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Ce que la présidence Macron a fait de plus ou de moins

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le rassemblement des Gilets jaunes pour l'acte VII du mouvement anti-capitaliste aux Champs-Élysées, samedi 29 décembre 2018. ©AFP

Par sa méthode de gouvernance, le président Macron a réussi à faire perdre aux Français une illusion longtemps entretenue, celle qui consiste à se croire en une démocratie : les Gilets jaunes qui se disent la voix de la « France qui souffre », reprochent à leur régime politique ses fondamentaux : une presse à la solde, des syndicats aux ordres et des partis politiques trop déconnectés de la réalité. Cette désillusion va-t-elle de sitôt disparaître? Bien que les médias publics suggèrent la baisse de mobilisation des Gilets jaunes après l’acte VII, les analystes prédisent une pérennité à ce mouvement dans la mesure où il s’agit d’une forme de « résistance » qui s’est longtemps cherchée et qui a fini par se retrouver. 

Au terme de la mobilisation des Gilets jaunes pour l’acte VII, l’AFP a annoncé que le mouvement des citoyens allait perdre sa force, en même temps que la préfecture de police a prétendu que « seules 800 personnes [...] dans plusieurs cortèges erratiques » s’étaient retrouvées dans les rassemblements anti-capitalistes.

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Mais les commentateurs, eux, y voient surtout non pas les signes d’un essoufflement, mais un changement de tactique. Face à la répression policière, les Gilets jaunes se réorganisent. Cité par RT, un récent sondage de l’institut Elabe affirme que les Gilets jaunes sont compris et appréciés par 70 % des Français. D’où sans doute cette mutation de forme à laquelle est soumis le mouvement. 

Après leurs premiers rassemblements, à Paris, notamment dans certains quartiers mondialement connus, pour éviter la répétition de plusieurs scènes de violences réalisées par les forces de l’ordre, les défilés ont progressivement pris une forme symbolique. Pour l’acte VII du mouvement, les organisateurs ont orchestré des sit-in aux Champs-Élysées, mais aussi devant les locaux de plusieurs rédactions parisiennes. Contrastant avec les faibles chiffres annoncés pour la mobilisation parisienne de l’acte VII, certains rassemblements en province semblent en revanche avoir rencontré un franc succès, proportionnellement à la taille des villes où ils ont eu lieu. À l’image par exemple de Bordeaux où la vague jaune a réuni le 29 décembre plusieurs milliers de manifestants. Alors que certaines préfectures ont décrété des interdictions de défilés dans leurs départements, les Gilets jaunes dans différentes provinces ont eu une présence significative. Des vidéos et images diffusées sur les réseaux sociaux témoignent le soutien massif des Français aux défilés dans les rues de Marseille, Toulouse, Lille, Reims, Rouen, Nantes, Caen, Narbonne et Tarbes. « Au-delà du seul acte VII, la province a aussi et surtout été marquée, ces dernières semaines, par l’émergence inédite des “villages citoyens” aux abords de ronds-points ruraux où les Gilets jaunes se sont relayés jour et nuit pour organiser des actions locales, notamment pour sensibiliser la population sur la revendication phare du mouvement citoyen : le RIC (référendum d’initiative citoyenne) », conclut l’analyste de RT. 

Mais réussiront-ils à l’obtenir ce référendum ? Certains analystes estiment que ce n’est pas tant la nature des revendications que la nature du mouvement en soi qui devrait alerter l’État français. La méthode « Macron » qui a consisté depuis, mai 2017, à créer un « nouveau monde », selon les termes du journaliste, Denis Tillinac, « dérégulé, ubérisé, high-tech et hors-sol » ne plait guère. Ce modèle anglo-saxon que le président a tenté d’imposer à coup de réformes coercitives et souvent au grand dam des intérêts nationaux des Français horrifie une majorité de citoyens issus de la classe moyenne. 

En se livrant à des analyses de tout genre, les journalistes français des années 80 disaient que le régime du Chah s’était effondré par un peuple iranien qui ne se reconnaissait plus à travers les valeurs que les Pahlavi tentaient de faire véhiculer. Du coup, le « régime du Chah » a perdu la confiance de ses administrés. C’est visiblement le cas en France : les Français à qui on a vendu le mythe de la démocratie occidentale ont appris en l’espace de quelques mois que la presse, les syndicats et les partis politiques, tels que définis par les normes néolibérales, ne sont que des moyens pour contenir la foule et l’assommer. Et c’est cette perte de confiance dans les symboles de la démocratie que M. Macron aura réussi à faire le mieux au premier an de son mandat.   

 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV