Vendredi, le secrétaire d’État US a fait état d'un sommet anti-iranien qui se tiendrait courant février en Pologne, un peu à l'instar de la conférence des Amis de la Syrie que la France de Hollande accueillait en son temps. Que les États-Unis, en guerre ouverte contre l'Iran, prennent une telle initiative, cela se comprend mais que la Pologne dont le gouvernement se dit anti-système lui emboîte le pas, mettant en cause des liens d'amitié historique avec l'Iran, cela ne peut qu'indigner l'Iranien lambda. Après tout des cimetières des rescapés polonais de la seconde guerre mondiale à Ispahan (Iran) accueillent toujours la visite de leurs parents.
Le secrétaire d'état US a annoncé, lors d’une interview diffusée vendredi par Fox News et en marge de sa tournée au Moyen-Orient, la tenue en Pologne d’une "réunion ministérielle" sur l’Iran. À cette conférence qui se promet d'être une tribune où déverser haine et rage anti-iranienne, le PM israélien est aussi invité à titre d'invité de marque.
Pour le secrétaire général du Conseil suprême de la Sécurité nationale, le général Ali Chamkhani , ce genre de spectacle est un aveu d'impuissance :
« Que le secrétaire d'état US finisse par passer de l’idée des "sanctions maximales" propres à mettre au pas les Iraniens à celle d'organiser des sommets et des meetings publics contre l’Iran, cela ne pourrait signifier autre chose que de s'avouer vaincu dans le sens stricte du terme ».
En effet, cette annonce intervient alors que Mike Pompeo a affirmé jeudi en Égypte ne pas tolérer la présence "d'un seul militaire iranien" en Syrie. L'annonce qui selon les analystes visait à rassurer les alliés de Washington dans la région, "terrorisés" à l'idée d'un retrait américain, cadre mal avec les propos tenus par l'intéressé à Bagdad. Selon des sources bien informées, Mike Pompeo aurait demandé aux autorités irakiennes qu'ils agissent en faveur "d'un retrait sûr" des forces américains de Syrie.
Or l'annonce de la tenue d'une conférence anti-iranienne à Varsovie a été autrement commentée en Iran. La démarche polonaise vient de jeter de l'ombre sur le concept même de l'Europe anti-système qui se pose en une alternative à l'Europe libérale mais qui semble être autant que cette dernière "aveuglément atlaniste".
Le Chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a critiqué dans un tweet la Pologne pour son alignement sur les projets ant-iraniens des États-Unis. Le ministre pointe du doigt le gouvernement polonais en raison de sa carte blanche à la tenue d'une conférence anti-Iran, alors même qu'il n'existe aucune raison qui explique de près ou de loin cette "incompréhensible décision".
« La Pologne est censée être hôte de la réunion anti-iranienne en février, alors que l’Iran a sauvé la vie d’un grand nombre de Polonais, lors de la seconde guerre mondiale. Le gouvernement Varsovie ne saura jamais effacer cette tache noire qui ternit les relations irano-polonaises», a regretté Zarif.
Des images de rescapés polonais de la Seconde Guerre, lesquels ont trouvé l'abri sur le territoire iranien accompagnaient le tweet du ministre.
Vendredi 11 janvier, Mick Pompeo a déclaré que la rencontre sur l’Iran aurait lieu les 13 et 14 février en Pologne. « Elle se tiendra au niveau ministériel », ont précisé les États-Unis et la Pologne dans un communiqué commun. Cette réunion vise à s'assurer que l'Iran n'ait pas d'influence déstabilisatrice, dit le communiqué.