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Zoom Afrique du 14 mars 2019

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Éthiopie : nouvelle base occidentale grandeur nature

Dans ce numéro de Zoom Afrique :

L’actualité en Afrique :

  • Vers une nouvelle dynamique dans la coopération entre le Cameroun et le Gabon ;
  • RDC-Rwanda : Tshisekedi attendu par Kagame à Kigali ce 26 mars ;
  • Plaidoyer pour l’indépendance des banques centrales africaines.

 

Les analyses de la rédaction :

Tchad

Tout en s’enfonçant dans le bourbier au Mali, la France a utilisé le même scénario au Tchad.

En intervenant pour défendre le régime tchadien et en soutenant l’offensive récente du maréchal Khalifa Haftar dans le Fezzan, la France s’enfonce un peu plus dans le bourbier régional, dans une guerre sans fin.

L’offensive lancée fin janvier 2019 dans le Fezzan par le maréchal Khalifa Haftar n’a pas rencontré beaucoup de résistance, sauf chez les Toubous. Elle vient rappeler la place stratégique occupée par cette communauté dans le sud de la Libye.

L’implication directe de la France, qui a mis au service de Haftar ses avions de surveillance et de reconnaissance, vient confirmer le tournant de la politique française en Libye. C’est l’alliance stratégique dans laquelle la France est insérée avec les pays du Golfe qui détermine sa politique en Libye.

Le fait est que Paris veut rendre des services pour assouvir ses propres intérêts, mais il n’a plus vraiment d’alliés comme les États-Unis pour le couvrir. Ce qui fait qu’il tombe dans un cercle vicieux qui l’oblige à maintenir les conflits dans ces régions, et à passer son temps à justifier sa présence à la communauté internationale. Cette intervention dans le nord du Tchad n’était peut-être pas le bon moyen pour Paris de redorer son blason. Quoi ­qu’il en soit, face à ces frappes disproportionnées et illégales de l’armée française, les Tchadiens dans leur majorité s’indignent et dénoncent avec véhémence cette ingérence dans les affaires intérieures du Tchad.

Depuis les frappes militaires des Mirage 2000 contre des colonnes tchadiennes, un acharnement médiatique, en France même, s’est emballé contre ces frappes, remettant en cause cette intervention française. La France s’est trouvée sous le feu d’accusations en tout genre. Depuis quelques années, la France n’a jamais levé le petit doigt pour aider le Tchad dans sa lutte contre les assaillants à ses frontières. De plus, les évolutions du Sahel montrent aus­­­si que la France a servi ses avoirs en Afrique sur un plateau d’argent aux Anglo-Saxons. Maintenant, les États-Unis sont de plus en plus visibles en Afrique de l’Ouest avec des déploiements de bases militaires et des investissements en tout genre. Ce qui fait que depuis la normalisation avec Israël, Paris se retrouve pris entre deux feux. D’un côté, il doit pouvoir justifier sa présence au Tchad et montrer une activité efficace face au terrorisme, et de l’autre il se retrouve non seulement dans un bourbier financier dont il n’est pas prêt de sortir, mais en plus il doit faire face à une résistance qui n’était pas prévue au programme.

Éthiopie

Après avoir tenté de marquer le territoire de Paris à Djibouti, c’est maintenant en Éthiopie et ensuite au Kenya que le président français Emmanuel Macron veut marquer le coup en investissant des sommes colossales. Sa visite à Djibouti était une manière de faire face à la montée de l’influence chinoise dans la région. Dans ses anciens numéros, Zoom Afrique s’était penché sur l’aspect économique de la visite des chefs d’État allemand et français dans la Corne de l’Afrique. La coopération franco-allemande ne s’arrête pas là. En effet, hier, suite à la visite du président français Emmanuel Macron en Éthiopie, c’est dans le domaine militaire que la coopération franco-éthiopienne atteindra un niveau inédit puisqu’il est question que Paris aide Addis Abeba à restaurer ses capacités navales, dans le cadre d’un accord signé lors de la visite de M. Macron.

« Cet accord inédit de coopération de défense offre le cadre d’une coopération renforcée et ouvre notamment la voie à un accompagnement spécifique de la France sur la mise en place d’une composante navale éthiopienne », a en effet déclaré le président français, à l’issue d’un entretien avec M. Ahmed.

« Plus largement, il offre un cadre à notre coopération en matière aérienne, au partenariat entre nos troupes et des perspectives en termes de formation et d’équipement », a continué M. Macron. Et d’ajouter : « Nous avons conscience de le signer avec un dirigeant qui a décidé de construire la paix dans toute la région et de lutter avec force contre le terrorisme et contre toutes les formes de menaces. »

Vu que l’Éthiopie n’a aucun accès à l’eau, il serait difficile de relancer la force navale éthiopienne. À moins que l’accès à la mer lui soit restitué. Le plan initial serait de créer un bloc, donc une zone économique et militaire entre les pays de la Corne de l’Afrique. C’est-à-dire, redonner l’accès à la mer à l’Éthiopie à travers l’Érythrée au nord, ce qui donnerait l’accès à la mer Rouge, mais aussi à travers le Kenya, qui donnerait un accès à l’océan Indien. Cette concentration sur la force navale, plutôt que terrestre et aérienne, n’est pas non plus anodine. La région de la Corne de l’Afrique est surtout convoitée pour ses accès à la mer. On retrouve notamment le stratégique golfe d’Aden qui est un carrefour de transit pétrolier, le détroit de Bab el-Mandeb et aussi la mer Rouge. Djibouti, qui se trouve donc au cœur de ce transit, a accordé une place majeure à la Chine depuis son conflit avec la société émiratie DP World, qui avait surtout la volonté de garder le port de Doraleh et de l’empêcher de se développer dans le but de renforcer entre autres le port émirati de Dubai. Cette force navale éthiopienne serait surtout placée au service des Occidentaux, pour garder un contrôle sur la zone. Avec des forces terrestres qui occupent l’Afrique de l’Ouest et centrale, les forces aériennes en Somalie et au Niger, les forces navales dans le golfe de Guinée, et maintenant une présence navale plus importante dans le golfe d’Aden et l’océan Indien, la boucle est pratiquement bouclée pour les Occidentaux. Le bloc de l’Est, à savoir la Chine et la Russie, devront aussi accroître leurs forces navales pour rétablir l’équilibre.

Kenya

Suite à l’échec cuisant de la compagnie française Total, qui n’a pas été capable de prendre le contrôle du bloc B1 et B2 au Soudan du Sud, Paris semble vouloir se venger en se rattrapant sur le pays frontalier du sud-est, le Kenya. En effet, lors de la visite du président français, Emmanuel Macron, des contrats dont le montant total atteint les 3 milliards d’euros ont été signés. 

Premier président français à se rendre au Kenya, Emmanuel Macron a annoncé le mercredi 13 mars à Nairobi qu’il devait conclure d’ici à jeudi une série de contrats pour des groupes français dans le pays d’un montant total de 3 milliards d’euros, dont une concession autoroutière.

Après Djibouti et Addis Abeba, Nairobi est la dernière étape de la tournée est-africaine d’Emmanuel Macron, venu jouer la carte française face à la montée en puissance de la Chine. « Nous avons fait avancer plusieurs dossiers, dont un projet autoroutier, qui sera conclu d’ici demain matin [jeudi, NDLR], un projet considérable de près de 1,5 milliard d’euros. Et nous avons ce même volontarisme sur un total d’à peu près 3 milliards d’euros de contrats », a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse avec son homologue kényan Uhuru Kenyatta.

Ces contrats sont pour des entreprises françaises, comme le contrat conclu avec le groupe PSA qui assemble plusieurs modèles de voitures Peugeot.

Interrogé sur ce que la France pouvait apporter de différent au Kenya par rapport à la Chine, Uhuru Kenyatta a répondu, non sans un certain pragmatisme : « Vous ne pouvez pas comparer des pommes à des oranges […] mais elles sont toutes bonnes pour vous. Nous tirons profit de ce que le monde a à offrir de meilleur. »

Le reste des contrats et des lettres d’intentions porte sur les transports (construction de 210 ponts pour les routes rurales kényanes notamment) ou encore l’énergie (lignes de transport d’électricité et centrales solaires).

Cela va de soi, Paris joue un jeu dangereux qui consiste à bomber le torse face à la Chine dans le domaine économique. Ce qui a été vu en Côte d’Ivoire, c’est un investissement énorme de la France dans un projet de métro à Abidjan. Tout de suite après, la Chine a investi dans la construction d’une autoroute dans le pays. C’est ce qui montre une volonté d’entrer dans une certaine compétition. Pékin sait déjà que Paris sera le perdant. Mais la France continue d’afficher cette volonté de recoloniser de nouveaux terrains, malgré le recul prononcé de son pré carré. 

Le fait est qu’au Kenya, on retrouve déjà d’autres occupants comme Israël, qui montre la même volonté de s’implanter dans différents pays africains. Tout comme au Soudan du Sud, la France empiète sur les plates-bandes d’Israël. Au Soudan du Sud, Israël a été accusé par les États-Unis de détenir le marché des armes malgré l’embargo décrété par Washington. Ces dernières années, M. Netanyahu a multiplié les contacts avec plusieurs pays africains : il avait notamment effectué une tournée inédite en janvier 2016 en Afrique de l’Est, visitant l’Ouganda, le Kenya, le Rwanda et l’Éthiopie.

Les pays de l’Afrique de l’Est suscitent un intérêt particulier et soudain pour l’Occident. 

Vu les énormes contrats qui sont signés et la ferme volonté de mettre rapidement un terme à l’influence grandissante du bloc de l’Est, il est peut-être clair qu’un remake de la situation en Afrique de l’Ouest se prépare dans l’est du continent.

 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV