L’attaque terroriste du 13 février 2019 contre les forces du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) a provoqué les tensions dans les relations irano-pakistanaises. Les analystes y voient un lien avec le plan américain de déstabiliser la région, sans omettre, à la fois, de freiner la Chine, largement impliquée dans les projets de développent régionaux surtout le projet des routes de la soie. D’où l’impératif pour l’Iran et le Pakistan d’opter pour une coopération stratégique renforcée contre le terrorisme, pour faire échec au plan US et faire de leurs zones frontalières un foyer de stabilité au service des grands projets de développements régionaux.
Pour l'expert américain spécialiste des guerres douces et combinées, Andrew Korybko, bien qu’il ait reconnu que les préparatifs de l’attentat anti-iranien auraient été faits sur son sol, le Pakistan n’a encore établi aucune mesure concrète pour éradiquer ces groupes terroristes, sauf quelques prises de position verbales ou certaines mesures politiques dont l’interdiction des activités des groupes terroristes sur les frontières.
Pour rappel, le groupe terroriste Jaich al-Adl a tout de suite revendiqué l’attaque terroriste dans la province iranienne de Sistan et Baloutchistan, faisant au moins 27 morts et 13 blessés.
Mais qui voudrait semer la zizanie entre l’Iran et le Pakistan et pourquoi ?
Dans un rapport récemment publié sur le site web Eurusia Future, l’expert américain spécialiste des guerres douces et combinées, Andrew Korybko, s’attarde sur l’attentat terroriste survenu à Zahedan et y établit un lien avec de plus vastes plans américains qui visent à provoquer des agitations en Iran.
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D’après l’analyste, dans le cadre de leur plan connu sous le nom de « Blood borders » (frontières de sang), les États-Unis souhaitent, à travers de tels attentats, perturber la donne irano-pakistanaise. Étant donné que l’Iran et le Pakistan se trouvent tous les deux sur la nouvelle Route de la soie, l’absence d’une sérieuse coopération bilatérale sur le plan sécuritaire permettrait aux États-Unis de barrer la route à la Chine, largement impliquée dans le projet.
L’Iran a, selon l’analyste de « Eurusia Future », une grande visée stratégique et il en est bien conscient. Il est pourtant conscient aussi de l’importance stratégique de l’Inde que les États-Unis chercheraient à instrumentaliser pour freiner la Chine, puissance asiatique mais aussi mondiale étant à l’origine des nouvelles routes de la soie. Beaucoup d’experts reconnaissent par ailleurs que les tensions récemment survenues entre l’Inde et le Pakistan s’inscrivent, elles aussi, dans le cadre des plans américains de défier la Russie, largement intéressée, elle aussi par les projets stratégiques de développement dans cette région.
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Rappelons en passant que les nouvelles routes de la soie valent de l'or pour la Chine, parce qu’elles traversent 68 pays ou régions qui comptent pour 25 % de l'offre mondiale d'or et pour 80 % de la consommation.
Dans l’optique d’Andrew Korybko, l’Iran est pourtant capable d’obtenir le meilleur résultat malgré les malveillances américaines.
En fait, l’Iran et le Pakistan pourront mobiliser leurs ressources militaires et socio-économiques au service d’une stratégie commune de lutte contre le terrorisme, en s’inspirant du modèle de la guerre hybride. Ce faisant, les deux pays pourront instaurer une stabilité durable dans la région de Baloutchistan qui couvre des zones frontalières de part et d’autre. Téhéran et Islamabad pourront même demander une aide financière aux Chinois, dans la mesure où tout effort de sécurisation et de stabilisation dans cette région donnerait un coup d’accélérateur à l’accomplissement du projet chinois des routes de la soie, comme l’avait remarqué l’année dernière Andrew Korybko.
Alors que les Américains, dans le cadre de leur projet « Frontières de sang », cherchent à transformer la région de Baloutchistan en un foyer de tensions et de divisions régionales, un peu comme ce qu’ils ont toujours souhaité faire avec le Kurdistan, l’Iran et le Pakistan doivent, selon l’analyste de Eurasia Future, profiter de l’occasion, pour transformer cette région en un pont, sur le modèle du projet de Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC).