux représailles militaires de l'Iran. Le Conseil suprême de la sécurité nationale d'Iran a décrété l'État américain « parrain du terrorisme »  et a fait du CENTCOM une « cible terroriste à abattre » tout en rendant les États-Unis responsables des fâcheuses conséquences que le « blacklistage » de la force armée étatique du CGRI pourrait générer dans sa foulée. En Iran, les voix exigent désormais que toutes les composantes de l'armée américaine, y compris les entrepreneurs qui s'en revendiquent (Blackwater, etc..) et qui sont actifs à travers toute la région s'ajoutent à la liste noire iranienne. Les États-Unis ont-ils ouvert les portes de l'enfer ? 

« Les militaires américains qui sont déployés dans leurs bases, ne sont plus désormais des soldats. Les bases américaines sont pour l'Iran des camps d'entretien et d'entraînement des terroristes », a expliqué le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi pour qui les États-Unis ont franchi « l'une des principales lignes rouges » de la RII puisqu'ils ont touché un secteur directement lié à la sécurité nationale iranienne.

« Le Corps des gardiens de la Révolution assure la sécurité territoriale de l'Iran mais aussi la sécurité maritime du pays dans le golfe Persique. Désormais, de nouveaux incidents pourraient se produire et ces incidents seront considérés par l'Iran comme étant des actes terroristes », a lancé Abbas Araqchi dans une émission télévisée, lundi soir 8 avril, après l’annonce de l'inscription du CGRI sur la liste noire du département d’État américain.

Depuis le lundi 8 avril, tous les militaires américains déployés en Asie de l'Ouest et placés sous commandement du CENTCOM ne sont plus considérés comme faisant partie du Corps militaire d'un État mais comme étant des « terroristes ». 

« Les forces opérationnelles et le personnel du CENTCOM sont impliquées directement et indirectement dans les crimes de guerre commis dans la région, en raison de leur soutien aux terroristes et aux États agresseurs », a poursuivi encore le vice-ministre iranien des AE, rappelant que le comportement de la RII face à ces « terroristes » sera dorénavant différent.

« Nous avons déjà prévenu Washington, via la Suisse, que s’il inscrivait le CGRI sur sa liste noire, nous agirons de la même manière. Les Américains devront donc assumer la responsabilité de tout ce qui se produira à l'avenir. Les États-Unis ont commis une faute politique et stratégique », a-t-il expliqué.

Le secrétaire d'État américain a annoncé, lundi 8 avril, l'ajout du CGRI, une des composantes des forces armées iraniennes, sur la liste des organisations terroristes. C'est la première fois que les États-Unis s'autorisent à blacklister la force armée d'un État; et cela, sous prétexte de vouloir isoler et renverser la RII.

Mais cette décision fait-elle l'unanimité ? 

L'initiative américaine a soulevé un violent vent d'inquiétude au sein du Pentagone et des services de renseignement américains qui sont bien conscients des retombées qu'une telle décision pourrait avoir sur leur personnel, fait remarquer Associated Press.

Les responsables du Pentagone et de la CIA craignent que cela ne conduise à une réaction violente visant les forces américaines stationnées au Moyen-Orient. Contacté par la presse, le Pentagone n'a pas voulu dire s'il avait procédé à des ajustements ou envoyé de nouveaux avertissements à ses forces déployées dans la région mais l'inquiétude est bien trop visible au sein du département de la Défense. Pour de nombreux analystes, les États-Unis pavent le terrain à une confrontation militaire d'envergure dont les militaires US devront payer le prix.

Le général James Mattis, ex-secrétaire à la Défense, était littéralement contre une telle perspective d'où, d'ailleurs, son départ.

Si les néo-conservateurs qui entourent Trump n'ont pas voulu d'un successeur pour lui, c'est qu'ils savent que la hiérarchie militaire US n'est pas pour la guerre. 

Pour sa part, la CIA, qui compte elle aussi des forces paramilitaires dans la région, s’est gardée pour le moment de fournir de commentaire. Des responsables du Pentagone, dont le général Joseph Dunford, chef de l'état-major, John Rood, haut responsable politique du Pentagone et Kathryn Wheelbarger, secrétaire adjointe par intérim aux affaires de la sécurité internationale, étaient clairement opposés à la décision de Trump, fait remarquer l'analyste Kaveh Afrasiyabi. 

Cette décision, les États-Unis l'ont prise pour contraindre économiquement le CGRI mais il s'agit surtout d'une démarche potentiellement dangereuse en termes militaires.

« En Irak ou en Syrie, une opération "false flag" signé par les agents US pourrait déclencher la grande guerre. Pire, le Mossad et Israël pourront eux profiter de cette situation et pousser les Américains à la confrontation avec l'Iran. Dans ce cas, l'Iran et ses alliés régionaux ne resteront pas les bras croisés et tout pourrait échapper au contrôle, surtout que l'administration Trump à couper tous les ponts du dialogue avec l'Iran », a-t-il expliqué. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV