Quel sera le sort de la zone sécurisée proposée par les États-Unis, une fois formée à l’est de l’Euphrate en Syrie et comment et par quelle partie sera-t-elle gérée? Voici les questions qui préoccupent à l’heure actuelle les parties impliquées en Syrie, et qui font l’objet même des différends, en particulier entre les Kurdes de Syrie et des groupes d’opposition, écrit le journal Al-Hayat.
« Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé que des consultations étaient en cours avec des pays voisins ou impliqués dont l’Iran et la Russie, sur la gestion du retrait américain de Syrie et pour aider ce pays à retrouver une stabilité durable. De même, le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé samedi qu’une délégation russe s’était entretenue avec des autorités iraniennes à Téhéran de diverses questions, dont la création du comité constitutionnel syrien et son lancement dans les plus brefs délais. »
Par ailleurs, Yahya al-Aridi, porte-parole du Comité des négociations syriennes (associé au CNS, conseil national syrien qui se veut représentant de l’opposition basée à l’étranger) a déclaré à Al-Hayat qu’une délégation du CNS avait discuté, avec le président de l’Autorité autonome du Kurdistan irakien ainsi qu’avec des députés de son Parlement local, à Erbil, de l’avenir du processus politique en Syrie. « Les deux parties ont réitéré qu’il faudrait, en tout cas, éviter l’option militaire », a-t-il ajouté.
Ce porte-parole a tout de même affirmé que le CNS œuvrerait pour empêcher le retour des forces du gouvernement syrien, de même que les éléments de Daech et du Front al-Nosra, à l’est de l’Euphrate.
« Eu égard à la situation délicate sévissant dans la région, le CNS souhaite assumer son rôle dans le règlement des problèmes de cette zone (rive est de l’Euphrate), par la création d’un véritable gouvernement regroupant toutes les parties impliquées et en évitant tout affrontement militaire. »
À en croire ce porte-parole, le CNS a conclu avec le Kurdistan irakien la création d’un tel gouvernement, ajoutant :
« Pour l’instant, il n’y a aucun plan fonctionnel pour créer ce gouvernement. Mais il va sans dire que cette autorité devrait être définie dans un cadre particulier du ‘‘Conseil national kurde’’ (CNK) et des ‘‘ Roj Peshmergas’’, son bras militaire. »
En réaction aux informations au sujet d’une coalition des « Roj Peshmergas » et des forces de Jaych al-Nokhba (ex- Jaych al-Tahrir, affilié au courant al-Ghad al-Souri d’Ahmad Jarba) pour assurer la gestion de l’est de l’Euphrate, le Conseil démocratique syrien (Kurdes du Rojava) a déclaré, toujours à Al-Hayat, que les seules forces existant actuellement sur la rive est de l’Euphrate étaient celles des FDS (Forces démocratiques syriennes).
« Le Conseil démocratique syrien (CDS) a suffisamment de forces pour assurer la sécurité de l’est de l’Euphrate », a-t-elle précisé.
L’opposition syrienne basée à l’étranger a récemment intensifié ses efforts pour attirer l’appui des parties majeures impliquées en Syrie, en vue d’installer les Roj Peshmergas (forces kurdes du Rojava ou la région kurde syrienne, affiliées au CDS) à l’est de l’Euphrate, dans l’espoir de se réserver, ainsi, une part dans l’avenir politique de cette zone.
Or, le Parti de l'union démocratique (PYD), dont les Unités de protection du peuple (YPG) constituent le bras militaire, n’acceptent pas une telle chose, étant donné les rivalités entre partis affiliés au Conseil national kurde et le Parti de l'union démocratique (PYD).
En tout cas, un haut membre de la délégation associée au Conseil national syrien (CNS) qui avait effectué une visite à Erbil affirme avoir évoqué, avec Massoud Barzani, leader du Parti démocrate du Kurdistan irakien, la nécessité de former une coalition des Forces des Peshmergas et des forces arabes du courant al-Ghad à l’est de l’Euphrate.
Dans le même temps, les Forces démocratiques syriennes tiennent à dire que Washington doit leur garantir son appui face à la Turquie, après le retrait US. Al-Hayat rappelle à ce sujet que le président américain Donald Trump a assuré Ilham Ahmad, présidente du Conseil démocratique syrien, que les Kurdes syriens ne devraient pas trop s’en inquiéter, et qu’ils auraient droit à une zone kurde dans les jours à venir. Dans une interview à la télévision syrienne, cette dernière a pourtant rejeté l’idée que Washington crée une zone sécurisée, s’il était prévu que la Turquie ait un rôle axial dans sa gestion.
De l’autre côté, des sources concordantes font part des différends entre la Turquie et les États-Unis sur la nature et l’étendue géographique de cette zone de sécurité. La Turquie voit cette zone sur une largeur de 60 km, alors que les Américains veulent une zone sécurisée de 35 km. La Russie pour sa part estime plus probable que la Syrie et la Turquie reviennent à leurs engagements dans le cadre de l’accord d’Adana.