Un article du colonel François-Régis Legrier, chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique et commandant la Task Force Wagram au Levant d’octobre 2018 à février 2019, est retiré de la Revue Défense Nationale (RDN, n°817), en février, car il critiquait la stratégie de la coalition internationale.
Intitulé « La bataille de Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? », celui-ci critique la méthode et les résultats de la coalition internationale sous commandement américain dans la guerre contre Daech.
À peine publié, l’article a suscité une vive réprobation de la part de la hiérarchie militaire, et notamment de la ministre des armées, Florence Parly, qui a décidé de sanctionner le colonel pour avoir critiqué l’implication de la France dans la guerre en Syrie.
Le colonel François-Régis Legrier dénonce dans son article une victoire « poussive à un coût exorbitant et au prix de nombreuses destructions » lors de la bataille de Hajin (septembre 2018-janvier 2019). La bataille en question a eu lieu à Hajin, une petite localité située sur la rive est de l’Euphrate aux confins de la Syrie et de l’Irak.
« On a besoin de milliers de forces compétentes pour déterminer le sort de Hajin en quelques semaines et évacuer les habitants des zones du conflit. L'opération s'est poursuivie pendant cinq mois et a entraîné des massacres massifs. En six mois, des milliers d’obus de mortier se sont abattus sur des dizaines de kilomètres carrés, provoquant la destruction des infrastructures, notamment d’hôpitaux, de routes, de ponts et de maisons », lit-on dans l’article de ce colonel.
« S'il n'était pas d'accord avec l'action de la France, il devait demander à être déchargé de son commandement », a estimé la ministre lors d'une audition le 20 février devant la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, dont le contenu a été rendu public mercredi.
À mesure que la tension sociale monte en France et que les « Gilets jaunes » posent des revendications politiques bien précises, le front atlantiste au pouvoir à l'Élysée dévoile une stratégie de « défense nationale » bien contraire aux intérêts des Français. En effet, c'est une stratégie qui cadre bien avec les diktats de Washington.
Selon la ministre des Armées, l'armée française n'a aucun plan pour le retrait de ses troupes de la Syrie et devrait continuer à se battre contre Daech.
La Syrie est un État souverain, qui n’a pas appelé la France à son secours. L’armée syrienne a réussi à capturer des tireurs d’élite français à un point de contrôle de ses forces dans la province de Hassaké, au nord-est du pays.
La France s'est engagée militairement en Syrie sans le feu vert de l'État syrien et se comporte comme une puissance d'occupation. Malgré l'annonce du retrait US de Syrie au mois de décembre 2018 la France a insisté pour maintenir sa présence militaire en Syrie pour se battre contre Daech. Mais la France s'est-elle réellement battue contre les terroristes de Daech?
Quelques extraits de l'article du général Legrier cités par le journaliste de Le Figaro Georges Malbrunot sont bien révélateurs. La coalition n'a jamais combattu Daech :
" Après les attentats de Bataclan « l’Elysée nous appelle, dit le général, " : il faut taper, il faut taper sur les ponts, taper sur les convois. Ils étaient très en colère. J’ai répondu : pour taper il me faut des cibles. Des cibles fiables, je ne veux pas taper pour le plaisir et faire des victimes civiles" rappelle le général dans son article.
2- "On n’a pas d’objectifs, répond le haut-gradé. Il faut frapper, ne vous foutez pas de ma gueule, répond l'Elysée. Le CEMA appelle. Mais on n’a pas d’objectifs, lui dis-je. Il faut frapper, il faut frapper".
3- "Je téléphone à Tampa à Loyd Austin au Centcom américain. Il me dit condoléances etc… Je lui dis : donne-moi des dossiers d’objectifs ! Il me répond : mais je n’en ai pas. Tu ne peux pas me dire çà, lui dis-je. Donne m’en. Il m’en a donné deux".
4-" On a tiré contre deux cibles. L’une : des hangars vides pas loin de Falloudja. Là tu peux tirer m’avait dit Austin, on a déjà tiré, il n’y a rien en-dessous. Cela ne fera pas de dégâts collatéraux".
5- "La deuxième cible, j’ai tiré contre ce qu’on a appelé dans le communiqué un camp d’entraînement "djihadiste ", c’était un parcours du combattant vide au milieu de nulle part ! On a balancé pour cinq millions d’euros de bombes sur un pseudo camp d’entraînement. De la com".
6 - "Quand mon entourage m’a interrogé sur le dossier d’objectifs, ils m’ont dit mais c’est un terrain de foot. J’ai dit non c’est un parcours du combattant vide. Mais officiellement ce sera un camp d’entraînement".
7- "À l'Elysée, la nervosité du général Puga qui nous appelait traduisait l’état d’esprit du président Hollande. Avec Jean-Claude Mallet, ils nous mettaient la pression. J’ai dit non, je ne pratique pas la politique de la vengeance, et je ne veux pas faire des victimes civiles"
Fin des confidences de ce haut-gradé: "Ou j’ai des cibles ennemies clairement identifiées, ou je ne fais rien. Il y a un décalage croissant entre ce qu’on dit faire et ce qu’on fait".