Dès l’annonce du retrait des troupes américaines de Syrie en décembre dernier, les autorités algériennes restaient vigilantes quant aux conséquences de la volte-face de Trump au Moyen-Orient et du déplacement du centre d’intérêt US vers l’Afrique du Nord. Ce qui se passe actuellement en Algérie prouve qu’elles n’avaient peut-être pas tort.
Certes la situation en Algérie ne fait pas que des heureux, mais de là à voir des appels à la révolte impliquant les réseaux sociaux, des activistes anonymes, voire des figures pro-israéliennes de renom se succéder de la sorte, il y a un signe qui ne se trompe pas.
Surtout qu’aux portes de l’Algérie, outre cet étonnant trafic d’armes de guerre qui se heurte sans cesse à la vigilance de l’armée algérienne, c’est le branle-bas de toute part : au Sahel, Israël débarque et il veut porter secours à une France enlisée au Mali et à une Amérique bien implantée au Niger qui ne jure que par les richesses sahéliennes. Alors que la France officielle refuse toujours de reconnaître la révolte anti-libéraliste des Gilets jaunes, certaines figures politiques pro-israéliennes encouragent les Algériens à la révolution !
Alors qu’une source d’information à Alger a déclaré que le président algérien, Bouteflika, aurait convoqué son conseiller diplomatique et ancien ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, pour négocier sur la possibilité de nommer ce dernier au poste de Premier ministre, le site algérien « Algérie patriotique » évoque dans l’un de ses derniers numéros les « interférences étrangères » dans les échauffourées violentes opposant l’armée aux citoyens algériens. Un vent syrien souffle sur l’Algérie ? Le site fait allusion en effet aux récents propos provocateurs de l’ex-député socialiste et pro-israélien Julien Dray à l’adresse des Algériens, les appelant à « descendre dans les rues pour construire » ce qu’il nomme la « nouvelle Algérie ».
En effet alors même que le mouvement des Gilets jaunes se trouve confronté en France à différentes formes de censures et que l’État s’est fixé comme objectif d’étouffer, coûte que coûte, la révolte, il est étonnant de voir les appels à la révolution se succéder depuis la France en direction de l’Algérie. « Algérie patriotique » levait récemment un coin de voile sur un projet de conception israélo-saoudienne destiné à plonger l’Algérie dans le chaos.
D’ailleurs, tout comme en Syrie de 2011, il s’agit de déstabiliser la situation interne à coup de manifs anti-pouvoir, de pousser l’armée à s’impliquer, de provoquer des morts et puis d’ouvrir la porte à une invasion de terroristes étrangers. Des figures tristement célèbres pour leur rôle dans la guerre syrienne, comme l’ex-chef des services secrets saoudiens Bandar ben Sultan, seraient d’ailleurs de retour et très actives dans le dossier algérien : « La stratégie de Bandar ben Sultan et du Mossad est la même dans tous les pays du Maghreb et du Moyen-Orient qui ont basculé dans la violence depuis janvier 2011. La première étape consiste à pousser à des rassemblements de rue pour protester “pacifiquement” contre le régime en place, puis la machine médiatique se met en branle pour exacerber la colère de l’opinion quand des snipers aux ordres de ces deux entités tirent sur la foule, comme cela s’est passé en Tunisie et en Syrie où des mercenaires occidentaux et arabes avaient été soit arrêtés, soit abattus par les services de sécurité. »
Tout en affirmant respecter le droit de manifester et avoir confiance en la sagesse du peuple, le Premier ministre algérien a d’ailleurs mis en garde contre un scénario à la syrienne avec « des manipulations et des manœuvres » qui pourraient entraîner le « chaos ». Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a commenté, ce 28 février, les manifestations qui ont lieu partout dans le pays depuis le 22 février contre un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika.
La nature « anonyme » des appels à manifester sur les réseaux sociaux a été pointée du doigt par le Premier ministre. « Pourquoi se cacher ? », a-t-il interrogé, « Celui qui n’a rien à se reprocher doit dire je suis untel et assumer. » Avant d’évoquer des « milieux étrangers » qui, selon lui, « commencent à bouger, à commenter, à dire que le peuple algérien s’est réveillé ».
« Je ne parle pas pour faire peur au peuple, non, je ne parle pas pour exploiter le passé », a tenu à préciser le chef du gouvernement algérien. Il a néanmoins mis en garde contre le développement d’un scénario à la syrienne. « Les citoyens ont offert des roses aux policiers, c’est beau, mais je rappelle qu’en Syrie, ça a commencé aussi avec des roses », a-t-il déclaré en guise d’avertissement.