Le lundi 21 janvier vers une heure (heure locale), Israël a lancé une série de frappes contre des cibles militaires à Damas, à Deraa, à Quneitra et à Soueïda. Après avoir subi une royale déculottée quelques heures plus tôt quand les Pantsir S-1 et les Bouk de la défense arienne syrienne connectés à C-3 ont réussi à intercepter les sept missiles tirés depuis des F-16 au large de la Méditerranée, il fallait à Netanyahu et à son nouveau chef d'état-major, Aviv Kouchavi, une action « spectaculaire » pour faire oublier aux colons-électeurs, la litanie d'échecs militaires israéliens de ces trois derniers mois, aussi bien en Syrie et à Gaza que sur les frontières libanaises ou encore en Cisjordanie.
Le 21 janvier, donc, Israël s'en est pris par deux vagues successives au territoire syrien, et ce, sous le sempiternel prétexte d'avoir à en chasser l'Iran. Les Israéliens ont prétendu que c'est un « Fateh 110 iranien » tiré contre le Golan et en l'occurrence, intercepté avec succès par le défaillant Dôme de fer qui aurait déclenché le mécanisme. L'assertion n'en est pas une toutefois, dans la mesure où l'Iran, en cas de face-à-face, ne se contenterait pas d'un seul missile et n'aurait à l'époque des faits aucune raison de viser le Golan. Plus réaliste est, en revanche, l'analyse de ceux qui affirment que la frappe laisse désormais les mains bien libres à l'armée syrienne et à son allié de la Résistance pour riposter.
En effet, la frappe israélienne, au contraire de ce que la presse « mainstream » laisse entendre, a été bien loin de prendre de court, l'axe de la Résistance. Selon des sources proches de l'armée syrienne, « Israël avait multiplié les agissements, déplacé ses batteries de missiles dans le Golan occupé, juste quelques heures avant la frappe, avertissant ainsi et sans le vouloir les “forces alliées” sur l'imminence d'une attaque aux missiles contre le Sud syrien ». Le raid a duré 50 minutes : 20 missiles sol-sol ont été tirés depuis le Golan occupé contre le sud de la province de Damas, parallèlement au vol simultané des chasseurs et des drones israéliens dans le ciel golanais. Or, la DCA et les divisions 7 et 10 de l'armée syrienne étaient aux aguets : 38 missiles ont été interceptés à Zakiya, à Kiswa, et dans le triangle de Al-Mout entre autres.
L'aéroport de Damas, l’entrepôt d'armes de Kiswa, la base Al Dimas et le centre de recherches de Hamariya, tous situés dans la région damacène ont été visés. Dans son communiqué l'armée syrienne évoque le rôle US dans ces frappes, car sans les renseignements fournis par le Pentagone, Israël n'aurait pu lancer des frappes d'ampleur.
L'Iran et le Hezbollah ont-ils saigné ?
Des sources de la Résistance démentent catégoriquement des morts iraniens ou hezbollahi et confirment le bilan des pertes publié par le ministère russe de la Défense : 4 soldats syriens tués et 6 autres blessés.
Et la riposte syrienne ?
Les forces de l'armée syrienne ont de nombreuses options sur la table et cela ne comprend pas seulement la défense anti-missile, bien qu'il soit nécessaire de rappeler qu’en cette matière l’armée syrienne a déjà fait ses preuves : 38 missiles sur un total de 50 ont été interceptés et détruits.
Mais il est possible aussi que les forces militaires syriennes prennent pour cible de leurs missiles le sol israélien, fait qui suscite déjà une vive frayer au sein du QG israélien d'où d'ailleurs les mises en garde du porte-parole de l'armée israélienne qui a demandé à Damas de ne pas réfléchir à une riposte. La riposte balistique de Damas est pour le reste parfaitement plausible si on ajoute aux capacités balistiques de la Syrie, la présence dans son arsenal, des S-300 russes.
Reste à savoir quel moment choisir pour riposter et comment agir par ordre de priorité : l'armée syrienne préfère fixer le sort de la bataille dans les territoires occupés du nord de la Syrie. C'est là que se joue l'avenir de l'indépendance syrienne. De toute évidence, tout type de conflit entre la Syrie et Israël ne tardera pas à conduire à un retour des groupes terroristes dans le Nord syrien et il semblerait que la mission israélienne telle que définie par Washington vise en partie ceci.
Bien empêtré dans ses affaires domestiques, Netanyahu aimerait bien vivre une nouvelle aventure propre à le propulser à nouveau à la tête du régime de Tel-Aviv. Mais ce n'est pas à lui de décider du moment et des modalités de la confrontation avec l'État syrien et son allié de la Résistance ? Car l'expérience l'a bien montré, l'armée israélienne est incapable de gagner une guerre, voire de l'endurer, ce qui lui importe c'est la commencer. Ce constat devenu un mot d'ordre de la stratégie militaire israélienne ne changera pas de sitôt, même si l'armée sioniste a changé de tête.
Quant à la Résistance, elle bénéficie largement d'un rapport de force qui lui est particulièrement favorable. pas besoin pour l'heure d'oeuvrer dans le sens de son changement.