Dans ce numéro de Zoom Afrique :
L’actualité en Afrique :
Côte d’Ivoire : le gouvernement adopte quatre décrets pour améliorer la régulation de l’audiovisuel en prévision du passage à la TNT ;
Fiscalité : le Ghana réduit jusqu’à 50 % les taxes sur les importations ;
Kenya : 83 % de la population a désormais accès à des services financiers formels.
Les analyses de la rédaction :
Mali :
Le Grand Mali sait toujours s’unir quand il y a un péril existentiel... Après le massacre des Peuls destinés à provoquer un exode de cette communauté du Mali plus des affrontements intercommunautaires, et ce, pour le grand bonheur de la force d’occupation Barkhane, les Maliens ont vu le danger et se sont mobilisés contre la coalition d’occupation.
Plus de 10 000 personnes ont manifesté ce vendredi 5 avril. Mais ces manifestations ne sont pas organisées à l’appel de n’importe qui : c’est du fait des leaders religieux que les Maliens sont descendus dans les rues afin d’exiger le départ des forces militaires internationales présentes dans le pays.
Rappelons qu’en janvier dernier, suite à l’assassinat de l’imam Abdoulaziz Yattabaré sur le chemin de sa mosquée, les médias mainstream ne cessaient de parler des tensions à Bamako. Le meurtre d’un imam était la clé du nouveau projet de déstabilisation français qui prenait une allure interreligieuse, laquelle apparemment n’a pas fonctionné, puisque c’est à l’appel des leaders religieux que ces manifestations sont organisées.
Avec ferveur, plus de 10 000 personnes se sont regroupées sur la place de l’Indépendance, après la prière du vendredi. Pour Fatim Diarra, trop c’est trop. « Le Mali était bien ! Le Mali était tolérant ! Le Mali était beau ! Et maintenant, tout le monde souffre. Même quand tu dis bonjour à quelqu’un, il te fait la bagarre parce que le cœur est serré ! Les militaires meurent, les civils meurent ! »
Pour un commerçant, le massacre d’Ogossagou, où au moins 157 villageois ont été assassinés le 23 mars, est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Si la communauté internationale n’est pas en mesure de nous protéger, qu’ils dégagent ! » Les forces militaires internationales, spécialement françaises, doivent quitter le Mali, assume un fonctionnaire. « Votre gouvernement est complice de tout ça ! »
Ils ont répondu à l’appel des leaders religieux. Issa Kaou N’djim est le porte-parole du président du Haut Conseil islamique, l’imam Mahmoud Dicko.
« Alors que les uns se font massacrer, qui sont les coupables, qui sont les auteurs, quelle politique nous a menés à ça ? » pouvait-on entendre de la part des manifestants.
En effet, des tensions existent certes, mais les communautés maliennes sont loin de s’en vouloir mutuellement, conscientes qu’elles sont des manigances de l’occupant.
Cameroun :
Le Cameroun, pays qui fait face à une crise linguistique visant à scinder en deux le pays, fait l’objet d’une nouvelle tentative de déstabilisation. Alors qu’il y a à peine un mois, l’émissaire US pour l’Afrique, Tibor Nagy, s’était permis de s’ingérer dans l’affaire de l’arrestation de l’opposant Maurice Kamto, cette fois-ci c’est au tour de la France de mettre son grain de sel.
Des avocats français ont annoncé ce jeudi avoir saisi l’ONU concernant l’incarcération « arbitraire » d’opposants camerounais, parmi lesquels leur dirigeant, Maurice Kamto, dont ils réclament la libération « immédiate ».
« Le cabinet Dupond-Moretti et Vey a saisi le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies, à Genève, de la situation des trois principaux leaders de l’opposition camerounaise et de leurs partisans détenus depuis plus de deux mois dans des conditions arbitraires », ajoutent les avocats dans un communiqué. Le cabinet d’avocats parisiens affirme que Maurice Kamto, Albert Dzongang, Paul Eric Kingue et 150 de leurs partisans et alliés, « ont été arrêtés de manière totalement illégale, sous des prétextes divers masquant en réalité une volonté de répression politique ». L’avocat français Eric Dupont-Moretti, ténor du barreau de Paris, s’était rendu mi-mars à Yaoundé pour y rencontrer Maurice Kamto dans sa prison.
Apparemment, la guerre sans merci des puissances, qui cherchent à scinder en deux le grand Cameroun, rentre dans une nouvelle phase : sous prétexte de défendre les droits de l’homme, le camp occidental, qui ne pardonne pas au Cameroun son penchant vers l’Est, cherche à mener cette affaire à l’ONU, quitte sans doute à évoquer le cas au Conseil de sécurité.
En février 2019, Washington avait annoncé l’annulation de programmes d’aide militaire destinés au Cameroun, toujours en invoquant l’éternel prétexte de « graves violations des droits de l’homme » commises par les forces de sécurité camerounaises.
Dans la foulée, Washington avait exigé de Yaoundé qu’une enquête soit menée sur ces allégations, que les États-Unis jugent crédibles.
Les autorités américaines voulaient aussi que les auteurs de violations des droits de l’homme répondent de leurs actes. Cette fois, c’est l’ONU qui s’en mêle avec son Conseil de sécurité dominé par les USA et leurs affidés de l’OTAN. Pour provoquer la division du Cameroun, les USA sont-ils prêts à voter au Conseil de sécurité ? Cette annonce intervient après que la Russie a invité le président Biya à Moscou. Ce qui veut dire que c’est loin d’être gagné pour les Américains s’ils comptent porter l’affaire du Cameroun devant le Conseil de sécurité.
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