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Syrie : Paris ne s'oppose pas à la candidature d'Assad à la présidentielle

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des soldats français. ©AFP

La politique syrienne de l’Élysée s’est grippée tout comme le système politique et social dont il est représentant. Lors d’un point de presse tenu avec le ministre jordanien des A.E, Jean-Yves Le Drian a affirmé, dimanche 13 janvier, ne pas s’opposer à la candidature de Bachar al-Assad aux élections en Syrie, car il y a un, mais: « Assad n’a pas gagné la paix ».

En ce sens, Paris n’est donc pas opposé à la participation de Bachar al-Assad aux élections en Syrie à en croire le chef du Quai d’Orsay qui s’exprimait lors d’une conférence conjointe avec Aymen Safadi, son homologue jordanien. Malgré ceci, la France macroniste n’envisage pas de retrait de Syrie, puisqu’en Syrie, justement, « il y a deux guerres croisées. Il y a une guerre contre Daech qui n’est pas achevée, et ceux qui considèrent que Daech a été éradiqué se trompent » et puis « il y a une guerre civile interne, et parfois les deux guerres sont liées. Bachar al-Assad est en train de gagner, mais il n’a pas gagné la paix. Et pour qu’il gagne la paix, il faut qu’il y ait en Syrie un processus politique. Et la Russie dans ce domaine a un rôle important à jouer, puisque si Bachar al-Assad gagne en Syrie c’est grâce au soutien que lui a apporté la Russie. Il importe aussi que la solution soit politique et non pas militaire, parce qu’autrement il n’y aura pas la paix.  ».

Pour de nombreux analystes, ces menaces à peine voilées signifient une chose : la Macronie veut caser ses « éléments » au sein du futur gouvernement syrien sinon elle est décidée à faire durer la guerre par milices interposées jusqu’à ce qu’elle ait gain de cause. 

Mais ce projet totalement hasardeux risque de faire long feu : en l’absence d’une Amérique qui aurait fait aboutir le projet Syrie, la France devra compter sur ses « alliés locaux » les plus fiables à savoir les « syriens kurdes ». Or, la France tend à mettre trop facilement ces derniers dans le panier des collaborateurs avec l’ennemi de l’État syrien, ennemis qui ne l’ont jamais réellement été. Certes les Américains ont instrumentalisé les Kurdes, n’empêche qu’ils dialoguent avec Damas à l’heure qu’il est, pour faire le grand retour, déçus qu’ils sont par la traîtrise occidentale. Le sentiment d’une trahison occidentale va d’ailleurs au-delà de la Syrie pour toucher le Kurdistan irakien qui n’oublie pas comment il a été cocufié par les Occidentaux le 25 septembre 2017, date du référendum sur l’indépendance.

Et puis le rêve de refaire au cœur de la Syrie, « un Kurdistan à l’irakienne » est bien peu réaliste rien qu’à tenir compte de la réaction turque à un tel projet. La Turquie joue son propre jeu en Syrie depuis qu’elle a compris qu’après l’échec de ses tentatives conjointes de partition de la Syrie sur une base confessionnelle amenant les Frères Musulmans au pouvoir, la partition sur une base ethnique, et donc la question kurde initiée sous le mandat français et désormais adoptée par les États-Unis, risque de faire exploser son pays plus cruellement encore qu’elle n’exploserait la Syrie. La France fait donc fausse route si elle croit pouvoir trop longtemps tenir face à un État syrien qui a gagné l’une des guerres les plus complexes de l’histoire de l’humanité. 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV