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Si les États-Unis attaquaient l'Iran...

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un char M1 Abrams ©AP

L'année 2019 serait l'année de la guerre contre l'Iran, prévoit une certaine presse qui juge désormais "plus que probable" une guerre américaine opposant Washington à Téhéran. Ces journaux relèvent dans le même temps que les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et Israël s’apprêteraient à déclencher un conflit contre l’Iran. C’est aussi l’avis de l’analyste de Middle East Eye, qui se référent surtout à l’augmentation des ventes d’armes au Moyen-Orient, conformément au rapport de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Stockholm International Peace Research Institute, SIPRI).

Le rapport du SIPRI indique que l'Arabie saoudite est devenue le premier acheteur d'armes au monde. Les flux d'armes au Moyen-Orient ont augmenté de 87% au cours des cinq dernières années, a annoncé dimanche 10 mars le SIPRI.

Le nouveau rapport montre comment les États-Unis et les pays européens vendent des jets, des jeeps et d'autres équipements utilisés lors de guerres controversées au Yémen et au-delà.

« Les armes provenant des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France sont très demandées dans le Golfe (Persique, ndlr), où les conflits et les tensions sévissent », note le chercheur du SIPRI, Pieter Wezeman, à Middle East Eye.

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Entre 2014 et 2018, l'Arabie saoudite a reçu des États-Unis et de la Grande-Bretagne 94 avions de combat équipés de missiles de croisière et d'autres armes guidées. Dans les cinq prochaines années, il devrait accueillir 98 avions de plus, 83 chars et systèmes de missiles de défense américains, 737 véhicules blindés du Canada, cinq frégates espagnoles et des missiles balistiques à courte portée ukrainiens.

Entre 2014 et 2018, les Émirats arabes unis ont reçu des systèmes de défense antimissile, des missiles balistiques à courte portée et environ 1 700 véhicules de transport de troupes blindés des États-Unis, ainsi que trois corvettes de la France, indique le rapport de 12 pages du SIPRI. La croissance des importations en provenance du Moyen-Orient est due en partie à la nécessité de remplacer le matériel militaire déployé et détruit au Yémen, en Syrie, en Irak et en Libye.

Ces chiffres servent ensuite à l'analyste pour conclure à une "imminente confrontation" qui engagent aux côtés des États-Unis, Israël, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, vu que la conférence de Varsovie censée accoucher d'une alliance anti-Iran large a fait lamentablement long feu. 

« Les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite et Israël se préparent à un conflit potentiel avec l'Iran », dit l’analyste qui n’oublie pas d’évoquer, en même temps, la crise diplomatique, qui règne depuis 2017, entre les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite et d'autres pays avec le Qatar, ce qui risque de "fragiliser significativement" l'alliance anti-iranienne". 

Les États-Unis restent le principal vendeur d'armes

Selon le site, l'Américain Donald Trump et ses affidés israélien et saoudien (Netanyahu et Mohammed ben Salmane) ont plus d'une raison pour vouloir en découdre avec l'Iran : affaiblis chez eux , ils pourraient, avec quelques alliés à l’étranger, suffisamment imprudents, déclencher une guerre contre l’Iran.  Pas une offensive d'envergure mais des actions militaires limitées , genre des frappes israéliennes en Syrie, des attaques américaines contre la frontière syro-irakienne  ou encore un affrontement entre des navires de guerre américains et iraniens dans le golfe Persique. Le seul hic: un tel acte de guerre est potentiellement apte à déboucher sur un conflit mondiale, affirme le Middle East Eye : 

 "Même si l'Europe occidentale s'est opposée à tout futur conflit avec l'Iran, même si la Russie et la Chine s'y opposent, même si la plupart des experts en politique étrangère de Washington seraient horrifiés par le déclenchement d'une telle guerre, cela pourrait arriver. Malgré les tensions croissantes de l’administration Trump avec le Venezuela et même avec la Corée du Nord, l’Iran est l’endroit le plus probable pour la prochaine action militaire de Washington action dont les conséquences seraient potentiellement catastrophiques. Une telle guerre pourrait rapidement se propager dans une grande partie du Moyen-Orient, non seulement en Arabie saoudite et en Israël, les deux principales puissances anti-iraniennes de la région, mais également en Irak, en Syrie, au Liban, au Yémen et dans les différents États du golfe Persique. Comme le président iranien Hassan Rohani l’a suggéré l’année dernière (il fait inconsciemment écho à l’ancien ennemi de l’Iran, le dirigeant irakien Saddam Hussein), cela pourrait bien être la «mère de toutes les guerres»

En effet, les États-Unis ont conservé leur position de premier vendeur d’armes au monde. Leurs exportations ont augmenté de 29% au cours des cinq dernières années, plus de la moitié de leurs marchandises (52%) étant destinées à des clients du Moyen-Orient. Idem pour les ventes du Royaume-Uni qui ont augmenté de 5,9% sur la même période. 59% des livraisons d'armes ont été livrées au Moyen-Orient - la plupart des avions de combat à destination de l'Arabie saoudite et d'Oman. 

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Mais a quoi  pourrait servir autant d'armes vendues, si ce n'est pour une offensive armée d'envergure. Mais un conflit avec l'Iran sera-t-il une promenade de santé? 

En Syrie, le comportement iranien pourrait bien changer en cas de frappes directes israéliennes. Les forces pro-iraniennes largement impliquées dans le sud syrien et près des frontières avec Israël ne resteront pas les bras croisés à se faire massacrer par Tel-Aviv, tout comme le Hezbollah qui sortira ses missiles et autres armements pour se venger. Ce lundi, le président iranien est arrivé en Irak pour visite si différente de celle de Trump : ce n'est pas une visite secrète comme celle qu'a effectuée Trump en décembre en Irak où tous les responsables l'ont boudé mais une visite en grande pompe. En Irak le nombre des forces pro-iraniennes dépasse celui de l'armée nationale et vu la présence militaire américaine dans ce pays, toute guerre d'envergure anti- iranienne serait catastrophique.

Enfin, il y a le golfe Persique et le risque du conflit y est grand surtout sous Trump. L’année dernière, il avait demandé à Mattis de préparer le projet de faire exploser les «bateaux rapides» iraniens dans le golfe Persique et puis le président a renforcé la présence navale américaine non loin des eaux territoriales iraniennes. Mais là aussi, ces agissements équivalent à ouvrir la boite de Pandore. Sans surprise, les dirigeants iraniens ont réagi de la même manière. Il y quelques mois le président Hassan Rohani mettait les USA en garde contre la mère des conflits si les États Unis décidaient de bloquer le transit du pétrole iranien. En février l'Iran a  mis au point des sous-marins capables de lancer des missiles de croisière en immersion contre des cibles navales. Les exercices militaires navals iraniens se multiplient avec des tir de missiles de tout genre. On apprend aussi que l'Iran enverra bientôt sa flotte en Atlantique visiblement pour anticiper un clash. Difficile dans ce contexte de croire à une victoire rapide en cas d'un conflit qui échappera très rapidement à tout contrôle. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV